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Adele Pickvance, bassiste, Glenn Thompson, batteur. Une section rythmique, certes, mais sous la houlette de deux orfèvres au sein de la dernière formation en date des illustres Go-Betweens. Deux musiciens ayant fait partie intégrante du retour au premier plan de ce groupe aux deux périodes aussi réussies l’une que l’autre… Jusqu’au drame, ce jour de mai 2006 où Grant McLennan est retrouvé mort dans sa demeure de Brisbane ce qui (re)dissocie le duo magique qu’il formait avec Robert Forster mais cette fois-ci pour l’éternité, scellant définitivement l’existence du mirifique collectif australien. Hériter et repartir, ainsi donc s’inscrit la problématique Adele & Glenn : quelle orientation donner à sa carrière musicale lorsqu’on a eu la chance d’évoluer au sein d’un des plus grands groupes pop de ces trente dernières années emmené par deux compositeurs au talent et à la sensibilité incomparables ? Faire abstraction de son nom de famille peut-il suffire à effacer le lourd fardeau qu’un tel héritage peut engendrer ?
Autant de questions que le duo, finalement, semble s’être refusé de se poser. Car l’intelligence des deux comparses réside en  premier lieu dans le fait de s’accepter musicalement, de ne pas renier les valeurs transmises par leurs ex-compagnons de route mais de les magnifier à leur manière, avec leurs propres armes. C’est en effet une extrême simplicité, au sens le plus noble du terme, emprunte d’une certaine humilité, qui émane des premières écoutes de Carrington Street, essai inaugural du groupe, sorti chez Glitterhouse Records le 27 août. Rien de hasardeux dans tout cela tant les deux musiciens se sont donnés le temps de faire mûrir ce projet durant plusieurs années, de peaufiner ces dix compositions aussi éclectiques qu’authentiques.
C’est bien un véritable exercice de style qui nous est proposé tout au long de ce délectable opus : l’introductif I Dreamt I Was A Sparrow  et sa ligne de basse bondissante soutenue par la douce voix d’Adele Pickvance insuffle immédiatement un vent de douce folie et de légèreté, fil conducteur de cet album aux orientations riches et variées. Car si ce premier morceau lorgne sans vergogne du côté de Crowded House, autre représentant de la grandeur pop océanienne qui ne cesse de nous émerveiller depuis plus de trente ans, le ton adopté change ensuite au gré des morceaux, mettant ainsi en scène la capacité du duo à jouer avec les genres sans jamais cependant tomber dans la caricature. De l’émouvante ballade Auntie Nelly avec son piano chatoyant et son orchestration tout en crescendo en passant par le très jazzy Tomorrow Today, les singularités s’enchaînent, entraînant un déferlement de petites pépites toutes plus originales les unes que les autres. Alors que Rescue avec ses airs de démo tout droit sortie de 16 Lover’s Lane ranime la flamme affective et rend un hommage d’une rare justesse au groupe de Brisbane, Remembering Names en forme d’inédit de Teenage Fanclub totalement assumé, chÅ“urs ensoleillés et guitare soyeuse à l’appui, joue la carte du petit hymne et envoie un énormissime clin d’œil en direction de l’Écosse, cette autre terre bénie de la pop. Une Å“uvre décidément évocatrice du nord du Royaume-Uni, tant au travers du somptueux Grey Suits, petite pièce en forme de chef-d’œuvre atemporel, c’est surtout à la bande de Stuart Murdoch que nous sommes tentés de faire référence. En effet, ce morceau  aurait pu être l’œuvre d’un Belle & Sebastian perdu quelque part entre ses périodes Jeepster et Rough Trade mais capable d’éradiquer toute maladresse volontaire dans le chant, la production ou l’orchestration  tout en gardant un côté authentique et sincère, virage que n’est pas parvenu à négocier en son temps le leader du groupe de Glasgow.
Å’uvre au caractère kaléidoscopique d’une rare pureté mélangeant pop, rock et folk voire country comme sur ce Happiness hanté par la présence de John Fogerty, où ces voix féminines et masculines soutenues par un harmonica s’entremêlent avec grâce, Carrington Street n’en demeure pas moins un disque évocateur d’une certaine cohérence, les différents morceaux le composant se distinguant au final plus par leur complémentarité que par leur différence. Adele & Glenn sont parvenus avec subtilité à faire de leur héritage une réelle richesse afin d’offrir un album inaugural chaleureux et sans simulacres. Devoir de mémoire ? « I’ll dive for your memory », assurément, sans aucune concession.
Adele & Glenn – Carrington Street (Glitterhouse Records, 2012)
1. I Dreamt I Was A Sparrow
2. Tunnels
3. Tomorrow Today
4. Grey Suits
5. Auntie Nelly
6. Rescue
7. Remembering Names
8. City Of Sound
9. Happiness
10. Earthly Air
Écrit par: Eric
2012 Adele & Glenn Glitterhouse Records
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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