Reviews

Tindersticks – The Something Rain

today04/02/2012 225

Arrière-plan
share close

Deux ans seulement après Falling Down A Mountain, les Tindersticks nous reviennent donc en plein cœur de l’hiver avec un neuvième album, ponctuant pas moins de vingt ans d’orfèvrerie musicale. Et on ne s’en plaindra sûrement pas tant au fil des années, le groupe est devenu pour nos oreilles un sûr refuge, cosy, nous abritant des agressions sonores et de la barbarie ambiante, opus après opus. The Something Rain ne fait ainsi pas exception à la règle, le groupe n’étant visiblement pas décidé à redescendre des cimes atteintes en 2008 avec le merveilleux The Hungry Saw, qui marqua d’une pierre blanche le retour du groupe après cinq années d’absence coupable. Et un constat s’impose d’emblée : le temps, les épreuves n’ont apparemment aucune prise sur eux. Ou du moins sur leur créativité. Car si l’on navigue ici en terrain connu, quelque chose a pourtant changé : c’est une formation à son climax qu’on retrouve ici, sûre de ses forces, et éprise d’une soif de liberté toujours plus grande. Les Tindersticks n’ont plus grand chose à prouver à qui que soit – si tant est qu’ils aient eu cet objectif en tête un jour – et laissent donc libre court à leurs envies et leur inspiration du moment. Les cuivres sont convoqués plus qu’à l’accoutumée, tout comme les boîtes à rythme, presque une incongruité tant on est préparé à recevoir, les concernant, une musique profondément organique. Ainsi se permettent-ils aussi d’ouvrir leur LP avec la superbe Chocolate, introduction spoken word longue de neuf minutes, temps subtilement exploité pour plonger l’auditeur dans le climat général du disque, tout en délicatesse, tension retenue, et suavité bienvenue. Puis on se délecte ensuite de retrouver Stuart A. Staples dès Show Me Everything, chanson toute en crescendo, et durant laquelle le désormais Creusois d’adoption démontre manu militari qu’il est bien l’un des meilleurs chanteurs de son époque, ses désormais fameux frémissements vocaux donnant invariablement une patine particulière aux titres du groupe. This Fire Of Autumn, tout comme Slippin’ Shoes, démontrent quant à elles que les Tindersticks sont aussi devenus un grand groupe de soul, à grand renfort de trompettes rutilantes, qui ne dépareilleraient pas sur une antique compilation Rythm & SoulMedicine et sa pluie – fine – de cordes nous plonge dans une savoureuse mélancolie, tandis que la nerveuse Frozen fait s’affoler le tensiomètre, la guitare se faisant fouet, et un Staples en transe prenant l’apparence d’un prêcheur obsessionnel compulsif. Tout cela avant que sur Come Inside, l’ambiance ne se fasse plus caressante, avec chant sirupeux et saxophone décomplexé, les Anglais continuant ici avec brio l’entreprise de réhabilitation de l’instrument, entamée récemment par Destroyer ou Jens Lekman. On aurait presque envie d’emprunter un peignoir en satin à DSK, et de se lover dans un canapé en velours rouge, porte-cigarette à la bouche et cognac à la main.

Encore une fois, les Tindersticks, au travers de ces neufs nouveaux titres, ont donc réussi un coup de maître, cet album représentant même encore plus qu’à leur habitude une mise en son de la palette des émotions humaines, avec toutes leurs subtiles nuances. Pour, au final, ajouter une œuvre de plus à la discographie sans faille d’un groupe qui, plus que jamais, représente finalement la classe absolue.

Audio

Tracklist


Tindersticks – The Something Rain (City Slang, 2012)

1. Chocolate
2. Show Me Everything
3. This Fire Of Autumn
4. A Night So Still
5. Slippin’ Shoes
6. Medicine
7. Frozen
8. Come Inside
9. Goodbye Joe

Écrit par: S.L.H.

Rate it

Commentaires d’articles (0)

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués d'un * sont obligatoires

HZ since 2007

Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous  explorions  sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !

Contact us

doner dooner

dieu vous le rendra….

0%