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Spécial Transmusicales : No Zu

today26/11/2016 85

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Les Rencontres Trans Musicales de Rennes fêteront leur 38ème édition du 30 Novembre au 4 décembre prochains. On vous en a parlé précisément ici, et parmi l’armée de groupes qui mettront la capitale bretonne à feu et à sang d’ici peu, nous en avons choisis trois qui pourraient bien marquer le festival de leur empreinte, et qui ont accepté non seulement de se prêter à l’exercice d e notre interview Out Of The Blue, mais aussi de nous gratifier de mixtapes exclusives, histoire de se mettre dans l’ambiance.

NO ZU, Vendredi 2 décembre Parc Expo Hall 9, 2h00

NO ZU c’est la révélation de Ocean’s Apart, la compilation de Dan Whitford (Cut Copy) sorti il y a déjà deux ans qui nous présentait le meilleur de la scène dance de Melbourne. Avec le titre Raw Vis Vision  NO ZU nous envoyait en pleine gueule leur musique singulière et bien dance floor, un genre de post punk plein de groove blindée de percus et autre sax. Décrivant eux-même leur style de « heat beat », les australiens ont déjà sorti une poignée d’EP, signée des collabs avec notamment Salvatore Principato (Liquid Liquid) et ont donnée naissance cette année à leur excellent deuxième album Afterlife. On a demandé à Nicolaas OOgjes, leader du groupe, de se soumettre à notre petite interview Out Of The Blue.

D’où viens-tu ?
Where do you come from?

Australie/Gondwana, ou plus particulièrement, le Heat Beat Hades (la chaleur infernale) qui opère en dessous. Je suppose que tu pourrais dire que nous avons été formé par la lave il y a des millions d’années. Nous sommes assez anciens et vraiment… chauds. 

Australia/Gondwanaland, or more specifically, the Heat Beat Hades that operates underneath it. I suppose you could say that we were formed by lava millions of years ago. We’re quite ancient and we’re definitely… hot.

Où vas-tu ?
Where are you headed?

Vers une éternité immuable. Avant cela, cependant, nous allons traverser les océans pour danser avec les excentriquessordides et les trublions de ce monde et poursuivre le mirage rythmique qui est NO ZU.

Into an eternity of forever-ness. Before that though, we are headed across the seas to dance with the sordid weirdos and larrikins of the world and to chase a rhythmic mirage that is NO ZU.

Pourquoi la musique ?
Why music?

Exactement. Je vais prendre ça comme une déclaration. Tout art est le même et c’est pourquoi il nous est tout aussi important d’exprimer ZU au travers de l’art et d’esthétiques visuelles. C’est du pareil au même. Nous le considérons comme un tout, un ‘ZU-nivers’ qui incorpore de nombreuses obsessions et une vision déformée. Il s’avère que nous sommes accros à la connexion physique avec les gens métaphysiquement dans un terre de limbes et un monde physique ténébreux. Je peux vous le dire sérieusement, j’en suis accro.

Exactly. I’ll take that as a statement. Any art is the same and that’s why expressing ZU through art and visual aesthetics is just as important to us. It’s all the same. We view it as a whole ‘ZU-niverse’ that incorporates many obsessions and a warped outlook. It turns out that we’re addicted to physically connecting with people metaphysically in a limbo land and wonky physical world. I can tell you earnestly, I am addicted to it.

Et si tu n’avais pas fait de la musique ?
And if music wasn’t your thing?

Espérons quelque chose qui aide le monde. Ma mère est directrice d’Animals Australia, la plus grande et meilleure organisation des droits des animaux ici – donc fondamentalement ça a déterminé que mon but dans la vie  ne serait juste le rêve australien avec un « bon boulot », une grande maison avec jardin et une belle voiture. Un jour j’espère faire quelque chose de vraiment valable comme ma mère. D’un point de vue créatif, si la musique n’était pas mon truc, j’aurais plus de temps pour faire de l’art visuel,mon premier vrai amour, autre que ma femme bien sur.

Hopefully, something that directly helps the world. My mother is the director of Animals Australia, the biggest and best animal rights organisation here – so that basically determined that my main aim would never be just for the Australian dream of a ‘good job’, big house with a big backyard, reality TV watching and a nice car. One day I hope to do something of real worth like her. Creatively, if music wasn’t my thing, I would have more time to do visual art which was my first real love, other than my wife of course.

Une épiphanie personnelle ?
An epiphany of yours?

Quand j’ai réalisé que la seule façon de faire de la musique était d’embrasser chaque impulsion idiosyncratique et bizarre que vous avez en vous et qui vous ressemble complètement. Ne jamais regarder dehors et essayer d’imiter – ou si tu le fais, crois en toi mange le, digère le et vomit le en quelque chose de nouveau. Laisse le éclater hors de ton corps comme cette espèce d’alien dans The Thing. N’intellectualise pas, ressens le.

When I realised the only way to make music was to embrace every idiosyncratic and weird impulse that you have that completely feels like yourself. Don’t ever look outside and try to emulate – or if you do, trust yourself to eat it up, digest it and vomit it back into something new. Let it burst out of your body like that alien species from The Thing. Don’t intellectualise and just feel.

Une révélation artistique ?
Your artistic breakthrough?

Comme ci-dessus AKA le commencement de NO ZU. D’un point de vu sonore, la rupture a été de trouver ma longue fascination pour les mutations de groove et de rythmes avec des hallucinations qui flottant librement par dessus. Aussi embrasser mes énormes limitations et restrictions pour mieux les sonder. Je ne suis pas vraiment musicien.

As above AKA the beginning of NO ZU. Sonically speaking, the break-through was finding my life long fascination with mutating groove and rhythm with completely free hallucinations floating over the top. Also embracing my huge limitations and restrictions and delving deep and swimming amongst them. I’m really no musician.

Le revers de la médaille ?
Any downside?

Écoute, je viens d’écrire quelques notes et j’ai ensuite décidé de les effacer. Nous sommes privilégiés de pouvoir faire ça. Je n’ai rien à redire. Je suis heureux que les ZU et moi avons cette qualité délirante en nous pour poursuivre nos rêves de Heat Beat malgré qu’il y ait des chemins de vie beaucoup plus surs que celui là.

Look, I just wrote down a few things and then decided to delete them. We’re privileged to be able to do this. I have no complaints. I’m happy that the ZU’s and I have this delusional quality within us to persue our dreams of Heat Beat despite there being many more safe lifestyle paths out there.

Y a t-il une vie après la mort artistique ?
Is there life after artistic death?

Je ne crois pas en la mort artistique. C’est peut être naïf, mais je pense qu’il y a plus de décès de carrières par des gens ambitieux peu sincères qu’il y a de mort artistique. Si j’arrête NO ZU un jour, je vais être certain de transférer cette énergie dans la construction d’un « environnement artistique » dans le bush fait de bubblegum, de couvercles de bières et de sculptures bizarres pour y vivre jusqu’à ma mort.

I don’t believe in an artistic death. That may be naïve, but I think that there’s more career deaths and fatigue by ambitious disingenuous people than there are artistic deaths. If I stop NO ZU one day, I’ll be sure to transfer that energy into building an ‘art environment’ in the bush made of bubblegum, beer lids and bizarro sculptures to live in until my death.

Un rituel de scène ?
Your pre-stage ritual?

Une vrai excitation se construit quand vous avez sept à (très occasionnellement) douze personnes toutes habillées comme dans un rêve humide d’une discothèque de l’époque de la OZ-ploitation avec espérons-le quelques mecs assez sauvage qui nous attendent. Nous nous assurons de boire plein de milk shakes protéinés, de bander nos muscles et d’appliquer de l’auto-bronzant.

A real excitement does build when you have seven to (very occasionally) twelve people all dressed like an OZ-ploitation dated-nightclub wet-dream with, hopefully, some wild people waiting for you. We ensure that we all drink planty of ‘protein shakes’, pump our biceps and apply fake tan to eachother.

Avec qui aimerais-tu travailler (musique et hors musique)?
Who would you work with (musically or not)?

En musique, on a eu la chance de travailler avec des gens de notre période préférée de l’histoire musicale comme Sal Principato de Liquid Liquid, A Certain ratio et Jonny Sender de Konk et en plus de jouer avec ESG et James Chance… c’est juste fou. J’imagine que ça me laisse les gens de l’art visuel… J’adorerais travailler avec un designer pour nous faire des tenues spécifiques Heat Beat qui nous aideraient à nous exprimer ainsi que le côté obscur et sordide de notre pays.

Musically, we’ve been so lucky to work with some people from our favourite period of musical history including Sal Principato of Liquid Liquid, A Certain Ratio and Jonny Sender from Konk and to play with ESG and James Chance on top of this… it’s just crazy. I guess that leaves visual people… I would love to work with a designer that could make us Heat Beat specific outfits that help us express our’s and our country’s dark underbelly.

Quel serait le climax de votre carrière ?
What would be the climax of your career?

Je ne pense pas aux choses de cette façon. Il n’y a pas de festival ou de lieux où je rêve de jouer et qui serait le summum de toutes choses. Il n’y a pas d’objectif final. A bien des égards nous avons apprécié des expériences bien au delà de nos attentes. Je veux juste me sentir artistiquement accompli et sentir que chaque spectacle et chaque enregistrement est meilleur que le dernier et que ça nous envoie encore plus loin vers des territoires inattendus. Je rêve d’être capable de pouvoir faire ça pour encore très longtemps. Comme je l’ai dis plus tôt, je suis complètement accro au NO ZU.

I don’t think of things in this way. There’s no festival or place I dream of playing as the pinnacle of all things. There’s no end goal. In many ways we have enjoyed experiences far, far beyond my expectations. I just want to feel artistically fulfilled and feel that each show and record is better than the last and mutates us further into more unexpected territories.  I dream of being able to do this for a long to time to come. As I said earlier… I’m thoroughly addicted to NO ZU.

Retour à l’enfance – quel conseil te donnerais-tu ?
Back to your childhood – what piece of advice would you give your young self?

Hey champion, ne t’en fait pas autant. Cesse de t’inquiéter de ce que les autres pensent. Passe plus de temps à avancer avec ce que tu as dans les tripes plutôt que de douter de tes intérêts et de tes pulsions créatrices.

Hey champ, don’t sweat it so much. Hey muscles, stop worrying about what other people think. Hey cobba, spend more time going with your gut feeling than doubting your interests and creative impulses.

Comment te vois-tu dans trente ans ?
How do you see yourself thirty years from now?

Espérons comme un homme âgé conscient, construisant un environnement artistique AKA un danger d’incendie pour les habitants et toujours passionné par la vie. Espérons-le en étant utile et aidant pour les autres, essayant d’être une influence positive pour le monde.

Hopefully as a mindful older man, building his art environment AKA a fire hazard to the locals, and still being passionate about life. Hopefully trying earnestly to be helpful to others if not trying to be a positive influence on the world.

Comment vois-tu ta musique évoluer ?
How do you see your music evolve?

Je pense que NO ZU a toujours eu pour trajectoire de devenir de plus en plus audacieux. Dès notre première sortie et dès nos premiers shows, le modèle semble être de continuer à réagir à la musique austère présente autour de nous et de nous pousser nous-même vers des territoires inexploités. Explorer nos obsessions les plus obscures et sordides au sein de rythmes qui ne feront que s’élargir  et continuer à culminer comme une drogue. En même temps nous avons ce besoin insatiable, cette dépendance, de briser la barrière entre l’artiste et le public qui nous maintient en forme… donc attendez vous à ce que les lives deviennent de plus en plus sauvage. Ceci étant dit, je pense que vous serez témoin plus d’une dé-évolution.

I think NO ZU has always been on a trajectory to get bolder and bolder. From the first recorded output and shows to this day the pattern seems to be to continue being reactionary to stale and safe music around us and to push our weird selves into uncharted territory. Exploring our darkest and most sordid obsessions within the rhythms will only heighten and continue to peak like a drug. At the same time, we have that unsatiable need (addiction) to breaking down the performer/audience barrier that keeps us healthy and in-check… so expect the parties to just get wilder. All that said, I think what you’ll witness will be more of a de-evolution.

Un plaisir coupable ou un trésor caché ? (musique ou hors musique)
Your guilty pleasure or hidden treasure (musically or not)?

Regarder des émissions de faits divers ou des documentaires déprimants. C’est si addictif pour moi. Maintenant je ne pense pas être une personne malade ou que j’héberge des pensées sombres, mais j’ai une obsession pour la mort (nos albums s’appellent Life et Afterlife). Dernièrement j’ai beaucoup écouté The Cramps et leurs inspirations, et les nombreuses références des thèmes d’horreur absurde m’ont mené à regarder beaucoup de films d’horreur. Est ce que l’horreur et l’absurdité de voir Trump élu a quelque chose à voir avec ça ? Il y a beaucoup de politiques obscures, anciennes et nouvelles, depuis la colonisation qui me compose aussi peut-être ? Heureusement, je peux canaliser tout cela dans le free-for-all de NO ZU et les rennais pourront se joindre à nous dans une fête impie où nous pourrons nous exorciser avec la sueur et l’amour.

Watching true crime shows or depressing documentaries. Mate, it’s so addictive for me. Now, I really don’t think I’m a sick person or that I harbour any dark thoughts for my fellow humans, but I do have an obsession with death (yep… records called Life and Afterlife may have given that away). Lately, I’ve been listening to a lot of The Cramps and their inspirations, and the absurdist horror themes within has lead me to watching a lot of horror movies. Has the horror and absurdity of Trump being elected got anything to do with this? There’s plenty of dark politics new and old, since colonialisation that compounds it for me too maybe? Lucky I can channel it all into the free-for-all of NO ZU and the people of Rennes can join us in an unholy party where we can exorcise ourselves with sweat and love.

Photo : Nadeemy Betros

Mixtape exclusive

Écrit par: Helene Peruzzaro

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