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Girls Names – The New Life

today10/02/2013 87 2

Arrière-plan
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Quelques formats courts – dont un EP inaugural paru en 2010 via l’infaillible catalyseur Captured Tracks – trois split singles – deux avec les Californiens de Brilliant Colors et Heavy Hawaii, un partagé avec les Londoniens de Weird Dreams – ainsi que Dead to Me, un LP conjointement sorti via les structures Tough Love Records et Slumberland Records, auront donc suffit au désormais quatuor Girls Names pour installer son patronyme dans la liste des futures formations propulsées sur les devants de la scène. Ajoutez à cela le maxi The New Life, comprenant une relecture de ladite chanson par JD Twitch Optimo et annonçant dès novembre dernier l’album du même nom à voir le jour le 18 février prochain, et le quidam retient littéralement son souffle à la veille de l’éclosion imminente et savamment orchestrée d’un énième phénomène dont il se jure de ne rien louper – quitte à prépayer dès aujourd’hui son pass trois jours au Festival Pitchfork. Au bout du rouleau, empêtré dans un hiver à la rudesse névrotique, le quidam en question n’arrive d’ailleurs plus à s’astiquer les tympans, ni à l’écoute du déjà éculé Calendar des Russes de Motorama (lire), ni à celle, sous perfusion rétro-pédalo, des Américains de Blouse (lire). Il se fade et s’enthousiasme pour Aline (ex-Young Michelin), c’est dire. Putain de dépression. Et si les Belfastois emmenés par Cathal Cully n’ont cure des pannes érectiles inhérentes à la grégarité indie – ne rechignant pas à arguer de-ci de-là que The New Life est l’occasion à la fois d’un nouveau départ et d’un perfectionnement susceptibles, pour eux, d’envisager sereinement l’avenir, « The New Life is what follows now » – il n’empêche que leur tambouille, censée embraser les cœurs en dix morceaux, s’avère foutrement malhonnête.

Pas question ici de faire le procès d’un groupe sans âme, les Irlandais ayant quoiqu’il arrive toujours une âme, mais plutôt de questionner l’originalité, voire l’essence, d’un disque réussissant à mettre tout de go l’auditeur mal à l’aise face à ses propres contradictions : bien qu’agréable à écouter et remarquablement produit, bien que transpirant de maîtrise et dépeignant à merveille le gris retors du ciel – La nuit pluvieuse clapote sur tout, embrasse partout hommes, femmes et villes en un flot unique de poésie triste (Kerouac, Les Souterrains) -, The New Life glisse dans le temps tel un aréopage éphémère, de vide et de rien, telle une vaste crevasse sombre où gisent mollement fantômes du passé et figures décaties du présent. Surpris d’apprécier de si détestables pantomimes de Wire, Joy Division ou The Cure, n’éludant pas même les filons grossiers de leur inspiration, on tape du pied dès Drawing Lines et Hypnotic Regression plantant derechef ledit décorum testamentaire, celui où s’enchevêtrent autour d’une voix à la gravité caverneuse – legs intemporels d’un Ian Curtis, Morrissey ou d’un Robert Smith, le charisme en moins -, lead guitare volage, basse ronde, batterie sèche et minimaliste. Que Martin Hannett se retourne dans sa tombe mancunienne. Véritable capharnaüm post-punk, siphonnant s’il le fallait les canons de l’indie-pop chère à Echo and the Bunnymen ou The Smiths, The New Life pourrait presque faire l’objet d’un test de paternité : n’est-ce pas l’album que The Horrors n’a jamais pondu après Primary Colors ? Pomper Faris Rotter, passé maître dans l’art de ne rien inventer, fallait y penser. Chacun s’arrangeant avec sa propre morale, les évidentes A Second Skin et The Olympia seront perçues ou non telles de véritables fulgurances, Projektion telle une iconoclaste figure de style – où d’un break surgit de vacillantes saturations – et le morceau-titre The New Life comme une mise à jour pop de l’oxymore krautrock – juxtaposant stricte discipline et liberté absolue. Mais en fait, avec The New Life, sublimement cohérent et référencé, Girls Names grave dans le sillon le défaut de ses qualités : quelque chose qui ressemble à l’ennui. Taillé pour le Festival Pichfork on vous dit.

Agenda

Girls Names sera en concert le 27 février au Point FMR.

Audio

Tracklist

Girls Names – The New Life (Tough Love Records / Slumberland Records, 2013)

01. Portrait
02. Pittura Infamante
03. Drawing Lines
04. Hypnotic Regression
05. Occultation
06. A Second Skin
07. The Olympia
08. Notion
09. Projektion
10. The New Life

Écrit par: Thibault

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Commentaires d’articles (2)

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  1. AlexTwist sur 12/02/2013

    La nouvelle orientation du groupe est regrettable tant le premier album était une des bonnes surprises de l’année 2011. Il était bien plus original et personnel, et moi aussi je trouve dommage de voir ce groupe au son si particulier (mélange de guitares rock n roll, de reverb, avec ce coté un peu gothique) se rabattre sur une orientation bien plus commune et déjà explorée mille fois ces derniers temps.

    On pourra toujours se rabattre sur le side-project Sea Pinks fidèle à une esthétique indie-pop sans détours inutiles et dont le second album (dans la parfaite lignée du premier) est sorti l’année dernière dans une certaine indifférence.

  2. Thibault sur 15/02/2013

    Hello, et bien merci, je vais voir du côté de chez Sea Pinks. Sinon bien indie, y’a Alpine Decline. C’est pas mal non plus.

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