Reports

On y était – The Dead Weather

today14/07/2010 49

Arrière-plan
share close

the-dead-weather-6-webPhotos © Emeline Ancel-Pirouelle pour Hartzine

The Dead Weather, Le Bataclan, Paris, 30 juin 2010

Un an et un jour après la première incursion parisienne du supergroupe manigancé par Jack White depuis son studio de Nashville, The Dead Weather est de retour pour présenter Sea Of Cowards, son incandescent deuxième album, chroniqué ici dans nos pages. Malgré la chaleur écrasante, le public se presse devant le Bataclan, même si l’espoir d’y trouver une once de fraîcheur paraît bien maigre.

Quelques degrés supplémentaires et une première partie plus tard – The Cavaliers, quatre jeunes hommes restés coincés dans le rockabilly façon Pulp Fiction dont le set était capillairement très réussi – la température est déjà presque insoutenable. Et pourtant, on n’a encore rien vu. Quand les Dead Weather débarquent sur scène au son du vieux Beefheart habituel, je me mets littéralement à transpirer dix fois plus. Ce doit être à peu près l’effet qu’a la féline Alison Mosshart sur tout être humain normalement constitué. Difficile en effet de continuer de respirer normalement alors qu’elle se déhanche le long de la scène et que, souple comme un chat, elle jette sa chevelure de jais en arrière – en sa présence, les retours deviennent plus excitants d’une barre de pole dance. Pourtant, quand on a vu la belle égérie des Kills sur scène un certain nombre de fois, on sait que tout ça n’est qu’une chorégraphie consciencieusement répétée, de façon presque mécanique parfois : toujours les mêmes mimiques, les mêmes gestes, les mêmes effets ; mais exécutés avec tant de conviction qu’on a beau les connaître par coeur, on n’arrive qu’à y croire, désespérément. Et pourtant, ce soir-là, on sent qu’elle peine : accablée par la chaleur, VV s’effrondre par terre après deux titres – dont un Jawbreaker inaugural particulièrement fracassant – et disparaît de la scène à la moindre occasion. Assomée et trempée, elle ne fume même plus ses légendaires Malboro menthol et se traîne sur le sol d’épuisement sous l’oeil inquiet d’un tour manager aux petits soins. Mais si la chaleur aura eu raison du robot Alison, courcircuité en plein effort, ses trois acolytes mâles rattrapent le coup avec brio, continuant d’éxécuter consciencieusement les morceaux dans l’humidité ambiante. Laissant sa muse se reposer, Jack White attrape le micro et prend le devant de la scène pour un sublime You Just Can’t Win, seul morceau vraiment risqué de la setlist, composée essentiellement des tubes du groupes. La version live de ces derniers me fait d’ailleurs repenser à la critique élogieuse que j’avais faite de Sea Of Cowards. Malgré sa qualité, ce second opus a subi le même sort que le précédent : rapidement, j’ai arrêté de l’écouter. Les morceaux qui le composent sont certes mieux construits, plus travaillés, mais ils restent aussi évanescents qu’un bon concert. Et pourtant, je ne manquerais pour rien au monde l’occasion de voir The Dead Weather en live ; car qu’on se le dise, c’est l’un des meilleurs groupes de scène actuels, et la réinterprétation qu’il y fait des morceaux dépasse de mille lieux leur version studio. Formé lors d’une tournée des festivals d’été, The Dead Weather est définitivement et presque exclusivement destiné à vivre sur scène, et ses albums ne sont qu’un aperçu de la puissance de ses concerts.

the-dead-weather-10-web

D’après certaines sources, la température dans la fosse avoisine désormais les 51°C. De quoi tuer un poney. Jack White prend même la parole pour élire le Bataclan pire salle du monde, tandis qu’Alison s’effondre une énième fois, que le front de Dean Fertita s’épanche de litres de sueur sur le sol et que les cheveux de Jack Lawrence, pourtant habituellement aussi infaillibles que ceux d’un Playmobil, commencent à montrer quelques signes de faiblesse. Du côté du public, l’enthousiasme est toujours aussi intense, mais les corps trempés commencent à s’épuiser. Le mythique duo de Will There Be Enough Water, qui provoque comme d’habitude une vague de recueillement au sein du public, nous accorde un peu de répit, et puis c’est le rappel et le déchaînement final sur Die By The Drop et Treat Me Like Your Mother. Trop court, mais qu’importe ; on se rue vers la sortie et, enfin libérés de l’ambiance humide de la jungle, les esprits échaudés des fans de la première heure reprennent leurs discussions habituelles : « Et si on obligeait L.J. à se raser la barbichette ? »

Photos

[flagallery gid=52 name= »Gallery »]

Setlist

1. Jawbreaker
2. 60 Feet Taal
3. Hang You From The Heavens
4. You Just Can’t Win
5. I Cut Like A Buffalo
6. So Far From Your Weapon
7. No Horse
8. The Difference Between Us
9. I’m Mad
10. Hustle And Cuss
11. Blue Blood Blues
12. Will There Be Enough Water
13. Die By The Drop
14. Treat Me Like Your Mother

Écrit par: Emeline Ancel-Pirouelle

Rate it

Commentaires d’articles (0)

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués d'un * sont obligatoires

HZ since 2007

Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous  explorions  sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !

Contact us

doner dooner

dieu vous le rendra….

0%