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On y était : Nuit d’Hiver 2014

today20/01/2015 48

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Photos © Penny Green-Shard

NUIT D’HIVER, 18 au 21 décembre 2014 à Marseille.

Chaque année, c’est pendant cette période floue de redescente pré-noël que le très fourni festival Nuit d’hiver s’achève (lire). Il y a toujours une forme de décalage dans le fait de se manger des concerts de musiques marginales juste avant d’entrer dans le tunnel familial, mais, à Marseille, le Grim nous habitué à ce que Noël soit noise.

Comme tout festival borderline, Nuit d’Hiver fait des propositions, qui s’avèrent parfois tomber à l’eau, et les baffes revigorantes peuvent succéder à des coups d’épées dans l’eau – il s’agit de tomber le bon soir. Il y aura un peu des deux lors des dernières sessions de l’édition 2014. La soirée du 18 s’ouvre sur une précieuse surprise, le Bass Holograms Duo, qui opère un agréable détachement. Dans la quasi obscurité, une bassiste pratique le tantrisme avec son instrument traité à distance par un électroacousticien qui joue avec les dimensions du lieu et crée ainsi un petit parcours mental. Le tandem nous enrobe dans la matière, invoque des présences, taquine quelques boucles ou glisse dans le silence, et se permet même une phase mélodique. Après ce moment intime tout en fondus au noir, on tentera de comprendre la présence de l’Electric Pop Art Ensemble, dont la fusion jazz-rock très standards dénote au milieu du panel traditionnellement radical de Nuit d’Hiver.

En préambule de la soirée du 19, l’icône barbue des avant-gardes marseillaises Julien Blaine nous présente Louise Vanardois, jeune poète contemporaine qui aime bien parler de ses entrailles. Si le thème est un peu récurrent dans ce genre de littérature in your face, sa performance à bout de souffle fait le job : chronométrée par des citations enregistrées tombant à intervalles régulières, elle accélère la lecture de son texte jusqu’à le déclamer intégralement dans une douloureuse course orale contre elle-même. Passage obligé du festival, le responsable du Grim, Jean-Marc Monterra réunit avec lui trois vieux brigands (dont le percussionniste culte Chris Cutler) pour une session d’improv joyeusement boiteuse. Juxtaposition de dissonances, hésitations, frôlements et chutes brutales, l’exercice est une satisfaction ludique, bien qu’anecdotique, tant ce type de jam paraît un peu archaïque dans le canon expérimental du jour. Après tant de mouvements décousus, l’académisme de la prestation audiovisuelle de Domenico Sciajno dépareille un peu : l’artiste sonore focalise notre attention sur une courbe de fréquences projetée au mur et modifiée par une composition ambient qui nous câline entre bleeps et touches de sub-bass. L’expérience est confortable, mais un peu prévisible, et les touches de piano plus que pompières qui s’ajoutent sur les dernières minutes gâchent un peu le plaisir. Comme pour saccager tant de sagesse, le combo noise La Morte Young vient faire couiner les amplis pour clore le bal. Seul le batteur tient une ligne assez régulière, pendant que le reste du groupe se noie les uns par dessus les autres dans le vacarme, encerclant une Yoko Ono aux incantations stridentes un brin parodiques. D’ailleurs, c’est plus l’attrait théâtral que l’affront sonore que l’on retiendra de cette séance de voodoo électrique.

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Photos © Penny Green-Shard

Si l’on pouvait regretter la prudence relative de ces quelques concerts, c’est finalement dans le cadre bien plus « spectacle de fin d’année » du dimanche après midi que l’on vivra l’expérience la plus complete de ces derniers jours. Les familles se pressent pour venir écouter des interprétations épiques du fameux In C de Terry Riley, et d’une pièce plus rare de Luc Ferrari. La première restitue avec application et humour cette épreuve d’ascèse et de répétition, dont l’impact physique reste intact. La seconde célèbre méticuleusement désordre, tension et fantaisie, autant d’éléments qui ont manqué à certains concerts de cette dernière semaine. Mais, dans « expérimental », il y a toujours le risque d’un flop, on n’en tiendra donc pas rigueur à cet honorable festival qui soutient passionnément l’expérience.

Toutes les photos et vidéos sont à retrouver via le blog du festival.

Écrit par: Thomas Corlin

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