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Peaking Lights – Lucifer

today25/05/2012 87

Arrière-plan
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D’évidence, certaines formations résistent mieux – artistiquement s’entend – à la chape de plomb créative que peut représenter l’esquisse incertaine d’une renommée fortuite. Citons – sans balancer outre mesure – Memoryhouse, signé sur Sub Pop après quelques singles encourageants (To The Lighthouse, Bonfire), qui s’avéra incapable, sur leur LP The Slideshow Effect, d’accoucher d’autre chose que d’un continuum de fadaises oscillant entre basses prétentions et néant absolu. Des poubelles, ras la gueule, de l’histoire que n’est pas prêt de fréquenter Peaking Lights, autre duo, ayant déjà survolé l’écueil fatidique du second album avec l’inépuisable 936 (lire) paru l’année passée sur Not Not Fun. A dire vrai, que l’été fut long et agréable, baigné de cette ode lascive à l’adresse des cieux, délayant ses faveurs entre le tempo magnétique d’All The Sun That Shines et l’ivresse sensitive de Tiger Eyes (Laid Back). Faisant suite à la verve plus psyché lo-fi d’Imaginary Falcons (Night People, 2009), 936 tenait déjà du manifeste hypno-pop quasi indépassable, enrobant d’une basse ronde et obnubilante le cheminement flegmatique d’évanescentes mélodies. A ce titre d’ailleurs, la comparaison inversée avec les Chromatics de Johnny Jewel, leur double antithétique, prend tout son sens, ces derniers étant à la nuit ce que Peaking Lights est au jour, à savoir une indicible accoutumance charriant toute notion de temporalité. Obsédant mais diurne donc. Chose pouvant étonner à l’heure où une nuée de formations se prévalent de la fascination pour le morbide et la mystique associée, les Peaking Lights – comme leur patronyme l’indique si bien – honorent la vie, chantent la lumière et l’amour, et ce, sans porter les stigmates d’horripilants curaillons.
Franchissant pas à pas les étapes de leur carrière, Indra Dunis et Aaron Coyes, résidant alors encore à Madison dans le Wisconsin – lieu de conception leur premier enfant et de 936 – et œuvrant pour la scène locale par le biais de leur magasin The Good Style Shop – sorte de brocante vintage, friperie et salle de concert – se laissent séduire par les exigeants labels Weird World (How To Dress Well, Washed Out), division de Domino, et Mexican Summer. En suivant, ils opèrent un retour en Californie après une escapade d’un mois à Brooklyn, au Gary’s Electric studio, afin de coucher sur bande Lucifer, à paraître le 18 juin prochain. Loin de se sentir grisé par l’intérêt suscité par de-là la blogosphère et ailleurs, le couple réédite sur Lucifer le processus créatif de 936 – le format étant sensiblement analogue, huit morceaux dont deux, introductif et conclusif, exclusivement instrumentaux – étayant ce-dernier d’une instrumentation aussi luxuriante que raffinée, en plus d’une production d’orfèvre, signée Aaron Coyes himself, en partie aidé par Al Carson (Oneohtrix Point Never). Mêmes causes, mêmes effets, les sommets d’antan deviennent les Everest d’aujourd’hui, susceptibles de subjuguer n’importe quel quidam un tant soit peu attentif à la frénésie de détails ornant chacune des compositions. Une fois l’indolent prologue Moonrise consumé, la guitare d’Aaron étire langoureusement Beautiful Son aux confins d’une impénétrable quiétude – ayant trait aux joies de la parentalité – avant d’ouvrir sur Live Love, véritable décoction dream-pop à la délicatesse roborative. Cosmic Tides, sa basse plus lourde et ses duveteuses réverbérations inoculent cette sensuelle caresse dub propre au duo tandis que Midnight et Lo Hi – le single – colorent, à la guitare et aux claviers, l’envoûtante voix d’Indra de motifs reggae très largement influencés par Big Youth et consort. Dilaté sous le double effet d’une sérénité percluses de beats opiacés, le temps reprend alors son court et son rythme sur le sémillant Dream Beat, véritable point d’orgue de Lucifer, où l’on se plait à se perdre, entre profusion des textures, des arrangements et autres saturations luminescentes.

Inutile d’aller plus loin, Indra nous raconte ci-dessous le reste, les quelques mixtapes concoctées à l’occasion de la sortie de Lucifer complétant on ne peut mieux un tableau déjà bien fleuri. Cerise sur le gâteau, Peaking Lights sera à l’affiche de la Villette Sonique le 29 mai prochain en compagnie de Julia Holter et Dirty Three.

Audio

Tracklisting

Peaking Lights – Lucifer (2012, Weird World / Domino)

01. Moonrise
02. Beautiful Son
03. Live Love
04. Cosmic Tides
05. Midnight
06. Lo Hi
07. Dream Beat
08. Morning Star

Écrit par: Thibault

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