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Noyades

today11/01/2017 70

Arrière-plan
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Noyades est un trio de Lyon qui, avec le prompt sens du naturel de ceux qui s’amènent, ouvrent une bière, rigolent un bon coup puis repartent, a déposé ses gros souliers sur la longiligne autoroute du hard et ne cesse depuis cet état de fait d’aligner les concerts façon boule d’hydrogène. Le groupe possède ce solide mental qui leur donne pour objectif de jouer partout, dans toutes les circonstances et – surtout – dans toutes les positions possibles, vous les avez peut-être vus par chez vous : en live, Noyades – avec d’autres groupes de la même bouteille comme Cosmic Dead ou Hey Colossus – dispense cette efficace parole qui redonne un peu de fulgurance et de passion à un genre qui s’éteignait quelque peu dans les molles affres de l’indifférence. On a soumis les trois garçons à une Out Of The Blue, en attendant leur concert le samedi 04 février prochain au Petit Bain pour leur sortie de résidence.

D’où viens-tu ?

Jessy (batterie) : On va dire qu’on vient de Lyon, c’est en tout cas notre point de ralliement principal, le siège de notre club, le FC Noyades…

Où vas-tu ?

Pour l’instant, dans des salles en Suisse où il fait -19°C, mais on va essayer de jouer un peu plus au soleil dans les mois à venir. Notre but réel est bien sûr de conquérir le monde et d’instaurer l’Acid Hard au programme scolaire de toutes les écoles… C’est là qu’on va vraiment.

Pourquoi la musique ?

Je crois qu’on est tous trop fainéants pour faire dix heures dans une mine et qu’on a trop d’éthique pour être contrôleurs TCL (Transports en Commun Lyonnais), puis franchement, être avec ses potes pour créer un truc cool, rencontrer plein de gens, voir plein d’endroits trop bien, faire la fête en buvant de la gnôle… Il faut le dire, c’est une occupation super cool !

Et si tu n’avais pas fait de musique ?

Mon dieu… Je pense qu’on vendrait du cuivre, ou bien qu’on serait en permanence au PMU City de la place des Terreaux (fameuse et grande place centrale à Lyon) pour essayer de devenir riches… C’est une question qui nous angoisse, on ne peut pas trop en parler.

Une épiphanie personnelle ?

Cyril (guitare) : Pour ma part, il y en a eu plusieurs. Récupérer une cassette de Rohff à 8 ans, la discographie complète d’AC/DC en 64kb/s à 11 ans, et tomber la même semaine sur un live de Sunn O))), un autre de Fushitsusha et Merzbow sur YouTube à 14 ans. Peut-être que ça peut expliquer certaines choses.

Une révélation artistique ?

Dernièrement, la discographie complète de Ringo Shiina et Tokyo Jihen. Ça me rend complètement fou, et sourd aussi. La production des albums est souvent plus radicale qu’un disque de grindcore, niveau aigus qui arrachent la tête. J’ai récupéré tout ce qui avait été enregistré depuis le début de sa carrière, même les démos qu’elle a envoyé à EMI avant d’être signée.

Le revers de la médaille ?

Je me mets à bosser du jazz.

Y a t-il une vie après la mort artistique ?

Pour le moment j’ai l’impression que les Steel Panther se portent plutôt bien, mais il faudrait leur poser la question…

Un rituel de scène ?

Vince (basse) : Je m’y colle parce que je crois que je suis celui qui est le plus chargé à ce niveau, ah ah ! Je pourrais te dire que j’écoute Hatebreed en faisant des pompes avant de boire une bonne grosse rasade de brûleur de graisse comme Mamadou Sakho. Mais la vérité c’est qu’avant de monter sur scène, je m’enferme dans les toilettes et je fais le truc le moins punk rock du monde : des échauffements du corps entier, de la tête au pied, muscle par muscle, que j’ai appris quand je prenais des cours de direction de chœur en licence de musicologie. C’est le truc le moins crust du monde mais ma mutuelle couvre que deux consultations d’ostéo par an. Pendant les premières années, Cyril convulsait régulièrement sur scène mais il a un peu faibli ces dernières semaines, je vais lui casser les couilles pour qu’il recommence. J’aimais bien, ça faisait peur aux gens. Quant à moi, je poursuis ma quête du grand écart facial 100% à la Jean-Claude Van Damme dans Blood Sport (version VHS, la meilleure).

Avec qui aimerais-tu travailler (musique et hors musique) ?

Hors musique, je crois que je vais accomplir ce que je rêvais de faire depuis des années : je vais bosser pour Villette Sonique en 2017. Et en musique : un producteur impitoyable, qui te casse les couilles à l’extrême tant que ton disque est pas genre parfait au putain de millimètre. Apparemment, Bob Rock se traîne cette réputation, et en plus il a délocalisé son studio à Hawaï.

Quel serait le climax de ta carrière artistique ?

UNE TOURNÉE EN PREMIÈRE PARTIE DE MÖTLEY CRÜE AU JAPON EN 1987.

Et la vraie réponse : jouer avec Noyades au Japon, à Taïwan, au Brésil, à Montevideo en Uruguay, au Chili, en Argentine, en Nouvelle-Zélande, faire une tournée infinie en Australie et, inch’Allah, un jour aller jouer en Égypte chez nos potes de PanSTARRS, un super groupe de cold wave du Caire. Ah et une tournée de stades US avec Guns N Roses au complet en 2018.

Retour à l’enfance, quel conseil te donnes–tu ?

Jessy : Question difficile… En fait, on fait partie de la dynastie des Kurganes (les méchants dans Highlander). C’était donc en -1000 av. J.C., une époque compliquée pour nous. On vivait dans ce qui s’appelle aujourd’hui la Russie, où la vie était très dure. Quand on avait 12 ans on traînait avec un groupe de bandits qui dévalisaient les caravanes sur les routes qui mènent de la mer Méditerranée à l’Inde, c’était pas cool. Si on avait su, on ne le referait pas. Plus sérieusement, c’est difficile à dire, je pensais à peut-être m’intéresser à la musique plus tôt, mais franchement on a tous commencé l’instrument tard et je crois que c’est très bien comme ça.

Comment te vois-tu dans trente ans ?

Vince : J’suis le mec le plus vieux du groupe, dans trente ans on sera en 2047, j’aurais 61 ans. Personnellement, j’espère palper un max d’alloc’ pour passer ma vie en thalasso avec minimum hammam, douche suédoise, sauna, bains chauds, le truc avec les concombres sur la tronche et massages aux huiles essentielles remboursés à l’infini par la Sécu qui aura été restaurée par le président José Bové en 2043, élu en 2042 après les cinq mandats de François Fillon.

Comment vois-tu évoluer ta musique ?

En tant que Noyades, nous espérons surtout ne jamais tomber dans le jazz rock, ou le prog, du moins au niveau du style : avoir un catogan avec basse 7 cordes fretless sans tête, une batterie à 360 degrés avec double grosse caisse et gong et guitare double neck. Si on arrive à échapper à ça, on sera heureux. Pour le reste, difficile à dire… Certainement déménager dans les montagnes en Azerbaïdjan pour tout apprendre du shred et des configurations de boîtes à rythme. On va s’en payer une bonne tranche dans la playlist, tiens.

Un plaisir coupable ou un trésor caché ? (musique ou hors musique)

Pas vraiment… Plaisirs coupables, à part la Maximator, les gaufres au miel et le Hard FM, rien de spécial à signaler!

Quelle est votre actualité ?

Nous bossons sur un projet incroyable de split pour célébrer la fin du studio Davout où nous avons enregistré Go Fast. C’est un endroit mythique depuis les années 1960. Il y a eu Stockhausen, Boulez, Prince, France Gall, Zazie, les Talking Heads, Ozzy Osborne, Fela Kuti, Compay Segundo qui ont enregistré des disques de diamant là-bas, et des milliard d’autres. Le studio A est tellement grand que tu peux enregistrer les plus gros orchestres de l’histoire, genre Mahler et Wagner et leurs symphonies à 120 musiciens. On va faire un 4 way split là-bas, dix à douze minutes max de zik par groupe et après on le sort en LP via les labels qui seront intéressés. Les dernières heures d’un studio mythique laissé aux mains de groupes DIY/indé qui vont venir faire leurs conneries de musique cheloue là où les Rolling Stones ont enregistré. Et à coté de ça, continuer à tourner à mort, avec des groupes comme Satan, Korto, Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs, Autisti, etc. Ah et aussi la sortie de Go Fast sur le label suisse Hummus Records. On ira célébrer ça en Suisse pour deux super dates à Lausanne et La Chaux de Fond avec Autisti et Closet Disco Queen.

Écoute exclusive

Vince :

Limp Wrist – Cheap Art

Souvenir de mes années crust.

NOFX – It’s My Job To Keep Punk Rock Elite

Souvenir de mes années skate où je faisais pas de skate.

Pneu – Oiseau-Aigle

Souvenir de mes années Pneu avec, au début du morceau, un break de batterie volé sciemment à Raised Fist selon JB (batteur de Pneu).

Jessy :

Ramones – Pet Sematary

Grégory – LSD et Système D

TRUST – Antisocial

Cyril :

Cammelia ft. Nanahira – ニワカ三年オタ八年、インターネッツはforever (長文スマソLong ver.)

Tokyo Jihen – サービス

Rəhman Məmmədli – Cütcü

Audio

Tracklist

Noyades – Go Fast (22 octobre 2016)
01. Réplique
02. Machhapuchhare
03. Bear Rider
04. No Other Grave Than The Sea
05. Sidi Abderrahman
06. Mevlana
07. Reflects

A noter également que Noyades sera au Petit Bain le samedi 4 février prochain en compagnie de Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs, Cocaïne Piss et Villejuif Underground, pour leur sortie de résidence. On vous recommande très fortement cette date : plus d’informations par ici et les préventes peuvent s’acquérir .

Écrit par: Sebastien Falafel

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