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MF Doom, Flying Lotus, Shabazz Palaces à Villette Sonique

today13/06/2012 134

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MF Doom, Flying Lotus, Shabazz Palaces, La Grande Halle de la Vilette, Paris, le 25 mai 2012

Un très bel événement nourrit une mauvaise foi rétrospective délicieuse qui donne du relief aux souvenirs. Alors que je n’étais que très vaguement contente d’aller seule et abandonnée à un concert à l’affiche pourtant somptueuse, je me surprends a posteriori à mépriser tous les gens qui n’y sont pas allés. Tous ceux qui ont préféré profiter de ce grand week-end pour rentrer voir leurs parents en province, ceux qui se sont laissés submerger par le travail, ceux qui ont décidé de profiter du soleil au lieu de s’enfermer dans une halle étouffante, ceux qui ne connaissaient ni MF Doom, ni Shabazz Palaces, ni Flying Lotus, n’ont pas cherché à les connaître et ne connaîtront peut-être ainsi jamais les différents groupes présents ce soir-là. Tous ceux là et bien d’autres encore ont choisi le mauvais camp.

Cela fait beaucoup de monde et c’est un coup à devenir misanthrope. Cependant, le superbe plateau de Villette Sonique avait tout de même attiré ce vendredi-là un très grand nombre de curieux, de passionnés ou de simples amateurs de beats denses, de phrasés audacieux et de musiques urbaines inclassables. Remplie d’un public d’apparence un peu proprette mais en réalité expressif et chaleureux, la Grande Halle s’est vite transformée en une gigantesque cuve hip-hop. Un lieu de possibles.

Il n’est pas besoin de s’attarder très longtemps sur chaque détail : ce concert était spectaculaire. Il a commencé avec le duo Shabazz Palaces et déjà les thématiques générales du concert étaient posées : duplicité sensuelle,  son racé, adéquation essentielle entre la salle et la scène, contact, sueur, énergie… Tout cela concentré dans un premier set plutôt réussi. Mais ce n’était qu’un début timide et les deux garçons restaient un peu trop derrière leurs machines pour nous bouleverser totalement.

MF Doom, l’impressionnant rappeur masqué qui propose des albums incroyables d’inventivité et de profondeur, est allé bien plus loin. Vers 22 h, accompagné d’un second couteau aussi impressionnant par ses éructations que par sa masse corpulente, l’homme sans visage a réussi à véritablement captiver son auditoire. Au sens étymologique, nous étions captifs, pris dans les mailles de ses mots et submergés par l’enthousiasme. Malgré un son parfois en retrait, le show s’est ainsi envolé avec grâce au fur et à mesure des chansons.

Et puis il y a eut ce grand final. Flying Lotus. Un seul homme, un écran, une machine et c’est tout. C’est tout et pourtant l’homme a porté le concert à un point incroyable. Le point où son corps a pénétré toutes les parties de l’espace, abolissant ainsi la hiérarchie imposée par la scène pour ne laisser de la place que pour la musique, le mouvement des ondes et les couleurs acides projetées sur le mur. Sans répit, la fluidité magique des collages sonores a emporté un public qui n’avait alors pas beaucoup d’autres choix que de danser avec évidence et exaltation, et de se laisser porter par le caractère irrésistible de mixes tantôt inattendus, tantôt universels. Une atmosphère difficile à retranscrire. En effet, il s’est passé ce soir-là quelque chose de rare et ceux qui n’étaient pas là ne peuvent pas comprendre. Mais c’est tant pis pour eux, ils ont définitivement choisi le mauvais camp.

Écrit par: Amelie

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