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Woods l’interview

today25/06/2013 83

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602992_634673209895800_710497179_nVoila plusieurs années maintenant que Woods s’est installé parmi les rares groupes dont on attend à chaque fois impatiemment la prochaine sortie. Tout en y ajoutant la décence de ne jamais nous faire patienter trop longtemps. En effet, depuis sa création il y a sept ans – à l’origine un projet acoustique et solitaire de Jeremy Earl – Woods illumine chaque année d’un nouveau disque indie-pop délicieusement imbibé de psychédélisme sixties et de krautrock vagabond. Pour fêter l’arrivée du petit nouveau sorti l’année dernière sur son propre label, le somptueux Bend Beyond, le groupe new-yorkais était de passage le mois dernier au Point Éphémère à Paris, scène idéale pour donner vie à leurs compositions. Et l’occasion de discuter un peu avec le brillant multi-instrumentaliste et manieur de douze cordes Jarvis Taveniere.

Vous avez publié sept albums en sept ans depuis la création du groupe avec une qualité croissante. Comment tenez-vous le rythme ?
Seven albums in seven years, the new one being always better than the last. How do you do it?

On ne fait pas partie des groupes qui partent en tournée sept mois dans l’année. Du coup, on reste beaucoup de temps à la maison à écrire. On apprécie beaucoup la compagnie de chacun d’entre nous et on aime passer du temps ensemble. Même si on a commencé à tourner davantage depuis l’année dernière, on reste des amis et des fanatiques de musique qui ne peuvent s’empêcher d’avoir des idées pour un nouvel album. Mais cette année sera probablement la première année sans disque de Woods.

We’re not one of those bands that goes on tour for seven months out of the year. Because of that we’re just home a lot writing. And maybe enjoying each other’s company, not getting too stressed out by being too close to each other, day in and day out. Although we have picked up touring in last year, we’re all just friends and record fanatics which can help just getting ideas and starting a record. But this will probably be the first year we don’t do a record.

Bend Beyond semble plus produit que les albums précédents. Avez-vous changé votre façon d’enregistrer ?
Bend Beyond seems much more produced than your previous records. Did you change something in your way of recording?

Légèrement. Depuis le début, on a enregistré tous nos albums nous-mêmes. On a pris la décision après Sun and Shade de prendre plus de temps avec le disque suivant, de faire une version à la maison de ce qu’on imagine que les groupes font lorsqu’ils vont dans un studio. Normalement, on a une idée, on appuie sur « record » et on joue. C’était cette ambiance spontanée que l’on souhaitait retransmettre dans notre musique. Mais ce processus était tellement similaire d’album en album que, même si l’on progressait, nous savions avec Jeremy que l’on allait s’ennuyer à refaire une nouvelle fois la même chose.

A little bit. We’ve recorded all of the albums ourselves. It was definitely a decision when Sun and Shade was finished that we would take a little more time with the next record, do a home recorded version of what we think bands do when they go to studios. Normally we get idea, we hit record, get excited and go for it. That’s been the spontaneous vibe we wanted to sound like. The process for the last few records was so similar, even if I think we were getting better at it, that we knew with Jeremy we would be bored doing the same thing again.

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Il existe sur Bend Beyond une ambiance qui se développe au fil des chansons. Est-ce que vous pensez à la structure de l’album lors de l’écriture ?
You created a mood on Bend Beyond that is developed from song to song. Did you think of the album structure while writing?

On a tout fait dans la maison de Jeremy. On a mis une journée à tout installer, à se servir de la maison, et surtout de la salle à manger. C’est le son de cette pièce que l’on retrouve tout au long du disque et qui lui donne cette cohérence.

We did the all thing at Jeremy’s house. We spent a day bringing all the gear and setting it up, just using the house and mainly the dining room as the vibe. It is the sound of that room that is on the whole record.

Une chanson comme Bend Beyond donne l’impression de pouvoir durer à l’infini en concert…
A song like Bend Beyond sound like they could go on and on in live…

Bend Beyond est une chanson que l’on joue en concert depuis un an et demi maintenant. Les premières versions du morceau étaient assez désastreuses ! On était encore inexpérimentés comme live band, ayant été majoritairement un projet studio pendant quatre ans. Au final, on a raccourci Bend Beyond pour la mettre sur l’album. Elle durait plus d’une vingtaine de minutes à l’origine.

Bend Beyond was a song we’ve been playing live for about a year and a half. Early versions of it could be pretty disastrous! We were such a new band as a live band, being a recording project for four years with minimal live shows. Bend Beyond is actually a song we scaled back for the recording. It was twenty minutes live, and now it’s a little bit shorter.

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Vous avez toujours une chanson ou deux sur un disque qui s’aventure en territoire krautrock, comme Cascade ou Out of the Eye. C’est un style que vous écoutez souvent et qui vous inspire ?
You often have a song or two on a record that goes into krautrock territory, like Cascade or Out of the Eye. Is it a style of music you often listen to and inspires you?

Des groupes comme Can et Neu! sont très importants pour nous. Lorsque j’ai commencé à être impliqué dans Woods, on s’est tout de suite retrouvé là-dessus avec Jeremy. Et tout l’intérêt de Woods est qu’aucune idée n’est à bannir. Il n’y a jamais eu aucune frontière, on voulait pouvoir tout explorer, même si ça ne collait pas forcément avec ses chansons acoustiques. Mais on ne s’est jamais dit : « Tiens, et si on faisait du krautrock ?« , c’est venu naturellement. Cascade par exemple n’a jamais été écrite. Les micros étaient allumés alors qu’on jouait et on a aimé ce que ça donnait.

Can and Neu! are really big for us. When I first got involved with Woods, it was something we both liked with Jeremy. And the point of Woods is that no idea does not belong. There was no frontier for us, we wanted to explore, even if it didn’t make sense with his acoustic songs. And it wasn’t even something we thought about, like “let’s do krautrock”. Cascade wasn’t even written. The mics were up and we were just doing things and we liked the way it turned out.

Vous venez de New-York mais votre musique semble venir tout droit de Californie. Vous vous être trompé de côte ?
You come from New York but your music sound like it comes from California. Do you come from the wrong coast?

Je pense que nous avons une vision romantique de l’autre côte. Lorsque j’étais jeune, je ne partais jamais en famille pour les vacances. Les tournées m’ont donné l’opportunité de voyager pour la première fois et de découvrir la Californie. C’est un long chemin en partant de New-York et c’est un endroit complètement dépaysant : il y fait toujours beau, c’est assez inspirant. Mais je pense que si l’on y habitait, on fantasmerait sur New-York.

I think it’s just romanticizing about the other coast. When I was younger, I didn’t ever go on family vacations so touring was the first time I got to travel and go to California. It’s a long drive across the country, especially if you live in New York and it’s pretty different, inspiring, the weather is always nice. If we lived there, it might be the opposite, we would probably be fantasizing about New York.

Est-ce que vous pensez que vous auriez la même liberté si vous étiez sur un autre label ?
Do you think you could have the same freedom of writing if you were on another label?

De nos jours, je suppose que oui. Dans les années 90, lorsque j’étais adolescent, on étendait toujours parler de ce contrôle créatif contre lequel les groupes se battaient. Mais maintenant je pense que tout est beaucoup plus ouvert. Donc je ne pense pas que ce serait un gros problème si l’on était sur un plus gros label.

These days, I have to assume. In the nineties, when I was a teenager, you always heard about this creative control. I know that it was a real thing people were fighting against. But now, it just seems like everything is wide open. So if we ever sign on a bigger label, I don’t think that would be an issue.

Donc vous vous voyez sur un autre label à l’avenir ?
So do you see yourself in another label in the future?

Je ne sais pas. En tant que fan de musique, c’est toujours excitant de se dire : « Oh j’adorerais être sur tel label ou avoir le logo de ce label sur notre pochette« . Mais quand je pense aux groupes qui m’ont vraiment inspiré, ils avaient tous leur propre label, à l’image de Fugazi. Il y a de quoi être fier à se dire que l’on a enregistré tous nos disques tout seuls.

I don’t know. Being a music fan, it is exciting to think “oh, that would be cool to be on that label, to have that label logo on your record”. But then when I think about bands that really inspired me, they all had their own labels, like Fugazi. It’s really something to say that every record we made, we recorded ourselves. It’s something to be proud of.

Qu’est-ce que vous écoutez lors de cette tournée ?
What do you listen to on tour?

En ce moment, j’écoute des podcast d’humoristes interviewant d’autres humoristes. Je ne sais pas du tout comment je m’y suis mis mais je trouve ça très inspirant : entendre ces gens parler de leurs performances et de leur cheminement de pensée dans un univers artistique très éloigné de la musique. On se rend compte qu’ils ont les mêmes épreuves et doutes que nous.

On tour, I’ve actually been into listening to podcast of comedians interviewing other comedians. I don’t know how I got into it, but I find it so inspiring :people talking about their performance and how they get ideas but for a total different art form as music. You realize they are having the same struggles and doubts as you.

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Écrit par: Guilhem

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