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Everything in Between, des Californiens de No Age, est disponible depuis le 28 septembre dernier. Depuis l’encre a vertement fusé quand les claviers ont crépité dans un véritable tintamarre sentant bon la discordance d’opinions. Ça castagne sévère même. Et s’il est parfois bon de prendre du recul, sans se pâmer avec pusillanimité sur le saignant d’avis plus que divergents (les louanges du chef d’Å“uvre, l’avanie de l’imposture), une chronique, même tardive, n’a pas vocation à compter les points. Surtout lorsque l’on décante avec patience son avis s’agissant des sempiternelles questions qu’impose à la critique la sortie du second effort d’un groupe au coup d’essai plébiscité. Les No Age feront-ils du No Age ? Tiendront-ils le cap ? Feront-ils mieux ? Moins bien ? Feu de paille ou confirmation ? Les interrogations s’agglutinent au bord des lèvres telles des mouches sur le cul d’une vache et ce dans une atmosphère plus proche de l’auto-validation de points de vue d’alors que de l’analyse du contenu proposé par Everything in Between. Entre daube avérée et génie révélé donc. Un bref recadrage s’impose, avec en toile de fond cette question hautement existentielle : un groupe doit-il continuer à faire ce qu’il sait le mieux faire ? Adoubé par Pitchfork, sous le sceau rutilant de l’avant-garde bruitiste, le duo composé de Randy Randall (guitare) et Dean Allen Spunt (chant et batterie) – fort d’une kyrielle de maxis, regroupés en partie sur Weirdo Rippers (Fat Cat records, 2007), et d’un album, Nouns (Sub Pop, 2008), porté aux nues de la critique – avait pourtant préparé le terrain : les quatre morceaux de l’EP Losing Feeling (Sub Pop, 2009), chroniqué par ici, conjuguaient déjà l’urgence punk et les distorsions shoegaze du tapageur Nouns avec une écriture pop plus évidente, laissant clairement supposer l’évolution d’un son jusqu’à présent ébauché. Une lubie en forme d’épidémie de ce côté-ci de la Californie, puisqu’avec le récent King of the Beach (lire), Nathan Williams et ses acolytes de Wavves se prennent à lorgner eux aussi du côté d’une maturation censée enrichir un répertoire sans pour autant ennuyer l’auditeur. A tort ou à raison. Mais comment reprocher à un groupe d’affiner son approche musicale histoire de ne pas reproduire indéfiniment le même disque ? Dans un monde dardé de distorsions réverbérées, où le boucan peut vite tourner à vide, seul un groupe dénué d’imagination ne daignerait jamais se risquer sur les voies inconfortables de l’expérimentation, ni celles de la transition, fut-elle assumée dès le second album. A ce titre Everything in Between est un véritable cas d’école, extirpant de Nouns ses fulgurances mélodiques (The Eraser, Teen Creeps, Ripped Knees), tout en carénant celles-ci d’une ossature sonore qui, à défaut d’être totalisante et imperméable, soutient sans fard leur puissance et leur efficacité. Quand la voix de Dean Allen Spunt semblait lutter pour exister et s’immiscer dans le ferraillage en règle de Randy Randall, créant cette folle dialectique entre harmonie et chaos, on sent, tout au long d’Everything in Between, l’impressionnante entreprise de domestication d’une électricité désormais chevillée à l’intensité jubilatoire des morceaux. Que ceux-ci soient ouvertement pop (Life Prowler, Glitter), avec de sinueux larsens en guise de fils conducteur, ou plus immédiatement rentre-dedans (Fever Dreaming, Shed and Transcend), on décèle écoute après écoute ce clin d’Å“il appuyé aux éternelles nineties (Sebadoh, Nirvana), aboutissant à l’implacable Skinned, esquissant en deux temps, trois mouvements, la potentialité roborative inouïe du duo. S’il ne déroge pas à la règle de ses prédécesseurs, distribuant son lot d’instrumentaux flagellant de leurs saturations blêmes, dépourvues de rythmiques, quelques troubles rêveries opiacées (Katerpillar, Dusted, Positive Amputation), Everything in Between aligne tout de même d’inhabituelles balades rassérénées (Common Heat, Valley Hump Crash) dont la conclusive Chem Trails que certains aficionados de la première heure se doivent de considérer tel un véritable parjure à expier le plus rapidement possible. Quoi qu’il en soit, c’est en discutant le bout de gras avec les deux compères, le temps d’une interview, bientôt dévoilée et réalisée dans le cadre de leur récent concert au Point Éphémère, que l’on saisit où ils veulent en venir. Le concept tient en deux mots : dream-punk. Suffisait de l’énoncer, l’évidence s’impose.
No Age – Everything in Between (2010, Sub Pop)
01. Life Prowler
02. Glitter
03. Fever Dreaming
04. Depletion
05. Common Heat
06. Skinned
07. Katerpillar
08. Valley Hump Crash
09. Sorts
10. Dusted
11. Positive Amputation
12. Shed and Transcend
13. Chem Trails
Écrit par: Thibault
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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