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Mo’Fo’ 2010 : la rétrospective

today17/02/2010 77

Arrière-plan
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p122_01_insituphotos Mains d'Oeuvres / (c) vinciane verguethen.

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Oyez oyez, braves gens, vos hartziners, Virginie, Akitrash et Thibault sont dans les starting-blocks en ce vendredi soir très particulier puisque débute la très attendue neuvième édition du Mo’Fo à Mains d’Œuvres. Et c’est une équipe ultra chaleureuse et particulièrement attentive qui nous a accueillis à bras ouverts. Question savoir-vivre et bonnes manières, les tenanciers n’ont de leçons à recevoir de personne, et cette ambiance limite tapis rouge nous mit tout de suite complètement à l’aise… peut-être trop avec le recul.

Pour ceux qui n’auraient jamais mis les pieds à Mains d’œuvres, sachez que ce lieu, en plus de supporter de nombreux évènements comme le Mo’Fo, est également un espace d’échange et de création, qui sert parfois de studio et de résidence à certains artistes tout en proposant des actions culturelles diverses et variées, toujours pertinentes. Le lieu, sur plusieurs étages est un dédale très eigties comportant au rez-de-chaussée un bar et deux salles de concerts (rebaptisées Mo’ et Fo’), au premier un vaste hall aéré où se tient durant deux jours le Mo’Forum, le salon de la création indépendante, et enfin, au second, une salle de conférence / cinéma d’un orange à faire pâlir les murs de nos grands-mères. Les séances photos et autres interviews y ont lieu. C’est la petite minute publicitaire, mais cela mérite d’être dit tant cet autre berceau de la création est trop souvent relégué au second plan du fait notamment de son implantation géographique (Saint-Ouen, 93).

Bref, tout excités de sillonner cette nouvelle mouture festivalière, nous faisons un rapide tour d’horizon et squattons sans gêne les stands du Mo’Forum qui se tient officiellement le samedi et le dimanche. Au programme, Les Boutiques Sonores, éternel partenaire du festival, proposent un choix de disques pour le moins éclectique, tout en chapeautant les showcases qui dégourdissent les oreilles des badauds curieux mais sans le sou (Thomas Mery, Fairguson, the Konki Duet, Suzanne the Man). Nous trouvons à quelques pas de là, les éditions No’Wave qui proposent leur sélection habituelle de courts métrages bien barrés et d’objets télévisuels contre-culturels. Libé, se positionnant en qualité de France qui résiste, est forcement présent, non loin des petites minettes d’Ohlàlà, venues en quête de promotion et de partenariats pour la seconde édition de leur festival qui a lieu à Berlin. Les jours suivant donc, le Mo’Forum s’étoffe et l’on a toute l’après-midi pour fouiner parmi les stands des Editions de la Femme à Barbe, de la Famille Digitale, de l’excellent label Born Bad Records et d’un sympathique vendeur de disque en ligne (handsandarms). Le webzine sourdoreille.net rend bien compte de la tranquille effervescence baignant le Mo’Forum avec une courte vidéo à visionner ici.

Mais l’heure n’est plus à la promenade, Wendy Code entre en scène. Et quelle surprise ! Premier groupe et premier effet kiss cool. S’ils sont inconnus au bataillon, ils ne risquent pas de le rester très longtemps. Le Glam-rock electro a ses limites, ayant la fâcheuse tendance à devenir saoulant passé deux morceaux. Mais ô miracle, le duo mixte surprend par sa maturité de jeu que l’on classera immédiatement entre Rinôçérôse et Ladytron. Pas mal pour ces jeunes artistes, coupables de deux albums sur Silverstation Records, malheureusement passés inaperçus. Fluorescent et acidulé, on se laisse convaincre qu’un plaisir coupable est un plaisir quand même.
On applaudit, on sourit et on se félicite de cette découverte dont on attend impatiemment d’en entendre plus. Le couple termine à peine son set qu’il est chassé par les bruyants Railcars, annoncés comme savante décoction de shoegaze, de punk et d’électronica. Rien de moins. D’entrée de jeu, c’est déplaisant, brouillon et sans consistance. Un larsen insupportable, manquant de crever les tympans d’Aki, nous oblige à quitter la salle furibards. N’est pas Kevin Shields qui veut. Encore heureux qu’Aki ne soit pas monté sur scène pour leur péter la gueule. C’est qu’il est impulsif !

Irrité, échaudé et à moitié sourd par les acouphènes qui secouent encore son oreille, le show de Gablé réconcilie joliment Aki avec l’ambiance insensée de ce vendredi soir pas comme les autres. Thibault, complètement addict du trio caennais, nous entraine dans la spirale bricolo de ces hurluberlus et de leurs chansons courtes et balancées à la volée. Bien lui en prend, puisqu’aucun de nous ne se remet totalement de ce concert enchanteur où les trois Gablé passent, d’une mesure sur l’autre, du lyrisme volatile des islandais de Múm à la rythmique assassine d’Amon Tobin, dans une ambiance proche du happening. Inutile de répertorier la liste des instruments de ces inconditionnels de Pavement et Daniel Johnston, tant l’éventail est large, allant des plus classiques guitares folk, caisses claires et flûtes aux plus incongrus des bidons de lait, cagettes de supérette et autres samples rigolo-malin (momomotus) ! Où comment atteindre le summum du nawak avec un maximum de talent. Virginie et Thibault, ayant flairé l’évidence, ont auparavant retrouvé Matthieu, Thomas et Gaëlle pour une interview décontractée à l’image d’un groupe aussi souriant qu’accessible. Le Thibault Mezrahi de la rédaction profite de l’occasion pour tenter de comprendre le pourquoi du comment de cette musique thérapeutique pour narcoleptiques. Il est question de caisse à outils, d’instantanéité punk et de cruauté infantile. A découvrir un peu plus bas, sans plus tarder. Pour un aperçu officiel du live en vidéo c’est ici, et encore ici.

Si beaucoup ont boudé la présence de Kramer, estimé producteur à la liste de participation longue comme les deux bras d’Aki, l’étrange ciné-concert donné par celui-ci aurait nécessité la mise à disposition de transats pour savourer pleinement ce spectacle expérimental et planant. Plongé dans l’obscurité la plus totale, des images se bousculent sur l’écran, tandis que le musicien s’accorde à en réaliser la post-synchro grâce à sa guitare et à une multitude de pédales d’effets. Cette panoplie de mélopées environnementales séduit et rappelle à Aki la grande période de Holger Czukey. Ni plus, ni moins. Dommage que les spectateurs (et Thibault) n’aient pas suivi la performance, préférant à coup sûr éponger la soif, l’ombre du génie des premiers White Zombie et Galaxie 500 n’ayant jamais été aussi vaporeuse et hypnotique.
Vient ensuite Aidan Moffat… Oui, l’ancien chanteur d’Arab Strap. Et si Aki ne voit que quelques minutes du concert, Virginie et Thibault soutiennent toujours les fondations d’un bar qui n’en demandait pas tant. Il est préférable de garder sous silence notre avis pour ne pas décevoir les fans et passer directement à Sole and his Skyrider. Là encore, sujet délicat, puisque Aki, encore lui, est le seul chroniqueur de la rédaction à connaitre le musicien tout en appréciant son style hip-hop. Avouez que recevoir l’un des boss du label d’Anticon, c’est autre chose que de se taper les pitreries fantasques de Timbaland ! Dès les premières secondes, Sole délimite parfaitement son territoire : le Mc / Producteur à tête de viking pose un flow martial, ses lyrics tranchants comme du verre pilé quand les guitares s’écorchent dans la réverbe et que la batterie mitraille. Au jeu du sampling, Sole n’est pas non plus le dernier, et pose des instrumentations fragiles et inquiétantes qui contrastent à merveille avec la vibration assassine de ses cordes vocales.

Un peu plus tard, nous quittons Mains d’œuvres, non sans relents de bruits et de fureur.
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Interrogez n’importe quel chroniqueur de Hartzine et il vous répondra la même chose : la première soirée de cette neuvième édition du Mo’Fo fut tuante. Vous ne trouverez ici aucun colportage malvenu et infondé sur la faculté de certains d’entre nous à cotiser en monnaie d’ivrogne aux recettes du festival, Hartzine est une maison sérieuse. Et puis même si… Bukowski, Corso ou Kerouac ne buvaient-ils que du Coca ?

C’est dans un état second qu’Aki, le seul d’entre nous encore valide ce jour-là, passe les portes de Mains d’Œuvres pour cette seconde journée de festivités. Malgré une anesthésie subie le matin même, Aki déambule dans un état fantomatique, n’écoutant que son courage, tel un Hunter Thompson perfusé au Coca, afin de retranscrire fidèlement les prestations d’un samedi soir placé sous le signe de la Folk.

Si Aki peut avouer une chose, c’est de n’être pas très fan de musiques trop facilement accessibles. Il n’est pas le plus trash d’entre nous pour rien. Pourtant, effet de l’anesthésie ou pas, il est immédiatement subjugué par l’univers cinématographique de The Sugarplum Fairy pr, jeune quatuor de Tours. Que ce soient leurs visuels, des séquences de toutes sortes étant projetées sur des ballons, ou leurs mélodies, qui déploient la bande-son d’un film imaginaire, tout semble constituer une forme d’hommage au septième art. Une intense tristesse s’insinue à travers les notes de piano d’Aurelien Jouannet, mimant parfois Radiohead jusqu’à la photocopie tout en s’inventant une galaxie propre par sa voix harmonieuse au possible. Si la frontière est mince entre ces plaintes fragiles et des tubes pour charts à la Coldplay, ce premier concert est réussi, l’ensemble s’écoutant sans aucun déplaisir.

Quelques minutes plus tard, Aki enchaine avec Le Prince Miiaou qui n’a pas usurpé son nom. Sur le papier Maud-Elisa Mandeau, joue seule, se revendiquant proche de Xiu Xiu et Mogwai. Mouais, il y a comme un hic là... Sur scène la jeune femme au physique d’adolescente et aux cheveux javélisés, minaude et papillonne, oscillant entre la Jennifer Ayache de Superbus (sic) et une Courtney Love sous tranxen. Bien que jolie, son maniérisme post-pubère irrite : « Cette chanson s’appelle oraison funèbre d’une libellule… Je l’ai écrite un soir de pluie parce que j’étais triste… Mais maintenant, je vais mieux ». Une certaine énergie et un savoir-faire indéniable se dégagent pourtant d’un Prince Miiaou qui a une patte dans la folk et l’autre dans un rock alternatif des familles. Les ballades sont tout sauf ennuyeuses et ont cette qualité rare, dans cette édition du Mo’Fo, de proposer un chant partagé entre l’anglais et la langue de Molière. Le Prince, déjanté et foutraque, abandonne Aki sur un sentiment mitigé, entre art de la retenue convaincant et dramatisation exaspérante.

H-Burns ne dissipe pas cette impression. Si Renaud Brustlein, texan d’origine… Comment ça il est Valentois ? Bon, si ce zicos trouve parfaitement sa place dans la brume électrique du blues, ses chansons ne correspondent pas forcement aux attentes du public… et d’Aki. Mauvais moment, mauvais endroit ? Possible. Car il n’y a pas grand-chose à jeter dans ses comptines sudistes. Comme dirait la grand-mère de notre rédacteur, la mayonnaise ne prend pas. Avec le recul, celui-ci regrette : pourquoi n’a t-il pas laissé une seconde chance à cet artiste lorgnant du côté de Gravenhurst, égrainant un songwriting sans faute doublé d’un jeu de gratte imparable ?

A peine le temps de laisser Aki peinard se délecter des bulles de son Coca, que c’est l’heure pour Phoebe Killdeer de faire son entrée… dans le noir ! Là, deux options : vous faire croire que notre incollable confrère connait l’œuvre du combo par cœur, les lyrics sur les bouts des doigts, pouvant même vous les chanter à l’envers… Ou, plus crédible, qu’il ne connait que pouic des Australiens. Pas même un furetage sur la toile… C’est mal, mais la demoiselle Killdeer est là pour clarifier la situation. Étrange clone rajeuni de Nina Hagen dont elle n’a de cesse de chiper l’accent, la freak prend son pied à en foutre plein la vue. Si le groupe fout le bordel sur scène, Aki reste lui obnubilé par le guitariste blanc-bec à la coupe afro. On a du lui enfoncer une pile Energizer dans l’arrière-train à la naissance pour qu’il ne cesse de s’agiter ainsi dans tous les sens… La démone chaparde la pinte d’une pauvre spectatrice, ayant elle-même renversé son verre d’eau. Humour, bien sûr, la jeune fille lui offre de bon cœur… Quoique… La musique du groupe se démarque totalement de tout ce qui a été entendu précédemment. Rockabilly sous les cocotiers, heavy à tendance vahiné, c’est gonflé mais ça cadence sévère. Pas une seconde de répit pour l’auditeur qui se voit embringué dans un maelstrom de courants contradictoires mais foutrement bien exécutés. Pas totalement conquis, mais dépaysé, Aki s’offre un peu de répit. C’est déjà ça.

Le clou de la soirée est le jeune et toujours confidentiel groupe, Coming Soon. Et s’il y a un adage qui révèle que le talent n’attend pas le nombre des années, les pépites musicales de Howard Hugues, Billy Jet Pilot, Leo Bear Creek, Ben Lupus, Alex Banjo et Mary Salomé le personnifie à merveille ! Ouf !

Si l’imagerie de la pochette de New Grinds et son achalandage sur les têtes de gondoles laissaient penser à une énième sortie electro-rock sans intérêt, son convaincant mélange d’Herman Düne et du Velvet, agrémenté d’une touche de naïveté bienvenue, réussissait à sortir le groupe de l’ornière. Suite à un second album, Hartzine se devait de s’assurer de la capacité scénique du sextet que les aficionados ne cessent de décrire comme infatigable… contrairement à un Aki en fin de vie. Celui-ci relève à nouveau le défi. Dire qu’il n’en est pas déçu est un doux euphémisme. Les louveteaux peuvent se vanter de leur incroyable prestance et bien qu’exagérant parfois la transe incendiaire, ils prennent tous les risques pour charmer le spectateur ébahi. Accapella, Voodoo-Folk, Happening… Les six musiciens jouent aux chaises musicales, s’interchangent, prennent tour-à-tour le micro et garantissent un spectacle de haute volée qui laisse sur les rotules notre confrère littéralement décharné. Le géant Howard Hugues en bon maitre d’orchestre (même s’il le nie) mène sa troupe dans ses derniers retranchements, et le groupe assène une vingtaine de morceaux qui sentent bon le Bayou. Aki les a rencontrés quelques heures plus tôt histoire de faire un bilan sur ce début de carrière fulgurant (voir plus bas).

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En ce dernier jour de festivités, la petite troupe est au complet et ce dès le début de l’après midi. Un final tout en promesse proposant des inconnus parfaitement inconnus, un groupe sorti d’un film iranien, des artistes confirmés ainsi que d’autres reformés. Vivotant entre stands et interviews, interviews et stands, nous nous dégourdissons les jambes en vidant quelques godets réglementaires. Peu après, nous reprenons les choses là où nous les avons laissées : la scène. Aki semble avoir rencontré sur la route un rouleau compresseur quand Virginie et Thibault sont frais et pimpants. Enfoirés ! glisse Aki dans sa barbe.

L’après-midi se consume lentement sur le bout de nos cigarettes quand Biggles Flys Again s’invite à nos oreilles. Conor Deasy, accompagné de sa seule guitare, salue timidement la foule, baragouinant quelques mots pour expliquer sa présence. Une histoire de coup de cœur, celui du programmateur du Mo’Fo, Nicolas Cunier, par ailleurs membre du groupe Go Go Charlton, qui au hasard d’un concert s’entiche du jeune homme et de sa voix. Celle-ci, d’une chaleur confondante, remémore la jeunesse d’un Dylan renfrogné, l’Irlandais s’appliquant avec grâce à nous faire oublier où nous sommes. De sa guitare s’échappe une dentelle d’arpèges discrets et volubiles contredisant en tout point les quelques vidéos maladroites glanées sur la toile. Un set court à la beauté fragile, extirpant ici et là quelques larmes parmi le public. Une captation du concert existe, suffit de cliquer .

La mélancolie du dimanche soir n’est pas près de nous quitter. Liz Green débute son set seule, guitare en bandoulière face au public puis au piano de dos. La fluette chanteuse rousse au timbre de velours est dès le second morceau rejointe par son groupe inédit, deux géants barbus se partageant saxophone et contrebasse. Les compositions tantôt enjouées, tantôt désespérées épousent un classicisme non dénué d’intérêt expliquant aussi bien l’affluence que le choix de Benoît de Villeneuve d’inviter la jeune femme sur son album à paraître le 22 février, Dry Marks of Memory. Par moment surréaliste et grotesque, chantant parfois avec de drôles de masques, Liz Green évoque, par sa voix et son folk bluesy, une Karen Dalton délurée en moins camée. Nous nous extirpons néanmoins du tohu-bohu d’une salle pleine comme un œuf puisqu’il se murmure que les Konki Duet entament leur mini show au Mo’Forum. Peine perdue, on arrive trop tard ou trop tôt si bien qu’un coup d’œil à la montre plus tard, il est temps d’assister à la prestation de Shugo Tokumaru. Présenté comme la septième merveille de la pop expérimentale, métissant les Beatles au son du soleil levant, le petit bonhomme s’affaire sur sa chaise, pieds nus, parcourant son manche de guitare avec une dextérité qui n’a d’égale que sa virtuosité. Sa voix en revanche n’électrise que peu notre attention flagada et c’est dans un calme ennui que nous décidons de nous rendre dans la salle mitoyenne, histoire de voir dans de bonnes conditions the Patriotic Sunday.

En vacances de Papier Tigre, Eric Pasquereau, chanteur guitariste de The Patriotic Sunday vient présenter Characters, successeur de Lay Your Soul Bare paru il y a 4 ans. Sans mauvais esprit, pour le caractère, on cherche encore. L’espace de deux morceaux – car aucun de nous n’en supportera plus – on se croit à la fête de la musique, en pleine erreur de casting. Chanter avec un polo de rugby, c’est une chose, arranger la foule avec un t-shirt floqué du S de Superman confine à la provoc’. Et que dire des morceaux pastiches – si brillamment exécutés – ne nous évoquant rien d’autre qu’une resucée pour le moins édulcorée de ce que fait si bien le jeune homme au sein de Papier Tigre. Enfin, on l’espère, car là, sous nos yeux ça tombe à plat…

Histoire de colmater ce léger trou d’air dans la programmation, on se place cahin-caha dans une foule déjà nombreuse venue acclamer (le mot n’est pas trop fort) Take it Easy Hospital, qui n’est autre que le groupe jouant son propre rôle dans les Chats Persans, véritable carte postale musicale envoyée d’Iran par le réalisateur Bahman Ghobadi. Virginie les a rencontrés peu avant lors d’une interview où la jeunesse des deux protagonistes (vingt berges) contraste avec leur professionnalisme. Leur musique est d’ailleurs aussi bien rodée que leurs réponses et ce même s’ils se présentent à notre curiosité en formation réduite. C’est l’ampleur du succès rencontré en France qui les a convaincus de l’intérêt de venir étoiler le Mo’Fo’ en quittant brièvement leur studio d’enregistrement londonien où le groupe accouche d’un second album (Dark Pop). Negar Shaghaghi et Ashkan Koshanejadn régalent de leurs comptines folk un public rajeuni, ne se privant pas de jouer par deux fois human jungle, titre phare de leur répertoire et visible par . La fan attitude a pour nous ses limites, la pause clope se fait urgente.

On s’installe pour French Cowboy et ce sans aucune attente particulière. Non que le groupe soit a priori mauvais, quatre ex-Little Rabbits tout de même. Mais bon, voilà c’est comme ça. Stupeur quand même, on nous a pourtant assuré que Sim était mort… Ah non, il s’agit de Federico Pellegrini, chanteur cowboy dégarni. On laisse Thibault rigoler de sa blague et on laisse dérouler le rock à papa des quatre Nantais. Les convaincus de la première heure chantent et dansent, l’ambiance est sympathique. Sympathique justement : cette soirée manque cruellement de folie !

A priori, on se dit que celle-ci risque d’être inoculée dans nos petites mirettes par les si attendus (au tournant) Television Personalities. Virginie et Aki ont testé dans l’après-midi la truculence désordonnée et hallucinée du fantasque Dan Treacy, auteur-compositeur du groupe formé en 1978 sur les braises encore fumante d’un punk dont ils fustigèrent l’échec dans Part Time Punks. Un entretien chaotique retranscrit en intégralité un peu plus loin. Bénéficiant d’une célébrité de cénacle, les TVP magnétisent un public à son image, disons… mal dégrossi. Capable d’imparables mélodies, ils sont tout aussi coupables de massacrer celles-ci dans la cacophonie de leurs arrangements. Le début de concert est tonitruant, taillé dans les quelques succès d’estime du groupe. Mais deux, trois pintes vidées plus tard par un Treacy de plus en plus braillard, on a la désagréable impression d’assister depuis vingt minutes à la même chanson. Deux d’entre nous font alors défection, laissant Aki apprécier seul ce final aux relents douteux de pub anglais. Enfoirés ! glisse Aki dans sa barbe.

C’est donc en ordre dispersé que nous quittons Mains d’Oeuvre. C’est aussi dans la division que s’expriment nos avis. Un point commun cependant dans l’analyse : si l’organisation est parfaitement rodée et avenante, la programmation reste quelque peu en deçà de nos espérances. On aurait aimé y souscrire à 100%. Mais dire ça, c’est déjà prendre rendez-vous pour la prochaine édition…
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Virginie, Akitrash et Thibault.

Gablé l’interview

par Virginie et Thibault


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Coming Soon l’interview

par Aki
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photos Mains d'Oeuvres / (c) vinciane verguethen.

Comment se sont rencontrés les membres de Coming Soon ?
Billy (Basse/Chant): On a commencé au Lycée avec Ben et Howard, ensuite mon frère nous a rejoints, puis Alex… Ça s’est fait progressivement durant six ans en fait. Au début c’était un petit groupe de lycée…
Ben (Guitare/Chant): … qui s’est agrandi par l’envie des membres de nos familles, de nos amis de nous rejoindre… On habite une petite ville donc c’est très facile de faire des rencontres.

Il y a eu un engouement pour votre groupe, un très fort buzz, et cela même avant la sortie de New Grinds, comment l’expliquez-vous ?
Howard (Chant): Je pense qu’on est tombé au bon moment où le public se sentait attiré par la scène indé Folk, c’était également le retour de la chanson en anglais… Tout en se posant la question si c’était un bon choix d’opter pour l’anglais, nos goûts musicaux allaient plutôt vers des groupes anglophones et qui faisaient ce genre de musique donc naturellement on a été classifié ainsi. Ça a beaucoup aidé au lancement de l’album et puis il y aussi la bande originale du film Juno sur laquelle une chanson de Leo a été retenue. Donc pas mal de facteurs rentrent en compte… En parallèle ça faisait déjà quelques années que nous rencontrions des musiciens, que nous participions à des festivals, que nous contribuions à des collaborations… C’est la rencontre de multiples hasards.

Justement comme beaucoup de nouveaux groupes francophones, vous boudez la langue de Molière. Choix persos ou raisons d’exportation ?
Howard : Je pense que tous dans le groupe, on a eu envie de se lancer dans la musique grâce à des artistes anglophones, et ce malgré nos goûts parfois très différents. Mais le lien fondamental reste la langue anglaise et à ce titre nous avons tous été très étonnés et influencés par Herman Düne qui joue de cette manière depuis plus de dix ans, sans complexe aucun. Ça s’est donc fait de manière très naturelle…
Ben : C’était aussi une nouvelle découverte de la langue qui allait de pair avec celle de l’écriture.
Billy : Par contre, cela fait presque un an que nous calons nos systèmes sons sur ceux d’Alain Bashung (?), ça reste quand même un lien avec la chanson française…

Deux albums en deux ans, vous êtes diablement prolifiques. N’aviez-vous pas été au fond de vos envies sur New Grinds ou doit-on s’attendre à une nouvelle cuvée d’ici fin 2010 ?
Billy : En fait c’est même plus que ça, il y a eu deux sorties, mais en réalité il y eu six albums réalisés par le groupe ou autres projets parallèles. On a toujours été productifs, c’est simplement que notre label ne peut pas absorber la sortie d’un album tous les deux-trois mois. Donc on s’amuse à compiler des morceaux inédits qu’on enregistre sur CD-R.
Ben : Dans cette période, il faut compter aussi l’album solo de Howard, donc ça continue comme ça, en réalité c’est plus que deux albums en deux ans.
Howard : En fait, entre New Grinds et Ghost Train Tragedy s’est écoulé plutôt un an et demi, ce qui est au final plutôt raisonnable si tu prends pour exemple les Rolling Stones qui sortaient un nouvel album tous les six-huit mois. On est conscient qu’il y a une crise du disque mais si deux albums sont prêts, c’est très agréable quand un label peut les réunir sur un même disque, tout unir sur un même point. Mais on a très envie de réenregistrer très rapidement et de sortir un nouvel opus dans un délai court… le 6 Février prochain.
(Ben et Billy se retournent vers Howard )
Billy : Le 6 Février ? (Rire général) Non, mais on sera très certainement dans ces eaux-là.
Howard : Non, plus sérieusement, un an et demi est une durée qui nous relie a beaucoup de groupes qu’on aime et en même temps, ça reste une période relativement longue quand tu tournes beaucoup. Mais le fait qu’il y ait six chanteurs-compositeurs permet de faire avancer le processus très rapidement.
Ben : Pour nous ce serait très frustrant d’attendre trois ans, de faire des démos, de réenregistrer inlassablement… Ce serait même un peu à l’encontre de notre éthique et de la musique qu’on aime et qu’on défend.

Chacun d’entre vous écrit et compose ?
Howard : Oui, mais certains le font plus que d’autres et ça dépend aussi des albums. Il n’y a que Ben et Mary qui n’écrivent pas de textes pour l’instant, mais la musique est composée en commun. On note des variations toutefois, certains étaient très prolifiques au début et se sont calmés et d’autres s’y mettent timidement, mais ça évolue d’un album à un autre.

Votre univers est cinématographique au possible, pourquoi vous être dirigés vers la musique plutôt que l’audiovisuel ?
Howard : Tout simplement parce que le milieu audiovisuel nous a rejetés (rires). Je précise « nous » car tout est collectif maintenant dans ce groupe. On a voulu être réalisateurs de cinéma, mais nous nous sommes fait jeter, et voilà.
Billy : Ce qui est moins ennuyeux car il y a moins de staff à gérer : pas de techniciens lumières, de cadreur…
Howard : On peut boire pendant les prises (rires).
Billy : C’est nettement plus relax.
Howard : Et puis on a peut-être plus de talent… Mais le cinéma reste un domaine très présent, car parfois quand on a du mal à se mettre d’accord sur un artiste qu’on apprécie, sur un morceau, l’esthétisme… le cinéma reste un bon référent.
Ben : C’est un sujet qui va permettre d’établir un accord lorsqu’on aborde un univers entre chacun de nous parce qu’on aura regroupé auparavant plusieurs images, plusieurs livres, plusieurs films, des éléments non musicaux au préalable mais qui peuvent le devenir indirectement.
Howard : Nous faisons également nous-mêmes vidéos, clips… On a posté récemment sur facebook une vidéo où on est en train de se bâfrer dans un des plus mauvais restos italiens de Londres. On adore faire ce genre de conneries alors que pour beaucoup de groupes, cette partie vidéo, c’est vraiment l’enfer, c’est quelque chose qu’ils délèguent… Nous ça nous amuse énormément, on écrit les scénarios ensemble, on les tourne ensemble, chacun met la main à la pâte…

Vous avez au final la main-mise sur votre image…
Howard : On essaye, tout en laissant une marge de créativité aux personnes avec qui nous travaillons. Comme Fred Mortagne avec qui nous collaborons régulièrement. Nous lui laissons toujours le dernier mot, la décision finale, voir la possibilité de nous emmener vers autre chose.
Ben : Nous ne sommes pas fermés, bien au contraire.
Billy : Par exemple nous venons de terminer le clip de
School Trip Bus Crash, et c’était réellement notre premier tournage dans un gros studio, mais nous ne voulions pas seulement être là en tant que musiciens… On a bricolé des trucs, on a peint… Nous n’étions pas là à attendre que le décor soit fait et arriver sans aucunes indications. On a storyboardé… On a participé au processus créatif du début à la fin et Fred a fini par le réaliser.

A la sortie de New Grinds vous avez été assimilés à la vague babies rockers puis reclassés dans un nouveau courant fourre-tout type Naive New Beaters… Quel est votre ressenti face à de tels avis ?
Ben : Bah en tout cas, ça nous fâche pas parce que…
Howard : On s’en fout (Rires).
Ben : On ne connait pas vraiment leur musique. Les BB Brunes, on écoute quand on tombe dessus par hasard à la radio. Nous n’avons aucune animosité contre eux, ni contre personne d’ailleurs (rires).
Howard : Replacé dans son contexte, c’est vrai qu’à la sortie du premier album, il y avait une scène Babies rockers qui existait et qui a plus ou moins disparu… A part peut-être les BB Brunes, qui ne sont pas vraiment des bébés. C’était plutôt les Naast, les Plastiscines… Des groupes essentiellement de région parisienne, qui existaient depuis six mois et qui ne jouaient pas très bien. Et que ce soit questions influences ou scènes, on était très différents, donc je pense que le lien c’était surtout l’âge. Mais très vite nous avons été rattachés à la scène Folk. Pour ce qui est du côté fourre-tout des Naive New Beaters, je ne vois pas trop, cependant ils sont très drôles.
Howard : Du coup, peut-être qu’on est drôle nous aussi… (Rires). Le côté fourre-tout, c’est peut-être parce que nous chantons tous et que sur un album de Coming Soon il peut y avoir des chansons d’univers multiples. Dans ce cas, je ne prends pas ça comme une critique car il y a de très grands albums qui peuvent être considérés comme un peu fourre-tout. Mais je ne m’explique pas la comparaison avec les Naive New Beaters, et ça reste surprenant. Mais concernant la vague Babies rockers, ça nous a un peu fait peur au début, d’autant que nous avions deux membres très jeunes à la sortie de New Grinds, Alex et Leo… Et c’est sûr que ça nous a un peu effrayés, mais sans raison finalement car c’était une scène totalement différente, qui n’attachait pas d’importance aux paroles par exemple. Alors que les groupes que nous rencontrions ou dont nous nous inspirions ont un rapport vraiment très vital au texte et à l’écriture, comme nous. C’est pour cela qu’il n’y a aucune animosité, et qu’au final c’est plutôt amusant de voir la critique qui aime faire et défaire ses propres inventions. Les Babies rockers ça a été une invention de la critique… ils s’en sont lassés, après ils ont fait la vague Folk, lassés pareillement, maintenant ils reviennent un peu au hip-hop bricolo… Donc qu’ils continuent…
Billy : C’est assez lassant ce phénomène de vague. Chaque premier janvier tu te demandes quel va être le courant dominant de l’année. Et nous, on n’est pas plus Folk que Rock, donc foncièrement on pourrait s’adapter à toutes les vagues.
Howard : D’ailleurs Ghost Train Tragedy est plus électrique, et on a pris à contre-pied le public qui s’attendait à un nouvel album plus bricolo, indé… C’est marrant de voir comment les critiques sont parfois un peu à la rue, alors que le public n’arrête pas d’être de plus en plus présent à nos concerts et à nous suivre.

Vous pensez que c’est difficile d’être à la fois jeune et de faire de la musique indé en France ?
Howard : Non, parce que l’inverse me semble aussi dur (Rires). Non, je pense que c’est dur d’être indé, dur de faire de la musique, dur de vieillir…
Billy : L’âge n’a pas beaucoup d’importance car beaucoup de groupes indés seraient très contents de passer à la radio et de jouer au Zénith. Donc indé, c’est plus dans ce qu’on aime et qu’on écoute, car les radios diffusent malheureusement très peu de choses qui nous plaisent. Et c’est plus facile, je crois, d’être musicien en France, car si tu prends pour exemple l’Angleterre où nous étions il y a quelques jours, les groupes y sont payés au pourboire et il y a des musiciens partout. La France a un côté plutôt sécurisant pour débuter une carrière musicale.

Ghost Train Tragedy à une consonance Country-Folk plus sombre et qui fait à bien des moments penser à Nick Cave. Quels sont les musiciens qui vous influencent ?
Howard : Encore une fois, il y a six personnes dans le groupe et tu auras facilement six réponses différentes. Mais je crois qu’il y a quelques artistes sur lesquels on tombe tous d’accord. Il y a par exemple toute la scène qui est sur le label Drag City, avec Smog, Will Oldham, Pavement… Ce sont des musiciens qu’on adore, on va le plus souvent possible voir leurs concerts. On essaye même de les rencontrer. David Berman des Silver Jews nous a même fait un dessin pour Ghost Train. Il y a bien entendu Herman Düne, puisqu’on les connait depuis très longtemps, on les a vu évoluer, et ils nous ont en quelque sorte inspirés. Après il y a bien sur tous les saints patrons : Lou Reed, Bob Dylan, Leonard Cohen…
Billy : Il y a bien entendu des groupes qu’on écoute chacun dans son coin épisodiquement pendant un an, parfois on s’interchange des albums, on se les passe dans le van, mais s’il y a un concert de Nick Cave dans la ville où nous nous trouvons, on va tout faire pour y aller tous.
Howard : Même si d’ailleurs l’influence de Nick Cave était très forte lors de la formation du groupe, ça fait très longtemps que nous n’avons rien écouté de lui ensemble, notamment en terme d’inspiration d’écriture. Il y a aussi des influences que l’on quitte un moment pour découvrir autre chose. Mais on essaye le plus possible ne pas y penser quand on fait un album.
Billy : Mais c’est vrai qu’il y a un côté plus sombre dans cet album.
Ben : Certains textes l’étaient déjà sur New Grinds.
Howard : C’est là où je pense que l’esthétique fait beaucoup, car si l’album ne s’appelait pas Ghost Train Tragedy mais Ghost Train Comedy, avec une photo sur la plage, certaines chansons apparaitraient comme plus conductrices. Mais les concerts restent très enjoués et énergiques.

Votre expérience réussit à l’étranger, le fait que vous y tourniez beaucoup, votre facilité à vous y créer un public ne vous pousse-t-il pas à faire vos valises ? Avez-vous plus à gagner en séduisant le public français ?
Howard : Nous avons toujours eu un lien important avec la France, puisque deux des membres étaient toujours au lycée. De plus notre label étant en France, c’était plus facile pour se développer et organiser des tournées. Mais il est clair que chacune de nos expériences à l’étranger s’est extrêmement bien passée. Je crois qu’on a tous un faible pour l’Angleterre et on a en prévision pour cette année une tournée européenne dont on aimerait que la France soit un territoire parmi d’autres plutôt que le chantier principal. On a encore envie de travailler en France, surtout que les festivals y sont super, tout en s’éloignant un peu. Surtout que c’est très plaisant de pouvoir démontrer en tant que Français que tu peux écrire des chansons à textes en anglais, se frotter à un public différent, mais qui éclate de rire sur tes refrains quand c’est décalé.

On est d’accord pour dire que les Majors sont mises à mal, la crise n’aidant pas et que les artistes indés ont le vent en poupe. Vos pronostics sur le mainstream ?
Howard : J’écoute tellement peu de musique qu’on appelle mainstream que je ne pourrais pas répondre à cette question.
Billy : Cela dit, il y a quand même un gros problème puisque 90% des radios diffusent ce type de musique, qui pour moi n’est pas écoutable du tout. Ca doit générer encore pas mal de chiffre car il y a encore des affiches, des publicités, les maisons de disque sont encore là… Alors effectivement, il y a peut-être moins d’argent à se faire pour un producteur qu’il y a vingt ans mais parallèlement un artiste peut aussi vendre, avoir un disque d’or tout en étant indépendant.
Howard : Je pense quand même que plus les majors vivent et plus la scène indé existe… le pire pour moi c’est quand tout est faible et que le mainstream récupère l’underground. Le crime c’est de voir par exemple Julien Doré et Carla Bruni-Sarkozy chanter
Anyone Else But You. C’est brader une culture indépendante. Donc que ces personnes continuent à reprendre Beyoncé ou ce type de trucs qui marche, et qu’on laisse aux artistes indés une structure, un public et une culture underground dans lequel il peut y avoir aussi de l’argent et des moyens. Ce qui est triste, c’est que les petits labels ne s’en sortent pas vraiment mieux pour le moment. On en chie pour sortir péniblement quelques 45 tours alors que des personnes viennent nous voir après le concert pour nous dire qu’ils ont téléchargé l’album. Les gens sont totalement décomplexés face à ce phénomène, alors que les disquaires ferment les uns après les autres. Je ne vois pas ce qu’il y a de vraiment réjouissant, à part le retour à la scène qui est effectivement génial et qui prouve la passion retrouvée du public pour la musique.

Vos chansons laissent une place importante au lyrisme et à l’imaginaire. Pensez-vous aborder des thématiques plus introspectives par la suite ?
Howard : Encore une fois, cela dépend des interprètes, nous faisons tous des va-et-viens entre des choses personnelles et plus générales. Certains ont commencé avec une écriture très proche du journal intime pour s’en écarter et aborder une structure plus métaphorique, alors que moi j’adopte un petit peu le schéma inverse. Il faudra suivre l’écriture de chacun pour voir comment ça évolue, mais nous n’aurons jamais cette attitude de vouloir raconter notre vie…

Comment envisagez-vous cette année 2010 ?
Howard : Glorieuse, comme toutes les années qu’on passe ensemble. Beaucoup de tournées, un album…
Billy : Moi je n’ai pas beaucoup d’espoir pour 2010 (Rire général). Je mise plutôt sur 2012, 2013… Cette année je la sens dure pour tout le monde, je la vois avec toutes les personnes autour de moi.
Howard : Nous ça va super… (Rires)

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Take it Easy Hospital l’interview

par Virginie


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Television Personalities l’interview

par Virginie et Aki


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photos Mains d'Oeuvres / (c) vinciane verguethen.

Malgré plus d’une dizaine d’albums, un réseau de fans inconditionnels, et le soutien de la presse spécialisée votre succès en France reste confidentiel malgré plusieurs passages remarquables et remarqués. Pensez-vous que la manière d’appréhender la musique du point de vue des Français est très différente qu’Outre-Manche ?
Dan : Je ne vois aucune différence non, je ne suis pas connu en Grande Bretagne non plus,
Guitariste : tu es probablement plus connu en France qu’en Angleterre,
Dan : en Angleterre, je ne sais pas ce qu’ils pensent de nous, ils nous font faire des tours et des détours par des chemins tordus. Une fois de temps en temps, ils décident de nous accueillir avec des banderoles et des ballons, et puis ils nous rangent dans des boites, pour nous ressortir l’année suivante, ou celle d’après. Je ne sais pas vraiment ce qu’il y a dans l’esprit des gens, je ne comprends pas ça mieux que quelqu’un d’autre. Et de toutes manières, je ne crois pas qu’il y ait grand chose à comprendre de Television Personnalities. C’est assez simple en fait.

On vous a collé toutes les étiquettes, et vous êtes passés par un peu près par tous les styles de musique…
Dan : Je me suis perdu…

Comment définiriez-vous la musique de TV Personalities ?
Dan : je ne crois pas que nous ayons un style musical particulier, je ne pense pas à la musique en terme de style, c’est stupide.
Guitariste : est-ce que tu dirais que c’est honnête?
Dan : Oui, ça l’a toujours été, pour moi la musique, c’est très personnel,

Alors si vous parlez d’émotions dans votre musique, de quoi parle-t-on ?
Dan : et bien, le prochain album s’appellera probablement « Triste pauvreté » ! Je ne sais pas, il s’agit juste des circonstances dans lesquelles j’écris, qui se transposent en musique.

Vos textes passent régulièrement du rire aux larmes, du cynisme au drame…
Dan : ça, c’est avant le petit-déjeuner…

Vous avez un certain penchant pour le clair-obsur, non ?
Dan : c’est juste ma manière d’être, et ce n’est pas comme ça qu’est la vie réelle,

Mais c’est votre vie…
Dan : pour la plus grande partie, oui,
Guitariste : ou la vie d’autres personnes parfois?
Dan : oui, c’est aussi de l’observation, mais les gens prennent ça souvent pour autre chose, pour un style un peu Lou Reed. Je ne suis pas un grand fan de Lou Reed, les gens pensent souvent qu’il a vraiment vécu la vie qu’il dépeint dans ses chansons, mais je peux vous assurer que Lou Reed n’a jamais attendu l’homme (nd : I’m waiting for my man). Ca n’était pas Lou Reed, c’était quelqu’un d’autre. Et ce n’était pas non plus moi.

On vous reproche souvent d’être trop entier, parfois ingérable, vous n’hésitez à vous mettre à nu dans vos chansons. Pensez-vous que c’est là la recette de votre véritable succès ?
Dan : succès? Quel succès? Mes excès peut-être ! Ingérable? Non, je suis juste quelqu’un de « sanguin »… Je trace ma propre route la plupart du temps. Et je laisse tomber les gens, c’est probablement ma faiblesse. Il faut toujours que je descende du bus pour sauter dans un autre bus, parce que je veux voir ce qui se passe dans ce bus-là. Il y a beaucoup à voir dans les bus et les trains. Surtout dans les trains. Ou dans les bus de Londres.

My Dark Places…
Dan : oh vous en avez un aussi?

De côté obscur? Oui je pense, comme tout le monde.

My Dark Places marqua votre résurrection et celle de TV Personalities, mais pas seulement, on note des bouleversements notables dans votre manière de composer, de jouer. Une certaine accalmie au niveau du rythme. Est-ce dû à votre état d’esprit actuel ? A une envie de passer à autre chose ?
Dan : Mon état d’esprit? (rires) Vous n’avez pas envie d’aller voir là-dedans, croyez-moi… My Dark Places, est sombre. Il est très différent du reste de TV Personnalities, vraiment différent. J’en ai écrit la plus grosse partie tout seul, sans personne autour de moi, je préférais travailler seul. Ces temps-ci, j’aime bien travailler avec d’autres personnes. Mais pour My Dark Places, je n’avais rien fait depuis longtemps, et j’avais envie de faire les choses seul… Pour le nouvel album, j’avais un nouveau jouet pour m’amuser. Un synthé qui fait des trucs dingues, je me suis dit que ça pourrait être fun. Je m’ennuie juste avec les guitares. C’est un album drôle, je suis très détaché de ce que je fais en musique. Quand j’étais plus jeune, j’étais excité par tout le truc, faire l’album, la création de la pochette, etc. Maintenant, ce n’est plus comme ça, j’écris une chanson et c’est tout. Je ne veux plus m’investir dans ce qui s’ensuit. Je suppose que ça compte beaucoup dans ce que je fais. Le nouvel album est très joyeux.

Vous aimez énormément les dédicaces (They Could Have Been Bigger Than the Beatles, Lichtenstein paintings, Peter Gabriel song, Eminem song…), beaucoup de peintres aussi…
Dan : Oui oui, des films aussi, mes premières amours sont vraiment la musique, les films et la photographie,

Et quels sont les artistes qui ont changés votre vie ?
Dan : Je ne dirais pas que les artistes ont changés ma vie, je ne crois pas que la peinture par exemple, ait le même pouvoir que la musique, de pouvoir changer les gens. C’est toujours sympa de regarder un tableau, c’est toujours intéressant mais je ne pense pas que l’Art touche les gens comme le fait la musique, ou la poésie. Mais j’aime l’Art, j’aime le pop Art, c’est plein de couleurs. J’aime aussi beaucoup l’Art espagnol, parce que l’Art britannique est juste… typiquement british. Des montagnes… J’aime les artistes fous comme Bacon, mais je n’aime pas Picasso, beaucoup de gens les comparent mais je ne vois pas du tout pourquoi. J’aime l’Art qui fait sourire, qui fait danser. Enfin je préfère sourire de l’Art. Même si je suis un excellent danseur ! Je peux peindre et danser en même temps. Peu de gens savent faire ça.

Et quand sort votre prochain album ?
Dan : Si tout va bien, fin mars/debut avril je pense.

Que peut-on vous souhaiter pour 2010 ?
Dan : Je vais vous faire une liste. Une très longue liste.

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Écrit par: hartzine

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