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Suuns – Images Du Futur

today06/04/2013 371 1

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Fin novembre 2012, le Guess Who? Festival d’Utrecht (lire) avait la commode idée d’inviter le même soir Clinic et Suuns. Hasard circonstancié puisque les Anglais de Clinic venaient à peine de sortir Free Reign, leur septième long format, via Domino Records, quand les Montréalais de Suuns remettaient le pied à l’étrier scénique histoire d’annoncer Images du Futur, prévu pour début 2013. Coïncidence fortuite encore, la bande d’Ade Blackburn dévoilait le 4 mars avec Free Reign II une nouvelle mouture de ses compositions, faisant la part belle à celles initialement écartées et produites par Daniel Lopatrin (Oneohtrix Point Never) quand, le jour suivant, les quatre Québécois dévoilaient l’entièreté du successeur de Zeroes QC (2011) par le biais, une nouvelle fois, de Secretly Canadian. Même débarrassé d’un quelconque esprit superstitieux, inutile de tourner plus longtemps autour du pot pour remarquer qu’une telle synchronisation prête à confusion tant Suuns semble s’inspirer à tout va des chirurgiens-dentistes de Liverpool. Mais aussi improbable que cela puisse paraître, si Zeroes QC portait les stigmates d’une telle comparaison, semblant condamner ses géniteurs à la voie de garage – on prédisait aux Canadiens un futur aussi court que n’étaient évidents PVC ou Sweet Nothing, les deux incontestables sommets de ce dernier -, Images du Futur s’enorgueillit d’une telle influence tout en déplaçant celle-ci sur le terrain d’une double hybridation faite de minimalisme et d’électronique. En témoigne le triumvirat Power of Tens, 2020 et Mirror Work où la voix lancinante de Ben Shemie charrie l’accent scouse avec un aplomb que ne démordront pas les chirurgicales saillies d’électricité contrites. Remarquable tour de force que de creuser avec autant de singularité le sillon d’une terre arable aussi souvent défrichée, Suuns n’hésite d’ailleurs pas à diluer ces consonances post-punk dans une production qui sépare plus qu’elle n’agrège, tout en carénant ses morceaux de soubassements rythmiques estampillé Kraut.

Actionnant ainsi deux leviers concomitants, matrice d’une disco maladive que l’on retrouve sur Bambi et Music Won’t Save You, la répétition enivrante nourrit la tension propulsive qui induit la dimension dramatique. Si l’origine de cette dernière est également à mettre en perspective avec le printemps d’érable, immense mouvement de contestation de la jeunesse québécoise s’étant cristallisé en 2012 sur la hausse des frais de scolarité, période lors de laquelle le groupe a couché sur bandes ses Images du Futur et dont le morceau-titre à l’instrumentation viciée pourrait en constituer la bande-son, Suuns apprivoise la retenue statique de ses émotions avec autant d’audace et de liberté que Liars ne l’a préalablement fait sur WIXIW (lire) : amples, aérés et presque rassérénés, Minor Work comme Edie’s Dream, le premier single, percent de luminescentes brèches à l’électronique rampante – que Sunspot châtie de guitares délétères -, dans un ensemble à la cohérence recherchée à équidistance entre intensité et distanciation. En plus d’avoir une passion inédite pour la redite, Clinic a le plus souvent expérimenté ses limites quand Suuns, s’appropriant la filiation, s’affranchit de celles-ci de la tête et des épaules. En deux mots, Images Du Futurest grand disque, celui que n’aura jamais composé Clinic.

Vidéos

Tracklisting

Suuns – Images du Futur (Secretly Canadian, 2013)

01. Powers of Ten
02. 2020
03. Minor Work
04. Mirror Mirror
05. Edie’s Dream
06. Sunspot
07. Bambi
08. Holocene City
09. Images du Futur
10. Music Won’t Save You

Écrit par: Thibault

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Commentaires d’articles (1)

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  1. cyrod sur 08/04/2013

    pas du tout d’accord quant à Clinic, mais grand disque de Suuns.

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Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous  explorions  sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !

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