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Hey Mother Death l’interview

today15/07/2014 261 2

Arrière-plan
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HMD playing Plan B Harald Hutter

Photos par Harald Hutter

La nuit recèle d’une musicalité bien différente de celle diurne : les sonorités sont plus profondes, pesantes, les caresses rythmiques plus mates, quant aux vocalises, elles se font plus intimes, sous le sceau énigmatique de la confession. La chanteuse et comédienne parisienne Laurence Strelka et le guitariste canadien Denma Peisinger s’escrimeraient à faire vivre leur projet commun Hey Mother Death de jour, coincé entre une immensité sablonneuse, un soleil de plomb et une mer de bleu, rien n’y ferait : nos rétines s’empourpreraient de cette encre obscure, délayant de son sang d’alcôve les artefacts de leur magie noire, entre instrumentation de velours et voix de satin. Et dans le rideau d’obscurité dressé, si la vision est obstruée, laissant libre court à toutes les fantasmagories, le sens auditif se trouve quant à lui décuplé : chaque résonance, chaque chuintement ou chaque stridence vitupère de sa condition retors une paisible courbe mélodique suspendue dans les limbes du temps et de l’espace. Le premier album du duo, Highway – sorti digitalement via leur propre label, Snake Power Records, le 24 juin dernier, présenté ici et disponible, libre d’obole et dont la moitié des dons est reversé à Amnesty international, via le site du groupe – se présente ainsi comme une virée sensible et personnelle aux confins de ténèbres ouatées, débarrassés de quelconque sentiment d’angoisse, où les rêves englobent la réalité et où l’étrange se meut en loi cardinale régentant l’écoute. L’étrange, entre exubérance et singularité, entre poésie et indicible, là où les quatre morceaux de cet Highway à la voilure cinématique se révèle inconsciemment, à mi-chemin entre les œuvres délirantes d’Alejandro Jodorowsky et celles à l’opacité tenace de David Lynch. The Hills, ode flottante et médusante à l’absence, est d’ailleurs mise en images selon ces codes et une esthétique VHS par Harald Hutter. Présentée en exclusivité ci-après, elle devance une entrevue longue à se dessiner puisqu’Halifax, en Nouvelle-Ecosse, fut récemment le théâtre d’une tempête tropicale laissant le couple dans la pénombre de quelques nuits sans électricité.

Vidéo (PREMIERE)

Hey Mother Death l’interview

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D’où vient l’idée d’Hey Mother Death, quelle est l’histoire de votre duo, et pourquoi avoir choisi ce nom ?
Where does the idea of Hey Mother Death come from, what is the history of your duo, and why choosing that name?

Laurence : Je suis venue à Halifax pour voir Denma, on s’était rencontré dans une école de théâtre à Paris mais à ce moment là Denma était retourné au Canada et je vivais toujours à Paris. Il y avait un piano dans la maison où nous habitions; je jouais presque chaque jour pendant des heures et je voulais que Denma joue avec moi.

Denma : Ça me rendait dingue parce qu’à ce moment là j’étais assez bloqué d’un point de vue créatif et l’idée de jouer avec Laurence ne m’intéressait pas du tout. Sa spontanéité et sa créativité me rendaient jaloux et m’irritait. Puis finalement un jour nous nous sommes assis et avons commencé à jouer. L’énergie est instantanément devenue intense, noire et électrique; il y a avait cette qualité de vie ou de mort, il n’y avait pas d’autres choix que de se livrer totalement au moment et à la musique.

Laurence : Je me souviens d’écouter comme je n’avais jamais écouté avant et de suivre quelque chose de complètement inconnu, mais de le suivre absolument, c’était sans choix. Je n’avais qu’à écouter et jouer.

Denma : Jusqu’à ce moment, mon approche à la musique venait de mon temps passé avec Jerry Granelli, composition spontanée, la lignée du Free Jazz, où tu écoutes et joues et la musique te dis quoi jouer; Laurence était là, naturellement.Notre connexion musicale était forte instantanément, c’était extrême et cru, quelque chose se passait. Suivre la musique et cette collaboration était sans choix après ce moment. Nous cherchions un nom pour le projet… Notre nom est inspiré du poème, morceau, de Allen Ginsberg ‘Father Death Blues’. La première ligne du poème est :’Hey Father Death I’m coming home’. C’est un morceau triste mais joyeux aussi. Nous sommes tous les deux bouddhiste et à ce moment là, nous faisions l’expérience du décès d’amis, de jeunes amis, c’était très choquant , et ça nous a fait réaliser à quel point la mort est ordinaire et la vie et le moment présent uniques. C’est aussi dans ce sens que notre nom rencontre notre musique. Ravis que tu ai posé cette question parce que notre nom peut sembler assez chargé parfois.

Laurence : I came to visit Denma in Halifax, we had met in Paris at a theatre school, but were then living in two different places. We stayed at our friend’s house and there was a piano there. I was playing the Piano every day and wanted Denma to play with me.

Denma : That was driving me crazy, because at that moment I was feeling stuck creatively and the idea of playing with Laurence did not appeal to me at all. Her spontaneity and creativity made me completely jealous and irritated. Finally we sat down together and played. The atmosphere instantly grew intense and electric black, there was this life or death energy happening of just having to totally surrender to the moment and the music.

Laurence : I remember completely listening, like I never listened before and following something completely unknown but absolutely following it, no choice. I  just had to listen and play.

Denma : Up until then, I had spent a lot of time working with the approach to music as spontaneous composition from my time spent around Jerry Granelli, the free jazz lineage, which is simply you listen to the music and you play and it will tell you what to do; Laurence was there, innately. We had this instant complete musical heart connection, it was completely edgy, raw and happening. From there it felt choice-less to keep following the music and this project. We started looking for a name. Our name is inspired from the Allen Ginsberg’s poem / song, Father Death Blues. The first line of the Poem is “Hey Father Death I’m coming home”. Its a sad song but very joyful too. We both practice buddhism, and at that time we were experiencing the death of friends, young friends, it was very shocking, but it made us realize how ordinary death is, and how special life and the present moment is. Thats where it meets our approach to music. Happy you asked about that because our name can be pretty charged for people.

Votre musique fait évoluer l’auditeur entre étrange, mélancolie et sensualité. Quelle sont vos sources d’inspirations, vos motivations ?
Your music transports the listener through strangeness, melancholy and sensuality. What are the sources of your inspirations, your motivations?

Notre inspiration vient de la musique que nous écoutons et avons écouté, de nos maîtres Bouddhistes et de notre pratique, littérature, cinéma, nos instruments, le moment présent. Principalement, notre motivation est de servir la musique, lui permettre d’avoir lieu et de suivre son propre cours. Nous sommes tous les deux plutôt intenses et passionnés et nous essayons de laisser cette énergie se manifester librement dans la musique. Si l’on ne la canalise pas cette énergie entre nous elle fini par être explosive.

Notre musique est aussi le reflet de notre expérience du monde et de qui nous sommes. Nous pensons aussi que la Musique et l’Art en général sont plus qu’une simple expression de ce que l’on ressent, et qu’un morceau, une pièce, etc.. est cette troisième partie qui vit par elle-même. La ‘Musique’ avec un M majuscule, avec ses propres besoins et volonté. Nous essayons toujours d’entendre ça et de le suivre jusqu’au bout. Etre présent dans le moment, indifféremment de si c’est agréable ou inconfortable. Des fois ça marche et des fois pas, mais si ça touche des gens, c’est plutôt cool.

Our inspiration comes from all the great music we have listened to, our Buddhist practice and teachers, literature and cinema, our instruments, the present moment. Principally our motivation is to serve the music, to allow it to happen and do what it wants. We are both really strong and passionate people so a lot of it is just allowing that energy to do what it wants in the music. If we don’t channel it, the energy between us ends up blowing up. The music is also very much a reflection of our experience of the world and who we are.

Our experience is that music and art in general is more than just expressing what you feel, it lives by itself; the “Music” with a capital “M,” with its own needs and will…We’re always trying to hear that and follow that to the end. We try to be in the present moment, regardless of whether it feels good or very uncomfortable. Some times it works and sometimes it doesn’t, if it can touch other people, thats really cool.

Dans l’inspiration, HMD développe une approche singulière à mi-chemin de l’ambiant, du spoken words, voir de la no wave. Quelles sont vos influences et comment traduisez-vous celles-ci dans vos morceaux?
Regarding your inspiration, HMD has a singular approach at the crossroads of ambient, spoken words, almost no wave. What are your influences and how do those translate into your songs?

Nous avons toujours écouté énormément de musique, des musiciens de toute sorte venant de cultures, traditions et périodes très différentes. Nous en sommes imprégnés et ça se manifeste dans nos compositions, nous influence. Nous sommes réticents à nommer des artistes, parce que l’on pense que ça ne ferait pas justice au nombre de musiciens qui nous inspirent, nous touchent.La première conversation qu’on a eu était dans le RER B vers Paris. On revenait de notre école de théâtre et on a commencé à parler de Blues et des musiciens de Blues qu’on aimait. Nous avons définitivement une connexion profonde et de coeur avec tout ce qui est rythmique, pulse & groove, une affinité avec la musique de racine Africaine. En même temps, notre relation à la musique et à la composition est aussi celle de ’sound artists’ dans le sens où nous sommes ouverts à tout ce qui se passe d’un point de vue sonore dans le moment; notre intention étant d’essayer d’écouter et de remarquer au lieu de manipuler ou juger.

Pour Mixer, nous avons été très inspirés par la tradition de King-Tubby, improvisation pour mixer de la même manière que nous composons; également les traditions d’improvisation ou ‘blowing’ venant du Jazz et du Blues, composition spontanée en jouant. Quand nous composons, beaucoup de ce qui se passe a aussi avoir avec les instruments qui nous entourent à ce moment là. On joue tout ce qui est à portée de main. Explorer le son et possibilités d’un instrument est définitivement un plaisir. Par exemple, tous les synthétiseurs et presque toutes les parties rythmiques de Laurence pour Highway viennent d’un synthétiseur qu’on a trouvé pour 20 $.

Chaque son du morceau You Left Me (de notre premier EP), à part les guitares, viennent d’une seule prise faite sur un orgue trouvé dans une école dans laquelle on enregistrait la nuit. Quand c’est devenu clair qu’on avait ce son Dub sur Highway et que c’était évident que notre ordinateur n’allait pas nous offrir le genre de reverbs & textures que nous recherchions, on est parti pour terminer l’album avec Bill Skibbe au Key Club sur la console de Sly Stone, avec des tonnes de reverbs analogue, synthétiseurs etc…

Nous écrivons tous les deux, et pendant des mois avant que nous commencions à enregistrer Highway, nous vivions dans différents continents et nous écrivions beaucoup ; quand nous avons commencé à composer, Laurence a utilisé tous ces textes qu’elle avait écrit pendant cette période. Quand nous jouons, composons, ce qui se passe est toujours assez surprenant pour nous. Parfois nous sommes totalement en désaccord quant à quelle direction la musique doit prendre, mais la musique parvient à ses fins.

Jusqu’à maintenant on n’a jamais commencé à jouer, composer avec une idée de ce que l’on veut faire, mais une fois que les premières prises ont lieu, on peut facilement passer un temps fou à mixer, faire des overdubs et explorer toutes les directions possible…

We have always been listening to all kinds of music and musicians. It’s imprinted and just comes out, influences us, inspires us. We are reluctant to name a few names, because it would not make justice to the amount of musicians who come from so many different traditions and times. The first conversation we ever had was on the RER B to Paris. We were coming from our theatre school in the suburbs and we somehow started talking about the old blues musicians who we loved. We definitely have a strong heart relationship with rhythm, pulse and groove, a deep affinity with african-rooted music.  At the same time we really relate to composition and music as ‘sound artists,’ meaning being open to all the sound happening in the moment; trying to listen and notice when you try to manipulate or judge.

Mixing wise, we have been really inspired by the tradition of King-Tubby, the improvisational approach to mixing as composing.  As well the improvisational Jazz and Blues tradition of “blowing” or spontaneously composing through improvisation. When composing, a lot of it has to do with the instruments we happen to have on hand. We play anything that is around, and love exploring the sounds and possibilities of an instrument. For example all Laurence’s synths and almost all of the original drums on the LP Highway were from a synth we got for $20. Every sound on the song You Left Me (from the first EP), except for the Guitar was one take of an organ we found in a school we were recording in at night. When it became clear we had this dub sound happening on Highway and we were hearing that our computer was not going to offer us all the of reverbs and textures that we wanted, we went to work with Bill Skibbe at the Key Club on Sly Stone’s mixing console, with tons of analog reverbs, synths…

We also are both writing text, so this is definitively a reason why spoken words happened in our music. For months, before we started recording this LP, we had been living in two different continents and writing a lot to each other, and when we started playing, Laurence just felt like putting her texts on there.

When we play / compose, where it goes is usually pretty surprising for both of us. Sometimes we even intensely disagree where it should go, but the music has its way.  Up until now, we have never started playing / composing with an ‘idea’ in mind of what we want to do, but once the first takes happened, we sometimes spend an insane amount of time mixing, overdubbing and exploring directions.

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Votre musique est également très cinématographique. Pensez-vous, au moment de composer, à une possible traduction vidéo de vos morceaux ?
Your music is also very cinematic.  Do you think, when you are about to compose, of a video translation of your songs.

Pas vraiment au moment de composer, mais nous sommes définitivement cinephiles, et pensons beaucoup a une expression visuelle de nos morceaux une fois qu’ils commencent à exister.

Not really beforehand, but we love Cinema, and dream a lot about visual expressions of the music after it once it starts happening.

On pense d’ailleurs à Alejandro Jodorowsky. Quelle est votre histoire avec lui et dans quelle mesure son cinéma et sa personne ont influencé votre musique ?
By the way, we’ve been thinking about Alejandro Jodorowsky. What is your history with him, and in which way his cinema and his person influenced your music?

Laurence : Il y a à peu près 6 ans, je suis allée vivre à New York pendant quelques mois et au moment de quitter Paris un ami m’a offert Santa Sangre.C’était le premier film d’Alejandro que j’ai vu et c’était la première fois que j’entendais parler de lui. J’ai été immédiatement touchée par son travail et essayé de trouver le reste de ses films. Impossible (A ce moment là, on ne pouvait trouver que des copies de contrebande de ses film). Juste avant que je retourne à paris, je tombe sur ce coffret qui venait d’être édité et contenait une compilation de toute son oeuvre cinématographique; j’ai tout regardé et j’ai été assez bouleversée par sa vision totalement unique.

Je retourne à Paris ; c’était l’été et la ville était déserte. Alors que je marchais de mon appartement qui était alors dans le 12ème vers Bastille, je vois un vieux monsieur sur le trottoir d’en face qui ressemble vraiment à Jodorowsky; je traverse la route, c’était lui; quittant tout juste le Téméraire où il donne des lectures de tarot gratuites de temps à autre.J’étais très émue et choquée mais j’entame une conversation avec lui, et le raccompagne jusqu’en bas de son immeuble où il me propose que nous restions en contact.Le lendemain matin, Alejandro m’avait appelé et laissé un message. Le dimanche de la même semaine, il m’a invité chez lui pour que nous rencontrions à travers le tarot. C’est comme ça que notre amitié a commencée.

Plus tard, une des ses pièces de théâtre fût finalement traduite de l’espagnol au Français. Je n’étais pas encore comédienne à l’époque mais Alejandro m’invita à donner une lecture dramatique en guise qu’audition avec son fils Brontis. J’ai eu le rôle et c’est comme ça que j’ai commencé à jouer. Alejandro venait de temps en temps à nos répétitions pour nous donner des retours quant à la direction que le pièce prenait. A ce moment là, je n’avais absolument aucun training en tant qu’actrice donc la metteur en scène m’envoyais dans tous les stages possibles, le premier acte de la pièce était aussi Masqué (demi masque de comédie Humaine) ce qui ajoutait un autre niveau de technique à acquérir. Finalement, j’ai fait un stage à l’école Philippe Gaulier où j’ai rencontré Denma.

Ma rencontre avec Alejandro et le changement qu’elle a engendrée dans ma vie a définitivement été d’une immense influence pour moi en tant que personne et artiste, c’était une rencontre totalement transformatrice où ma vie a pris un virage vraiment enrichissant et profond. Ma musique étant le reflet de ce que je suis ou ce dont je fais ou fait l’expérience, ma relation avec Alejandro et par extension son cinéma ont été de grandes inspirations. Jouer dans cette pièce m’a aussi permis de rencontrer des gens merveilleux, certains de mes meilleurs amis à ce jour.

Laurence : About 6 years ago I left Paris to live in New York and a friend offered me Sante Sangre. That was the first film of Alejandro that I saw and the first time I heard about him. I was really touched by the film and the director so I tried to find the rest of his work. Impossible (at that time his work was only existing on bootlegs). However, right before I returned to Paris, I found a box-set of all his work which had just been released, I watched it all and I was quite moved by his totally unique vision.

I returned to Paris, it was in the summer and the city was deserted.  As I was walking from my place in the 12eme toward Bastille I saw this old man on the other side of the sidewalk, and thought he really looked like Jodorowsky… I crossed the road, it was him, just leaving the Temeraire, where he was giving free tarot readings. I was sort of shocked and emotional but I started a conversation with him. The next morning I turned on my phone and saw that Alejandro had called me and left me a message,  on the Sunday of the same week, he invited me to his place for us to meet through the Tarot. From there our friendship started.

At some point a play of his got translated from Spanish to French. I was not an actress at the time, but he told me to go and give a dramatic reading with his son Brontis as an audition. I got the part and thats how I started acting. Alejandro would come once in a while to rehearsals and give us feedback. At that point I had no training at all as an actress, so the director sent me to workshops all over Paris for me to get some technique, specifically around masks for the first act of the play. I ended up at Philippe Gaulier, where Denma was also studying theatre.

For me there is no separation between Alejandro as a person and his work. Meeting Alejandro was a deep influence and transformation for me as a human being, so by extension he influenced me as an artist. He helped and inspired me so much, and starting acting opened up a complete new world for me with wonderful people.

Pouvez-vous présenter la vidéo que vous publiez aujourd’hui ?
Can you present the video you’re releasing today?

C’était un plaisir de collaborer avec Harald Hutter, qui est venu de Paris à la Nouvelle-Écosse pour filmer cette vidéo. C’était intéressant de travailler avec lui parce qu’il a l’esprit et l’oeil d’un réalisateur en terme visuel et de narration.

Denma a trouvé cette incroyable maison sur l’océan, abandonnée, avec une énergie assez inquiétante et chargée… Harald, quand il l’a vu, est tombé complètement amoureux de l’endroit et a décidé de tourner là-bas. Aussi, Harald pense que la qualité très texturale du VHS et ses couleurs saturées crée une combinaison intéressante avec le morceau.

Même si au départ nous avions toutes sortes de concepts, au final, c’était un tournage assez spontané ; l’intention était vraiment de suivre le morceau et son énergie. La maison de son côté aussi a commencé a manifester des occurrences assez surnaturelles… ce qui était… intéressant.

We were really happy to be able to work with a great director, Harald Hutter, who came to shoot with us in Nova Scotia from Paris. It was very interesting working with Harald because he has the mind and eye of a director, in terms of image and narration, which was very enriching and educational for us.

Denma found this incredible abandoned mansion on the ocean, with quite an eerie vibe, and Harald immediately fell in love with it and decided the shooting should happen there. Harald thought that the medium of VHS would really suit the music with its saturated colours and glitches. Even though we originally had all sorts of concepts, it turned out to be a very spontaneous shooting the song and its energy.

The house also started lending some supernatural occurrences which were… interesting…

Pourquoi chanter en anglais et en français. Le bilinguisme a-t-il une signification pour vous ?
Why singing in english & french?  Does bilinguism have a signification for you?

Laurence : Les deux langages ont des qualités très différentes, ce qui est intéressant, j’écris en français et anglais, c’est la principale raison, on a aussi utilisé un texte de Denma en Anglais.

Denma : L’accent de Laurence rend le tout assez intéressant , bon.

Laurence : Both languages have very different qualities and vibes, and I write in French and English, and Denma writes in english, so that’s just the way it happened.

Denma : Laurence’s accent makes anything sound pretty interesting, bon.

Highway, votre premier LP, est récemment sorti via votre propre label. Quelle est sa genèse, sa trame ?
Highway, your first LP, recently came out on your own label. What is its origin, its story?

Highway était vraiment un apprentissage épique. Les enregistrements ont commencé dans un petit village à la nouvelle Ecosse. C’était en fait la première fois que l’on a commencé à travailler ensemble d’une manière concentrée.Nous nous sommes dédié au projet d’une manière absolue et totale, et donc nous étions tous les deux dans une positon assez vulnérable.

Une fois les premières prises faites, nous avions vraiment des visions différentes quant à comment approcher l’album; Laurence ressentais le rythme & groove qui existait déjà dans la musique alors que Denma avait une vison plus ambiante et proche du moment original d’improvisation.

Nous apprenions aussi à être autonomes et à trouver le son que nous recherchions en tant qu’ingénieurs, sans nécessairement savoir ce qu’il était au départ. Donc beaucoup de temps a été dédié à la recherche de notre identité pour cet album.

C’était un effort considérable, beaucoup d’obstacles à surmonter en même temps. On a vécu dans 10 endroits différents pendant l’enregistrement de cet album, l’un d’eux était l’appartement de 30 m2 de Laurence que l’on a transformé en studio et dans lequel nous habitions tous les deux, et pour finir, essayer de terminer l’album pendant 4 mois dans une maison violemment hantée dans le Limousin dont nous avons dû nous enfuir.

Les deux années sur cet album étaient vraiment un processus de distillation de notre relation & travail ensemble qui nous a permis de découvrir et comprendre notre dynamique créative.

For us Highway was about learning and coming together as a band. The recordings started in a little village in Nova Scotia. That was the first time we actually started to work and live together in a concentrated way. We entered into it with out holding anything back, with a lot of passion and energy, so we were both in a vulnerable position and also really pushing and challenging each other.

We originally had very different visions of how to approach the music once the first takes were done. Laurence really saw the groove and rhythm that existed in the music, and Denma felt it should stay more ambient and pure to the original moment of improvisation. We were also learning how to be self sufficient, getting the sounds we were looking for as engineers with out at first necessarily knowing what they were. So for a while we were constantly searching.

It was an intense effort, and there were all these obstacles that happened that we had to overcome at the same time. We lived in 10 different places during the recording of the album, one of them was Laurence’s 30sq meter studio in Paris that we turned into our recording studio and lived in aswell, another place where we spent 4 months was a literally violently haunted house in Limousine France, that we finally had to flee from.

The two years that we were working on the album was really a process of distilling all our crazy dynamics and relationship down into this powerful creative process.

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Est-il le prolongement de votre premier EP éponyme ou au contraire avez-vous fait en sorte de rompre avec celui-ci, du moins dans la méthode de composition ?
Is it the extension of your first eponymous EP, or on the contrary, did you want to break from it, or at least in the method of composition?

Le premier EP s’est juste produit, d’une manière complètement innocente. Il y avait tellement de tension entre nous, comme toujours et comme c’est toujours le cas. Il y a avait cette force, quelque chose se passait et nous en faisions l’expérience mais nous n’avions aucune idée de quoi il s’agissait. Le processus de l’EP a eu lieu sans beaucoup de pensée, tout s’est passé très rapidement et l’album était simplement terminé.

Subitement, on a sorti une cassette, commencé à jouer et reçu des retours positifs sur l’album. On imaginait qu’il en serait de même pour le nouvel album, que tout se passerait de la même manière immédiate, mais cet album avait besoin de beaucoup plus. Le premier été, nous sommes allés terminer le mix dans un studio et sur le retour quand  nous avons écouté l’album pensant qu’il  été terminé, nous étions tellement choqués que Denma a donné un grand coup de frein et on a presque eu un accident.

C’est à ce moment là que notre recherche a commencé. Pour cet album, notre manière de composer a été la même que pour le EP, improvisant d’abord, puis faisant des prises multiples, overdubs et beaucoup de mixage parce que c’est ce dont la musique avait besoin. Le rythme et le groove de cet album sont définitivement une rupture avec le EP.

The first EP just happened, in this totally innocent way.  There was so much tension already between us, like there always is. There was this total power to it, something was going on, and we were experiencing it but had no idea what it was, or if people would connect with it. The process for the EP happened without a lot of thought, it happened really fast, and then the music was simply done. All of a sudden we put out the cassette, started performing,and were getting really positive feedback for the music.

We assumed that the new music that would eventually become Highway would happen in the same immediate way, but the music demanded a lot more. The first summer, we took the songs of Highway to a studio to finish the mix. We left thinking we had finished the album, started driving back and put the music on. When we heard how it sounded, we were so shocked and upset that Denma slammed on the brakes of the car and we almost had an accident. Thats where our search really started.

We approached the composition in the same way as for the EP, improvising at first, but then making multiple takes and overdubs and mixing because the music needed that.  One thing that was really a break away from the EP was all the groove and rhythm that the music needed. 

Parlons de Snake Power Records. Créer son propre label, est-ce une façon de garder son indépendance – et donc sa liberté totale – ou est-ce le signe apparent qu’il est compliqué de trouver le bon label ?
Let’s talk about Snake Power Records. Is creating your own label a way of keeping your independance – and one’s total freedom- or is it a sign that it is complex to find the right label?

C’est très important pour nous en tant qu’artistes, d’un point de vue créatif de pouvoir présenter notre musique, où les gens peuvent l’écouter et en faire l’expérience d’une certaine manière.

C’est tout à fait possible avec un label, mais nous n’avons pas trouvé le bon pour le moment et Snake Power Records nous offre une position et une plateforme qui nous permet de faire les choses à notre manière, immédiatement.

L’album a été entièrement produit par nous-mêmes, et nous avons investi beaucoup d’énergie et d’attention dans chaque détail; du mixage, à l’ingénieur pour le mastering (Mandy Parnell / Black Saloon à Londres), à de quelle manière le vinyle serait pressé (certifié écologique et qualité audiophile) , la plateforme et le prix auquel l’album serait accessible à l’auditeur (depuis notre plateforme uniquement et directement, paie ce que tu veux, la moitié des profits vont à des charités, le moins possible à des corporations et services qui, nous pensons chargent les musiciens beaucoup trop pour la vente de leurs produits), et évidemment de quelle manière nous présentons visuellement la musique.

Ayant été en charge de toute la production nous même, un label est intéressant pour nous si c’est une rencontre pertinente. Nous sommes ouverts à collaborer avec un label surtout maintenant, ça nous permettrait définitivement d’avoir plus de temps pour composer et jouer et d’offrir notre musique à une audience bien plus large. En ce moment, nous sommes en discussion avec des labels à propos de la co-sortie du vinyle.

Its very important for us as artists for our creativity to extend from the music all the way to how people are actually meeting it and experiencing it. We think that could happen with a label, but we did not find the right one yet, and Snake Power Records gives us the platform and position to be able to do things our way immediately.

We completely produced and put so much care into every single aspect of the whole record, from mixing, to finding the best and most appropriate mastering engineer, (Mandy Parnell from the Black Saloon in the UK), to how the vinyl would be pressed (on ecologically certified and audiophile grade vinyl), to the platform and price that the music would be made available to listeners (direct from us, pay what you like, half of the proceeds going to charity, as little as possible goes to corporations and services that we think charge musicians too much) and of course how visually we are going to present this music.

Because have been in charge of every aspect of the production our selves, a label is interesting for us if its a relevant meeting. We are  open to collaborating with a label, especially now that would definitely allow us to spend more time making music and give our music to a larger audience. At the moment we are in talking with some labels, regarding the co-release of the vinyl.

Quel est le futur proche d’HMD ?
What is the near future of Hey Mother Death?

Travailler sur l’aspect visuel de la musique est quelque chose qui nous intéresse beaucoup. Collaborer avec des réalisateurs et filmer d’autres vidéos pour nos morceaux. Nous avons une autre vidéo qui est terminé, réalisée par JF Julian, qui est presque l’opposé de ce que nous présentons aujourd’hui.

Nous sommes impatients d’être sur scène, tous les deux ou avec d’autres musiciens, jouer pour un public offre tellement de possibilités et challenges. Nous sommes vraiment très enthousiastes à l’idée de partir en tournée. Nous avons aussi commencé à composer de nouveaux morceaux…

Working more on the visual aspect of the music is something we are very interested in. Shooting more video and working on them in a very cinematic way with other directors. We have another video wrapped, shot with JF Julian, that is almost the opposite of the one we are releasing today.

We are impatient to be on stage as the two of us or with a band with other musicians, playing live brings so much possibilities and challenges. We are really looking forward to touring. Some new music has started appearing too…

Tracklisting

Hey Mother Death – Highway (Snake Power Records, 24 juin 2014)

01. Highway
02. The Hills
03. Bad Sex
04. Snake Power

Écrit par: Thibault

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Commentaires d’articles (2)

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  1. Nicolas sur 16/07/2014

    Un ami m’a recommandé ce groupe. L’article qui introduit l’interview est si abscons que j’en ai abandonné la lecture. Pour ceux qui sont comme vous -so hype! -, je suis sûr qu’ils ont pris plaisir voyeur à cet exercice d’auto-érotisme où vous vous contemplez écrire. Pour les autres, les pauvres qui ne connaissent pas déjà Hey mother Death, je vous en prie, daignez mettre quelques infos compréhensibles dans votre article.
    « coincé entre une immensité sablonneuse, un soleil de plomb et une mer de bleu, rien n’y ferait : nos rétines s’empourpreraient de cette encre obscure, délayant de son sang d’alcôve les artefacts de leur magie noire, » franchement, ça fait rire. Vous vous êtes relu ? C’est du lyrisme de teenager…
    Je préfère « se présente ainsi comme une virée sensible et personnelle aux confins de ténèbres ouatés, débarrassés de quelconque sentiment d’angoisse, où les rêves englobent la réalité et où l’étrange se meut en loi cardinale régentant l’écoute. » La phrase est trop longue (et où – trop lourd) mais l’image est jolie (confins outés ou ténèbres outéEs)

    Il fallait que quelqu’un vous le dise.

HZ since 2007

Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous  explorions  sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !

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dieu vous le rendra….

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