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Carter Tutti Void – f(x)

today16/09/2015 83

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Il aura fallu quelques décennies pour se rendre à l’évidence… L’indus, celle proclamée par les pères fondateurs du genre n’est plus… Beaucoup sont morts, d’autres le sont plus ou moins mêmes s’ils bougent encore… Le genre ne semble plus inspirer bien grand monde et pourtant tant d’artistes se targuent d’être influencés par ce mouvement qui aura bousculé la fin des seventies avant de se faire écraser voire engloutir par le punk et la new wave… C’est pourtant avec une intégrité et une régularité qui poussent au respect que Chris Carter et Cosey Fanny Tutti, tous deux ex-Throbbing Gristle, nous livrent quelques œuvres majeures qui continuent d’alimenter le mythe. Leur récent Carter Tutti plays Chris & Cosey en est le parfait exemple. Et tandis que les anciennes légendes tendent à se tourner vers des registres plus lucratifs (EinstürzendeNeubauten, Cabaret Voltaire, William Bennett…) la relève gronde. Car la jeunesse n’a pas oublié les jeunes années où la musique était provocatrice et expérimentale, et rêve secrètement de collaborer avec ses idoles parfois oubliées. Cap passé pour la talentueuse Nik Colk Void leader des anciennement peu fréquentables Factory Floor avant leur passage pop chez DFA, mais aussi du feu groupe noise Kaito. On se souvient de son bref passage chez Perc pour un morceau techno froid et percutant. Ensemble ils montent Carter Tutti Void, cerbère tech-indus qui vrille les tympans sur l’inattendu Transverse paru il y a trois ans chez Mute. Bien qu’impeccable, l’album sonne comme une piste qui n’en fini plus de gonfler jusqu’à l’assaut final, jusqu’ici rien de neuf sous le soleil. Un disque qui fait son petit effet, mais rapidement oublié, ou presque…

Tout commence un soir de mai, la foule se rend en masse pour assister au concert come-back de Cabaret Voltaire – bon en fait Richard H. Kirk en solo, qui ne fait lui-même plus parti du groupe, marrant non ? – avec en première partie Carter Tutti Void.  Sauf que les héros ne sont pas ceux que l’on croit et l’on ressort abasourdis par ces nouvelles mélodies faisant gonfler les effluves de kérosènes dont mon nez sont déjà bien emplies. Mes tympans se vrillent et souffrent encore des assauts bruitistes qui me donneront des acouphènes toute la nuit tout en assaillant mon imaginaire de rêves étranges… Il m’aura fallu attendre jusqu’à ce jour de 11 septembre, date de sortie de f(x) pour comprendre que ce concert avait créé un sentiment de vide que je n’arrivais pas à combler, car mes amis et je vous passerais tous les superlatifs inutiles de fans transis, ce disque est peut-être la réponse pour tous ceux qui attendaient un vrai disque d’indus depuis maintenant presque vingt ans. Le concept est simple, une trame principale, que le trio s’amuse à déconstruire, remodeler, reconstruire, détruire, morceau après morceau, donnant à chaque fois une version différente et méconnaissable de la précédente, si bien que chaque track sonne tout-à-fait différemment de l’autre. Chaque chanson est un peu la même, et pourtant elle ne l’est pas. On se prend alors à chercher des énigmes, des solutions, mais le piège, c’est peut-être qu’il n’y en a pas.

Avec f(x), Nik Void marque un peu plus son identité, on retrouve des sonorités très marquées chez elles, et on sent que le couple Carter-Tutti lui a lâché un peu la bride et a appris à lui faire confiance. C’est une vrai collaboration à trois, où chacun semble avoir trouvé sa place. Les genres se mélangent, s’imbriquent, et ne forment qu’une pièce qui évolue au gré des morceaux ; du dub aqueux au harsh-noise viscéral, de l’electro-pop bruitiste à la tech-indus vindicative… Tout y est. Et malgré ce registre lexical pour le moins agressif l’ensemble reste néanmoins accessible. Sans déconner. f(x) pourrait autant s’écouter en toile de fond, qu’en club ou servir de soundtrack… Il pourrait aussi s’appeler « Guide à l’apprentissage de la musique industrielle pour la ménagère »… Vous pensez que je déconne ? Ma copine qui n’écoute que des trucs à la Cocorosie a adoré alors essayez sur votre grand-mère pour voir ! Je ne dis pas que l’album est tout lisse loin de là ! Mais il est clair qu’à travers leur musique, Carter Tutti Void a réussi à atteindre des sommets qu’aucun artiste n’avaient égalé depuis des lustres. Une baffe sonore qui s’écoute en boucle sans qu’on arrive à dire stop. Impossible de mettre une note… ou un barème… euh bac + 10 peut-être ?

Vidéo

Tracklist

Carter Tutti Void – f(x) (Industrial Records, 11 septembre 2015)

1. f=(2.4)
2. f=(2.5)
3. f=(2.2)
4. f=(2.3)
5. f=(2.6)
6. f=(2.7)

Écrit par: Akitrash

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