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The Soft Rider

today11/10/2018 161

Arrière-plan
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Il est des raccourcis qui fonctionnent toujours, et depuis un sacré bail. C’est le cas du palmier qui, lorsqu’évoqué dans le domaine des arts, rappelle inlassablement Mulholland Drive – le film tout autant que le lieu. L’image intemporelle se glisse ici dans le bleu du ciel et illustre la dance cramée de The Soft Rider qui, depuis un cabriolet blanc crème au kitsch désuet, sort un EP très cool chez Atomic Bongos ce vendredi : The Pool. Un bac de flotte qui ferait s’entasser une population superficielle biberonnée d’ennuie et de poudre chère à Bret Easton Ellis, l’insoluble attraction du divertissement et la transpiration shiny des synthés italo disco sur une même piste de danse. Encore une histoire de soleil, tiens. Les lignes saccadées de The Pool sont autant l’attrait d’une fête infinie que le vide du retour à la réalité. West coast le jour, partout la nuit. Avant de pouvoir s’y plonger, la chevauchée du duo The Soft Rider fait un stop ici bas avec sa mixtape exclusive intitulée Metal Field. Et il faut l’écouter pour apercevoir les palmiers.

D’où viens-tu ?

De la classe moyenne, importée d’Algérie, d’Espagne, d’Alsace et des Alpes.

Où vas-tu ?

The Passenger d’Iggy Pop est un de mes morceaux favoris.

Pourquoi la musique ?

Apparement, à deux ans j’écoutais Wuthering Heights de Kate Bush en boucle et la même année le père Noël m’a offert un accordéon. Alors est-ce une inclination naturelle ou la conséquence de MTV ? Je ne sais pas.

Et si tu n’avais pas fait de musique ?

Marin, aventurier : partir à la découverte du monde. J’aurais aussi aimé faire de la danse et du cinéma. Tellement de choses. Je suis du type dilettante/touche à tout, je fais des arts plastiques en parallèle et souvent je change de médium, en fonction du propos et des possibilités. Pendant longtemps, je n’ai fait de la musique qu’avec des instruments empruntés. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai enregistré The Pool.

Une épiphanie personnelle ?

Je parlerais plutôt d’une série d’expériences et de rencontres qui, petit à petit, modifient profondément ma relation au monde. Dernièrement, j’ai fait une retraite silencieuse de dix jours dans le désert de Joshua Tree, ça m’a fait découvrir pas mal de choses.

Une révélation artistique ?

À treize ans, chez mon chef de dix ans mon aîné. Cette nuit-là, il m’a fait découvrir le hash, Dali, Coil et les Virgin Prunes.

Le revers de la médaille ?

Ce n’est pas un concours, mais un moyen de libération personnelle. Malheureusement, ceci n’est pas compris par une grande partie des gens qui gravitent dans ce milieu.

Y a t-il une vie après la mort artistique ?

Je crois en la réincarnation.

Un rituel de scène ?

Pendant longtemps l’alcool, aujourd’hui respirer l’air frais.

Avec qui aimerais-tu travailler (musique et hors musique) ?

Tellement de gens ! J’aimerais bien faire quelque chose avec Taraka Larson. J’adorerais aussi faire de la musique de films, je suis un grand fan de Uli M Schueppel et Jim Jarmusch.

Quel serait le climax de ta carrière artistique ?

Je ne pense pas qu’il y ait une montagne à gravir, mais une infinité de lieux à explorer. J’espère pouvoir faire exister tous les projets que j’ai en tête et multiplier les collaborations.

Retour à l’enfance, quel conseil te donnes–tu ?

Suis ton intuition.

Comment te vois-tu dans trente ans ?

Tu connais Eddy Barclay ?

Comment vois-tu évoluer ta musique ?

J’ai beaucoup de projets différents… Je dirais donc variée, avec une tendance à être plus brute, minimale.

Un plaisir coupable ou un trésor caché ?

Je n’aime pas la notion de plaisir coupable. Elle est basée sur la peur du regard de l’autre et cela reflète la structure pyramidale de la société française, où la notion d’éducation et de bon goût est prétexte à renforcer l’emprise de la bourgeoisie. J’ai autant de plaisir à aller à un concert de Steve Reich qu’à danser dans une soirée italo-disco ou qu’à écouter un accordéoniste dans le métro. À ce sujet, il y a un super documentaire sur les créateurs de la danse des canards, Marcel Superstar je crois. Dans le même temps, notre rapport à la culture est similaire à notre rapport à la nourriture : on peut cuisiner à la maison ou acheter un plat sous vide au supermarché, tout dépend du niveau d’intoxication et des choix politiques de chacun. Personnellement, j’ai remarqué que le plat préparé me remplit d’une joie fugace puis me donne la nausée, mais tel un zombie j’oublie et quelque temps plus tard j’en rachète… Ceci étant dit, les derniers trucs qui m’ont donné la chair de poule étaient un chanteur de karaoké jamaïcain, un groupe d’adolescents reprenant du Jefferson Airplane et le ciel étoilé du désert.

Ecoute exclusive

Tracklist

Foster The People – Helena Beat (Com Truise remix)
Kid 606 – Wherweleftoff
Michael Mayer – Amanda
Throbbing Gristles – Hot On The Heels Of Love (The Soft Rider edit)
Death In June – Rain Of Despair (The Soft Rider edit)
New Order – Blue Monday
Front 242 – Hey Poor
SPK – Metal Field
Kiko & S. Deschezeaux – Sado Disco
Le Syndicat Electronique – Herr Geldmann
Radioactive Man – Do The Radio
Daniel Avery – Naive Response
Chicks On Speed – Kaltes Klares Wasser
Liaisons Dangereuses – Los Ninos Del Parque
Jimmy Edgar – Strike
Weltklang – Veb Heimat
Factory Floor – Dial Me In (The Soft Rider edit)
Pelada – No Hay
Beau Wanzer – Two Orders
Kraftwerk – Numbers
Marc Houle – Bay Of Figs
Tzusing – 4 Floors Of Whores
Sprung Aud Der Wolken – Que Pa

Audio

Écrit par: Louise Bonnard

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