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On y était : Yo La Tengo au Bataclan le 18 mars 2013

today21/03/2013 57 1

Arrière-plan
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Ne les ayant pas revus – essentiellement par malchance – depuis une mémorable prestation à La Route du Rock en 2005, l’excitation à l’approche de retrouvailles déjà trop longtemps attendues était de toute façon de mise. Mais comme si cela ne suffisait pas, Yo La Tengo nous sortait de son chapeau le mois dernier un superbe nouvel album, Fade, et Morr Music en rajoutait même une couche ce mois-ci en rééditant les travaux de Dump, projet solo de James McNew (lire), nous rendant sérieusement addict au trio ces dernières semaines. Tous les voyants étant au vert, ce fut donc le cœur léger et d’un pas aérien qu’on alla rejoindre le groupe ce soir-là. Dans un Bataclan copieusement rempli à l’heure de l’apéro, le trio d’Hoboken s’apprêtait à nous livrer un concert en deux temps, s’occupant ainsi lui-même, tant qu’à faire, de l’épisode de la première partie : d’abord un set acoustique, dès 19h45, avant d’électrifier la salle une grosse heure plus tard à grand renfort d’amplis. Le petit choc visuel passé à l’arrivée du groupe – Georgia Hubley a quand même pris un petit coup de vieux, tandis que James McNew a visiblement raté son régime Ducan – on se laissera vite envelopper par la délicatesse déployée par le groupe, la formule acoustique magnifiant d’autant plus les atouts des nouveaux titres, tout en subtilité et humilité. Entamé avec l’entêtante Ohm, le show fera très largement la part belle à Fade, malgré une petite mais délicieuse incartade vers des sommets plus anciens, avec Did I Tell You – dont Ira Kaplan rappellera que le groupe la joua déjà lors de son premier concert parisien en 1990 – puis la planante Nowhere Near pour clore ce premier bal, tirée de l’inusable Painful de 1993, et qui sera mise à nouveau à l’honneur par le trio un peu plus tard dans la soirée. Car après tant de douceur et de volupté, il était temps pour Yo La Tengo de lâcher les chiens. Le groupe ne fera pas les choses à moitié sur ce point, le set électrique se révélant très vite assez bruitiste. Mais attention : lorsqu’on emploie ce terme avec Yo La Tengo, on est loin du qualificatif employé parfois pour décrire la musique de bourrins moyens. Ici, la violence est toujours au service d’une écriture et d’une créativité sans faille. Les ouragans sont maîtrisés et, si la toiture de la maison Yo La Tengo s’envole souvent, les fondations, elles, restent solides. Et si Ira Kaplan se laissera parfois un peu trop aller à des digressions progressives dispensables – on restera un peu circonspect à la vue de Kaplan se contorsionnant sur scène avec sa guitare, semblant parfois passer l’aspirateur avec elle, durant une nouvelle interprétation, interminable, de Ohm – on ne pourra résister à l’hypnotique et répétitive Flying Lesson ou à la violence sourde de From a Motel 6. Comme une réponse à l’expressif Kaplan, James McNew, d’une placidité inamovible, se mettra quant à lui tous les incurables romantiques de la salle dans la poche en interprétant, en début de set, la juvénile et flamboyante Stockholm Syndrome. À la fin de ce second set, Yo La Tengo n’aura donc laissé presque personne sur le bord de la route, ce que confirmera le public, soufflé et comblé, en réclamant un dernier rappel : une bonne occasion d’entendre notamment, sourire aux lèvres, leur irrésistible reprise du With a Girl Like You des Troggs. On repartira ainsi comme on était venu, le cœur léger et le pas altier, en imaginant déjà avec délectation notre prochain rencard, dont on sait déjà qu’il sera au moins aussi intense que le précédent. Parce que Yo La Tengo sait drôlement y faire.

 

Écrit par: S.L.H.

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Commentaires d’articles (1)

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  1. jean cool sur 10/04/2013

    super considérations sur le physique de nos apôtres, vraiment

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Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous  explorions  sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !

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