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today31/07/2024 153 22
Enthousiasmante, exigeante, actuelle. Ce sont les premiers termes qui nous viennent à la lecture de ce line-up d’exception que le festival malouin nous propose cet été. On a franchement l’impression de se répéter chaque année sur ce point, mais à l’heure où la consanguinité et la gémellité qualifient la plupart des propositions des autres raouts estivaux, la Route du Rock représente un sacré pansement gastrique pour qui veut s’encanailler les oreilles en festival sans risque de se choper une audio-gastroentérite aigüe.
Pourtant, cela n’est pas sans risque: à l’heure ou des mastodontes peinent à remplir leur jauge cet été en programmant pourtant le tout venant mainstream qui caracole en tête du Top Click, proposer au public une affiche aussi pointue relève toujours du pari économique. Mais on est ici sur une question de principes, et visiblement La Route Du Rock s’entêtera jusqu’au bout à satisfaire son public, fidèle, sans renoncer non plus à tenter de renouveler ce dernier avec sa recette de cocktail jeunes pousses excitantes / fines lames confirmées, capable de taper dans les esgourdes tant des vieux indie-popeux que des kids curieux.
Pour ce faire, donc, le festival fait appel à la crème des artisans du son du moment. En guise de mise en bouche, ça commencera fort à La Nouvelle Vague dès le mercredi, avec ML Buch, qui avec Suntub, second album assez miraculeux sorti fin 2023, aura réussi à colorer nos rêves les plus moites avec ses titres à la fois vaporeux et solaires, son chant de sirène venue du froid et ses guitares aussi savantes que précises. Ajoutez à cela les canadiens de GhostWoman, nouveaux tenants d’un rock psyché sombre mais jamais étouffant, avec un pouvoir entêtant assez dingue, et la petite sensation irlandaise Chalk, qui nous fait naviguer dans des eaux troubles à la confluence de l’indus et d’un synthétisme new ordesque, et vous obtiendrez trois belles raisons d’attaquer le festival plus tôt que prévu.
S’agissant des trois jours à suivre du côté du Fort Saint-Père, on va éviter de vous imposer un assommant name dropping. Mais tout de même… Le jeudi, comment louper nos chouchous de Slowdive, auteurs d’un « Everything Is Alive » parfait de bout en bout, et enfonçant le clou d’un « retour miraculeux » qui s’avère finalement être, avec un peu de recul, la simple suite d’une carrière discographique longtemps mise sur pause, mais sans inflection qualitative. On a hâte, et on invoque d’ores et déjà un magnifique soleil couchant pour l’occasion. On ne loupera pas non plus les Australiens d’ENOLA qui eux, pour le coup, risquent de déclencher une sacré tempête électrique dès la fin d’aprem: on espère simplement pour eux que le public sera déjà rentré de la plage, pour rendre justice à leurs tracks rageux, tout aussi cérébraux qu’hypnotiques et immédiats, toutes guitares dehors. On ira aussi traîner notre curiosité du côté du concert de Nation Of Language, qui ont su avec leur new wave assez classique mais bien sentie rallier à eux une vraie fanbase, à commencer par quelques médias prescripteurs. De notre côté, on reste un peu sur notre faim, sans pour autant crier au scandale. A voir donc, ce que tout ça peut donner sur scène, puisqu’on est après tout jamais à l’abri d’une bonne surprise. Les vétérans The Kills seront aussi de la partie, et fût une époque, on les a beaucoup aimés. On les croyait franchement perdus depuis leur Ash & Ice de 2016, et on ne réclamait pas franchement leur retour. Mais avec le petit dernier God Games, les saveurs du passé se ravivent, et oui, on ne boudera pas notre plaisir en revoyant le duo balancer ses saillies au plus près de l’os, en les espérant toujours aussi sexy sur les planches. Soulwax, qu’on ne présente plus non plus, s’occupera pour sa part de conclure l’affaire en beauté, en faisant transpirer les corps dans la nuit malouine, à coup de boutoirs électro organiques dont ils ont le secret. Grosse boum en vue. Le vendredi, évidemment, le patron c’est Daho. Son show est canon, sa classe intacte, rien à dire de plus sinon qu’on n’en manquera pas une miette. Autre groupe -très- attendu, bar italia, qui a tout simplement sorti en 2023 notre album de l’année avec Tracy Denim, collection d’instantanés absolus. Si The Twits, son successeur paru dans la foulée, nous aura moins marqué, il aura prouvé que le groupe signé chez Matador n’est pas qu’un feu de paille. Les chicagoans de Deeper vont eux aussi certainement bien nous ambiancer, avec un post punk qui sur careful!, aura su s’éloigner des stéréotypes du genre et gagner en fun, pas une mince affaire quand on se réclame de Television ou Gang Of Four et qu’on ne veut pas paraître trop boursouflé du bulbe. Le punk des sourdingues de METZ et la mélancolie savante de Blonde Redhead, chacun valeur sûre dans leur genre, viendront compléter un tableau déjà riche en sensations fortes. Et puis le samedi, pas de baisse de régime avec la venue de la locomotive Air, qui devrait assurer une belle affluence sur le fort, ma foi à juste titre: le show est visuellement très réussi sur cette tournée Moon Safari, et ça joue précis. On va pas bouder notre plaisir là -dessus, le duo devrait emballer l’affaire sans mal dans la nuit malouine, avec notamment une seconde partie de show en forme de best of qui va bien. Protomartyr devrait également valoir son pesant de cacahuètes: si au bout de 5 albums, leur post-punk politique pouvait finir par nous fatiguer un peu, la surprise est venue finalement du sixième Formal Growth In The Desert, qui fait s’ouvrir le son de la formation à des vents shoegaze et une lumière plutôt revigorants. C’est un poil moins dur et radical qu’auparavant, mais finalement pour le meilleur. Et puis on finira ce résumé des réjouissances en relevant la présence des magnifiques Beach Fossils, qui nous régalent depuis presque 15 ans avec leur pop riche, délicate, solaire: c’est comme si c’était hier, comme si Captured Tracks était encore au centre des débats, comme si l’on avait pas eu le temps d’attendre l’arrivée de Bunny, dernier chef d’oeuvre en date qui réussi à magnifier tout ce que l’on aime chez eux. Là encore, grand moment en perspective, parmi tant d’autres…
On se voit là -bas? En tous les cas, pour ceux qui n’auraient pas encore leur sésame, c’est sur la billetterie en ligne que ça se passe, et c’est juste ici. La programmation complète est visible sur cette page ou ci-dessous. Pour toutes les autres infos dont vous pourriez avoir besoin, rendez-vous sur le site du festival, juste là .
Écrit par: Claude Pimp
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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