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Postcoitum – Learning To Be Me

today18/01/2016 112 5

Arrière-plan
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A l’heure d’aborder un disque et de tenter d’en saisir la substantifique moelle, la prise de recul involontaire peut parfois s’avérer des plus salutaires. À la faveur d’une soirée étrange le 15 décembre dernier, plombée par une pluie diluvienne qui semblait ne plus jamais s’arrêter de tremper Paris jusqu’aux os, la découverte en live de l’osmose entre les deux membres de Postcoïtum, le duo marseillais à l’origine du récent Learning To Be Me sorti chez Daath Records, aura permis de saisir bien plus que ce que les 14 morceaux de ce disque attachant m’auraient permis d’entrevoir.

Plus que des comparses, Bertrand Wolff et Damien Ravnich semblent être les deux faces d’une même pièce. À tel point que l’alliance de la batterie et des effets électroniques poussés vers de nouveaux sommets sur ce deuxième album prend tout son sens lorsque les morceaux sont habillés d’un jeu de lumière, de pas de danse étranges d’un Bertrand Wolff marabouté et des cavalcades énergiques de Damien Ravnich, suant sang et eau pour transporter le duo vers des sphères supérieures.

Postcoitum 2

A posteriori, le retour sur Learning To Be Me permet ainsi de saisir de manière bien plus précise cet élément essentiel du disque : une alternance d’attraction – répulsion entre les deux musiciens, comme des aimants dont la polarité changerait d’un morceau à l’autre, entretenant une tension nécessaire à la réussite de n’importe quelle entreprise musicale à plusieurs. Entre les envolées rock électroniques brutes et les passages électroacoustiques délicats, l’auditeur navigue au milieu de courants électriques aux facettes multiples, riches et intrigants (Von Neumann, 2045, Golem), délicatement mixés pour en révéler la saveur. À l’image des sources d’inspiration proposées par le duo sur leur site web learningtobeme.org, photographie fidèle d’une ouverture à un environnement bigarré que l’on prend plaisir à explorer pour s’autoriser un coup d’œil de voyeur assumé dans le cerveau des deux compères.

Deux visions du monde, l’organique et l’électronique, rassemblées le temps de 14 morceaux qui parviennent à trouver ce délicat équilibre entre l’impression de soulever de la fonte des heures durant et d’aboutir à la résolution d’une équation du huitième degré au même moment. Deux caractères complémentaires qui se cherchent, se coordonnent puis s’éloignent, donnant à entendre plus que le résultat derrière Learning To Be Me mais aussi le processus de création. Car ce nouveau disque de Postcoïtum est avant tout une trajectoire, un déplacement plutôt qu’une photo fixe, qui emmène l’auditeur par la main et lui fait ressentir chaque centimètre de bitume parcouru, chaque année-lumière avalée, sans jamais trouver de véritable point de chute, toujours en suspens, tourner vers autre chose, vers la suite.

Audio

Postcoïtum – Learning To Be Me

Tracklist

Postcoïtum – Learning To Be Me (Daath Records, 2015)

1. Galatée Part I
2. Deep Blue
3. Galatée Part II
4. Mandelbug
5. 2045
6. Ou – Topos (Uncanny Valley)
7. Von Neumann
8. Homeless Robot
9. Galatée Part III
10. Flip Flop
11. Golem
12. Electric Sheep
13. Learning To Be Me
14. Galatée Part IV

Écrit par: Dom Tr

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