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Galaxie 500 – l’intégrale

today05/05/2010 123 3

Arrière-plan
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l_96eec75d3ad84705aa3f31a3b424a78dUne voiture roule tranquillement sur le bitume. Une Galaxie 500 pour être tout à fait exact. Le véhicule arpente les étendues désertiques de l’Ouest américain, traversant la brume sans réel but ni réelle destination. Ses passagers n’ayant pas d’autre quête que de rouler, encore et toujours, à l’instar des héros du film Macadam à deux voies de Monte Hellman. Dean Wareham, Damon Kurkowski et Naomi Yang s’offrent une ballade vers l’éternel couchant, figeant le temps pour mieux contempler le paysage qui file devant eux.

On ne sait pas si c’est son avant-gardisme ou sa courte discographie qui aura causé au groupe sa confidentialité, mais il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui l’héritage du trio est un trésor sauvagement dévalisé. Il aura donc fallu attendre vingt ans pour voir le catalogue de ces héros de la dream pop réactualisé. Les originaux de ces rockeurs sous novocaïne étant passés entre les mains d’Aurora, de Rough Trade, avant que Domino n’en récupère les droits et réédite les trois chefs-d’œuvre de Galaxie 500 en édition Deluxe. Il était plus que temps de remettre au goût du jour les classiques presque oubliés que furent Today, On Fire et This Is Our Music. Trois albums qui donnèrent naissance au mouvement slowcore, et révélateur de groupes comme Low, Slowdive, Mazzy Star ou encore Chokebore.

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Si l’influence du Velvet se fait sentir dès les premières notes de Flowers en ouverture de Today, de par son climat vaporeux et opiacé, il s’en dégage également une certaine légèreté que n’a jamais atteinte le groupe à la banane. Il se dégage des mélodies un flottement dû à des volutes psychédéliques, plus particulièrement sur Today qui se dissipera peu à peu par la suite mais sans jamais réellement disparaître. Ce premier album des Galaxie 500 porte d’ailleurs parfaitement son nom puisqu’il semble bloqué dans un immobilisme apaisant mais éphémère, les dix titres portant ce fort sentiment d’apesanteur et s’en allant avec lui. Le trio l’avait compris, pas besoin d’être maestro des instruments pour composer de la bonne musique. Deux accords, trois au plus, suffisent. Ce minimalisme touchant rehaussé par la production cotonneuse de Kramer sera au fil des années la marque de fabrique de nos Galaxie 500. C’est sur ce schéma que sera composé l’imparable Tugboat, pop-song langoureuse, en avant-garde sur le mouvement grunge et portant les stigmates d’une jeunesse tombée dans l’ennui. La réédition de ce premier album s’accompagne de Uncollected, une compilation déjà parue en 2004 comprenant quatorze titres rares, dont inédits et reprises des Rutles, des Young Marble Giant ou encore de Jonathan Richman.

Le Velvet avait commencé en douceur avec The Velvet Underground And Nico puis avait durcit le ton sur White Light/White Heat. Le trio basé à Cambridge en fera de même sur On Fire. Le chant de Dean Wareham se fait nettement moins volatile, notamment sur Strange ou Leave The Planet, alors que les sonorités se partagent entre le feu et la glace, le jeu de guitare de Wareham sonnant nettement plus noise. Pourtant de belles ballades comme Another Day ou Tell Me s’efforcent de découvrir la face lunaire de ce groupe décidément hors du temps et de l’espace. Et malgré l’électricité, plus palpable, le groupe continue de s’enrouler d’un voile de fumée (Plastic Bird), ne cédant à aucune facilité, empruntant une route qui est définitivement la sienne. On retrouve également deux étonnantes reprises sur cet album, le bouillant Ceremony emprunté à Joy Division mais surtout le magnifique et transcendant Isn’t It a Pity originalement composé par George Harrison, que le trio sublime en parfaite pop-song sous narcotique. Domino aura eu la bonne idée d’ajouter en complément de cette nouvelle édition, l’inégalable Peel Session enregistrée entre fin 89 et début 90, regroupant quelques-uns des plus beaux morceaux du band qui fit la gloire de l’écurie Ford.

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J’aime à penser qu’à l’aube de l’enregistrement de This Is Our Music les trois membres de Galaxie 500 savaient déjà qu’ils signaient leur dernier album ensemble. Loin de tout héroïsme ou d’iconisme superflu, le groupe se livre à ce qu’il sait faire de mieux. Un chant du cygne aussi glorieux ne peut pas tout à fait être dû au hasard. Et en ressort un album emblématique, malheureusement tristement oublié. Une ode à la lenteur, qui laisse l’auditeur la bouche pâteuse, entre rêve et réalité. Pourtant il semble difficile de passer entre les mailles du filet du vaporeux Hearing Voices ou du mélancolique Spook. Ce dernier titre ayant à lui seul probablement influencé toute la carrière de Low. Il faudra d’ailleurs attendre cet ultime opus pour entendre Dean Wareham, Damon Kurkowski et Naomi Yang rendre enfin hommage à leurs idoles de toujours à travers la reprise du titre Here She Comes Now. Si le moteur ralenti déjà sur King Of Spain, Part Two, l’unique live enregistré complétera cette ressortie inestimable.

C’est pourtant un soir du printemps 1991 que le moteur lâcha aux abords de New-York. Fini les décors stagnants et le ronronnement de la belle Ford. Le chauffeur s’extirpe de son siège, reprenant sa route en solitaire, marchant lentement sur le bitume brûlant. Celui-ci ne se retournera pas, alors que tandis que la nuit tombe, les néons de la ville le rappellent à elle. A l’arrière, les deux passagers s’allument une cigarette et attendent. C’est la fin d’une belle époque. Mais bientôt viendra l’été, et leur heure avec lui…

Audio

Galaxie 500 –Tugboat
Galaxie 500 – Strange
Galaxie 500 – Spook (Live Copenhagen)
Galaxie 500 –Hearing voices
Galaxie 500 – Don’t let our youth go to waste (Peel sessions)

Tracklist


Galaxie 500 – Today & Uncollected

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CD1
1. Flowers
2. Pictures
3. Parking lot
4. Don’t let our youth go to waste
5. Temperature’s rising
6. Oblivious
7. It’s getting late
8. Instrumental
9. Tugboat
10- King of spain

CD2
1. Cheese and onions
2. Them
3. Final day
4. Blue thunder (With sax)
5. Maracas song
6. Crazy
7. Jerome
8. Song in 3
9. Oblivious
10. I can’t believe it’s me
11. Rain/Don’t let our youth go to waste


Galaxie 500 – On fire & Peel sessions

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CD1
1. Blue thunder
2. Tell me
3. Snowstorm
4. Strange
5. When will you come home
6. Decomposing trees
7. Another day
8. Leave the planet
9. Plastic bird
10. Isn’t it a pity
11.Victory garden
12. Ceremony
13. Cold night

CD2
1. Submission
2. Final day
3. When will you come home
4. Moonshot
5. Flowers
6. Blue thunder
7. Decomposing trees
8. Don’t let our youth go to waste


Galaxie 500 – This is our music & Copenhagen

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CD1
1. Fourth of july
2. Hearing voices
3. Spook
4. Summertime
5. Way up high
6. Listen, the snow is falling
7. Sorry
8. Melt away
9. King of spain, part two
10- Here she come now

CD2
1. Decomposing trees
2. Fourth of july
3. Summertime
4. Sorry
5. When will you come home
6. Spook
7. Listen, the snow is falling
8. Here she comes now
9. Don’t let our youth go to waste

Écrit par: Akitrash

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