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On y était : Komplikations vs Frustration à Liège

today19/05/2014 100 1

Arrière-plan
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On y était Komplikations VS Frustration à Liège, 24 janvier 2014, par Laurent Berthomieu

Le déclic se produit en mai 2013 pendant le festival punk Unpleasant Meeting à Paris. Alors que les guitares saturent toute la soirée dans la salle de concert de la Miroiterie, un trio monte sur scène avec des synthétiseurs. Le punk singulier des Komplikations suivi de la rencontre avec leur chanteur Alen nous sidèrent. Il faudra bien rendre à notre manière les coups encaissés ce soir. Nous quittons le squat avec une interview en tête. Le feu allumé par Komplikations se propage un mois plus tard à quelques pas de là. Dans une Maroquinerie occupée par le label français Born Bad Records, son groupe-phare Frustration nous met k.o.

À peine le temps de nous relever, David apprend que les deux formations se retrouvent sur une tournée en Belgique et en Allemagne. Il recrache sa pisse à 8€ et m’appelle : « Annule ce que t’avais pas prévu de faire, ça va être punk ! Et ramène Louis. » Putain, putain, c’est vachement bien, on va voir nos frères européens !

Les deux groupes sont aussi enthousiastes que nous lorsqu’on leur demande de se prêter à une interview croisée pendant la tournée. Alen s’excite : « Who the fuck are Frustration?! We are better than them! » Le face-à-face promet. Car si le grand frère français Frustration fait sa crise de post-punk depuis 2002 maintenant et que le petit frère belge-allemand Komplikations a poussé son premier cri synth-punk en 2011 à peine, l’amitié entre les « frustrés » et Alen remonte à dix ans. L’homme aux bretelles de punk est le premier à les avoir fait jouer en Allemagne.

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Un vendredi de janvier 2014, nous voilà donc partis en offensive armés de caméras. Première approche timide avec les membres de Frustration autour d’un repas près de leur résidence Mains d’Oeuvres à Saint-Ouen. Mark le batteur tient le magasin de disques Born Bad à Paris et nous approvisionne en vinyles. Même si on ne le connait pas personnellement, on est rassurés de voir ce visage connu : les « frustrés » ont la réputation d’être aussi pimentés que le couscous qu’on partage avec eux.

Sans trop savoir ce qui nous attend, on file ensuite leur camionnette dans laquelle l’un de nous s’est risqué. Nous faisons connaissance avec les bouchons de Liège et arrivons juste à temps à La Zone pour les balances. Si les Frustration trouvent logique de jouer en ouverture pour la release party de leurs amis, les Komplikations considèrent que le concert est complet grâce aux « frustrés ». On les laisse à leur bataille de bornés et on rejoint la loge où il est difficile de trouver un siège quand le chanteur du groupe hollandais Antidote en prend trois. On est agréablement surpris de tomber sur Manu, ancien bassiste de Frustration. C’est la première fois qu’il voit ses amis en concert depuis qu’il a quitté la formation fin 2013. Nous partageons bières, whisky et anecdotes sur son ancien groupe.

Les Komplikations ont eu gain de cause. Ils jouent les premiers et enflamment La Zone. Ils sont chez eux en Belgique. Tout comme Elzo Durt, sérigraphe auteur de nombreuses pochettes de disques des labels Teenage Menopause et Born Bad, qui enchaîne avec un dj set punk complètement fou. The Kids, Périphérique Est, Pierre &Bastien… Le public est déjà dingue avant même que les Frustration entament Worries. S’ils jouent pour la première fois à Liège, leur concert s’apparente à un jubilé. Merci, mais pas au revoir, La Zone fermera tard cette nuit. Au bar, on sert dans des verres bleus ou verts. Les verts pour le public, les bleus pour ceux qui sont avec les musiciens. On nous tend des verres bleus, on entre lentement dans la famille. La Zone a mis un dortoir à disposition des groupes et de leurs amis, certains ne le rejoindront pas de la nuit.

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Au petit matin, c’est le chaos. Nicus de Frustration troque sa guitare pour des baguettes de chef d’orchestre et réveille ses droogies avec l’ouverture de Guillaume Tell. On quitte la scène de violence pour aller saluer un couple d’amis à Cologne. Chez nos hôtes, on recharge les batteries des caméras et les nôtres à l’aide d’un « Frühstück », un vrai petit-déjeuner à l’allemande.

On retrouve les deux groupes au Blue Shell à Cologne où on est accueillis par une dame à la poigne d’Angela Merkel. La patronne nous explique : à partir de 23h, le club reprend ses droits. On l’écoute sans broncher, le regard plus vide qu’approbateur. Finalement l’interview croisée se fait une heure avant les concerts. Un baby-foot trône dans l’arrière-salle du Blue Shell, parfait pour la confrontation. Fabrice et Mark de Frustration se placent face à Ben et Alen de Komplikations. Les autres membres des deux équipes s’échauffent en backstage ou au bar, prêts à entrer en jeu. Mais ce soir, le baby-foot sert seulement de support pour les bières. Si l’altercation promise il y a encore quelques semaines n’aura pas lieu, ce n’est pas que nos joueurs sont fatigués du match du vendredi, mais c’est bien parce que Frustration et Komplikations jouent non seulement dans la même ligue, mais surtout dans la même équipe. Nos « uncivilized » se renvoient la balle dans le respect mutuel le plus total.

Quant à nous trois, on est totalement intégrés. On ne nous propose plus à boire, on nous sert directement. Et allègrement puisque demain tout s’arrête et que dès lundi chacun retournera au travail, en formation ou à sa vie de famille. Il y aura très peu d’images du concert à Cologne. Alors que les notes de la guitare de Nicus annoncent On the Rise, dans le public Alen nous tend la bouteille de whisky avant de rejoindre ses amis sur scène. On se regarde tous les trois, on ferme les caméras : notre travail est terminé.

L’interview croisée

Live



Cameras : Laurent Berthomieu, Louis Fabriès et David Fracheboud
Photos : Louis Fabriès
Montage : David Fracheboud

Écrit par: David

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Commentaires d’articles (1)

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  1. alban sur 22/05/2014

    Super les mecs!! Et puis on a bien rigolé!!! A la prochaine ! Alban

HZ since 2007

Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous  explorions  sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !

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