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Matias Aguayo l’interview

today05/02/2015 45

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Le Confort Moderne et le Théâtre Auditorium de Poitiers organisaient du 29 au 31 janvier la troisième édition du WEE, Week-End Électro. On aura pu y voir des reprises de Kraftwerk par le Cabaret Contemporain, un live d’Abastraxion, un DJ-set de Clément Meyer le vendredi, avant d’enchaîner le lendemain par une très belle sieste électronique orchestrée par Chloé et de se diriger vers une soirée qui croisait Boot & Tax, Panoptique, Matias Aguayo, Philipp Gorbachev, Van off Martt et French Fries. Avant son DJ-set, on a parlé de Cómeme avec Matias Aguayo.

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Matias Aguayo l’interview

Matias Aguayo

Tu pourrais d’abord te présenter rapidement ? Je sais que tu viens du Chili, que tu as passé quelque temps à Paris et qu’aujourd’hui tu vis à Berlin. Tu as l’air de beaucoup voyager.

Je suis né au Chili, j’ai vécu une grande partie de ma vie en Allemagne, à Cologne, j’ai aussi vécu en Argentine, au Pérou et en France, à Vitry, et après je suis rentré en Allemagne, à Berlin. Mais je ne le vois pas comme une chose définitive, je ne prévois pas d’aller dans une autre ville, mais c’est peu probable que j’y reste toute ma vie.

Il y a une grosse scène électronique en Amérique Latine ? Et beaucoup de lieux pour jouer ?

C’est un peu difficile de généraliser ça, mais on peut dire qu’il y a eu un changement assez grand avec internet et la possibilité d’échanger de la musique. Parce qu’avant c’était difficile d’y accéder, pas seulement pour les musiques indépendantes qui venaient d’Europe, parce qu’il n’y avait pas de boîtes de disques indépendantes et tout ça. Il y avait aussi assez peu de contacts entre les pays, entre la Colombie, l’Argentine, le Chili. Avec internet, il y a eu des contacts, des connexions, et je crois que ça a aidé à un développement des différentes scènes. Même si on ne peut pas percevoir ça si fort dans les villes. Parce que parfois, les scènes sont très très petites, mais elles sont partout et elles sont toutes connectées, c’est un changement important. Il faut dire aussi que c’est encore plus difficile qu’en Europe de créer des infrastructures, les distances sont beaucoup plus grandes. C’est pas comme ici où on peut jouer un jour à Paris, un autre jour à Poitiers et le jour d’après à Londres. Il y a aussi des différences sociales très fortes, il n’y a pas une grande classe moyenne qui peut se débrouiller, et faire des choses. Mais au niveau musical, je crois que les dix dernières années ont été très importantes. il y a beaucoup de nouveautés musicales et rythmiques qui viennent de là-bas.

C’est à Cologne que tu as rencontré les gens de Kompakt où tu as signé tes premières sorties ?

Les gens de Kompakt, je les ai rencontrés avant que Kompakt n’existe. En fait, on a grandi ensemble, on était déjà amis dans les années 90, c’était un processus assez naturel ensuite, c’était les amis que j’avais dans une petite ville, Cologne n’est pas très grande.

C’est avec eux que tu as commencé à faire de la musique ?

J’ai toujours fait de la musique, depuis petit. J’ai toujours aimé enregistrer des choses, sur des cassettes et avec le peu d’instruments que j’avais et après sur quatre-pistes. Je n’ai jamais perçu les choses comme une rupture, j’ai toujours été dans la musique, ç’a toujours était une sorte de continuité pour moi.

Tu as fondé Cómeme il y a quelques années, à un moment où la scène électronique était assez homogène.

Oui, mais j’ai fait ça un peu à l’envers. Je me suis rendu compte dans mes voyages qu’il y avait déjà toute une autre scène, et qu’il fallait trouver un espace pour ça. Et ça, c’était Comémé. C’était pas une idée conceptuelle du genre : ok, je vais faire un label et essayer de trouver des musiciens qui font de la musique plus alternative ou bizarre, ou je ne sais quoi. En fait, je me rendais déjà compte que dans mes amis et à travers mes voyages, il y avait beaucoup de personnes qui faisaient de la musique différente. Et une grande partie venait de l’Amérique du Sud, ce qui m’a donné l’inspiration pour commencer cette aventure-là.

Comment tu définirais le style de Cómeme ?

C’est toujours un peu une réaction à une dynamique qui est déjà là. Je crois que pour survivre dans la musique, pour que ça reste intéressant, il faut éviter de trouver un son. Sinon tu deviens une caricature de toi-même. J’ai toujours aimé l’idée de ne pas s’établir. De ne pas trouver le moment dans la créativité, où on arrive à dire : ok, j’ai trouvé ma manière de travailler, ça c’est la musique que je fais. Parce que ça tue la créativité. Je trouve que ça doit toujours changer, parce qu’il y a toujours de nouvelles dynamiques, des surprises qui ne sont pas planifiées.

Par exemple, il y a Lena Willikens, avec la musique qu’elle fait, qui est très bizarre, très spéciale, et je me dis : pourquoi pas la sortir. Les motivations changent aussi, et ça c’est beau je trouve. Le label a une dynamique qui est plus forte qu’un concept. Ce sont des choses qui se passent.

Il y a aussi l’idée d’activement arriver à une égalité des genres dans le label. On n’y est pas encore complètement arrivé, même si au niveau administratif/management du label, on y est parvenu complètement. Même si moi je me vois plutôt comme un conseiller artistique ou quelque chose comme ça. Mais on peut dire qu’aujourd’hui, Comémé c’est fait par des femmes. L’idée c’est aussi d’arriver à une égalité entre les hommes et les femmes sur le catalogue du label. Ça n’est pas si facile, mais ça n’est pas impossible. On a déjà Ana et Lena, bientôt Borusiade, et à l’avenir il y en aura plus. Pour moi c’est une chose très intéressante.

C’est assez politique finalement comme démarche?

Ça fait très longtemps que je suis dans la techno, et j’ai toujours trouvé, au moins dans les endroits où j’ai écouté de la musique, qu’il y avait une dimension politique. Et même si on parle de la question des femmes, je trouve que c’est devenu pire, qu’il y a eu une régression. Quand ça a commencé il y avait beaucoup de femmes qui jouaient, il y avait une présence beaucoup plus forte des femmes. Il faut revenir à ça, aider à ça et continuer avec ça. En ce moment il y a une stimulation qui vient de cette idée pour Comémé, et on trouve de la musique incroyable !

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Écrit par: Aurèle Nourisson

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