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Darabi l’interview

today11/09/2010 50

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th_b6013a5beacabcb919d3a6564ae91b58_1283069903darabiIvan Smagghe, à propos de l’évolution de la musique électronique, disait récemment : «  […] le “nu-disco” (ou “cosmic”, si vous avez fait des études supérieures) devient de plus en plus un alibi du genre “non je ne joue pas de techno moi, je joue des trucs différents” ». Des mecs modestes et malins ont compris que l’enjeu était ailleurs, maniant éclectisme et radicalisme d’un doigté léger. Le duo rennais Darabi fait partie de ceux-là. Leur hypno-funk s’apprête à squatter les charts de cette rentrée 2010 (Knock ‘Em Down EP à venir sur Get The Curse Music). Il convenait donc de faire la lumière sur tous ces termes chelous et peut-être encore étrangers à notre fidèle lectorat.

Hello, les Darabi. Je ne sais pas si vous connaissez Hartzine. On y parle rarement techno. Si vous deviez écrire un chapitre de La Techno Pour Les Nuls vous concernant, comment vous décririez-vous ?

Parce qu’on écoute quasi exclusivement de la disco ou quelques trucs post-punk, notre souhait avoué serait de réussir à produire un funk chelou, futuriste, minimal et froid. Mais en utilisant des outils modernes et certaines sonorités radicales empruntées à la techno de Cristian Vogel ou Daniel Bell.

Je vous ai personnellement découverts grâce au blog/site/label/promoteur/leader d’opinion des DJs en t-shirt col V, Get The Curse. Comment s’est passée votre rencontre avec eux ? En quoi l’appui de ce type de crew est-il bénéfique (le syndrôme «Paris et le désert français») ? Cela permet-il d’accélérer les choses ?

13767_172257140941_172251470941_3425068_2142294_nPendant 3-4 ans on occupait une partie de notre temps en organisant des soirées à Rennes. Dans ce cadre-là furent invités Clement Meyer et Mikhail. Échanges, offres de blagues, etc… ont créé affinités et liens allant au-delà d’un rapport conventionnel promoteur/artiste.
Quand Get The Curse a décidé de passer à la vitesse supérieure en voulant imposer un label, de manière plutôt naturelle, on a été sollicités pour proposer des tracks en vue d’un futur EP, chose qui nous a bien entendu hyper emballés. Et évidemment, ça accélère tout : le crew est hyper implanté à Paris (notamment via leur résidence mensuelle au Social Club) et même ailleurs grâce à la notoriété mondiale que peut prétendre avoir le blog.

L’exposition croissante de Get The Curse a permis de croire au nivellement par le haut en matière de blogging de musique(s) de club. Comment a-t-il fallu s’y prendre d’après vous pour remettre de l’authenticité dans le son ?

Alors nous ne sommes pas à l’initiative du blog, mais Clément / Oli / Micky répondraient sans doute quelque chose comme ça : la seule vraie stratégie au départ, ça a été de parler de choses qui leur plaisaient, de ne pas faire du buzz pour du buzz, puis d’ensuite voir si ça pouvait exciter les gens… et petit à petit ça a payé.
D’un point de vue extérieur, nous on a découvert le blog bien avant de rencontrer les personnes. Ça a instantanément comblé un manque dans le «paysage blog français», dans lequel on ne pouvait pas forcément toujours se retrouver, excepté à travers 2-3 autres sites (alainfinklekrautrock, corporate bloggin).

Est-ce que cela se traduit concrètement en termes de feedback ou lors des soirées dans lesquelles vous jouez ? Le public de club vous paraît-il plus réceptif et «cultivé» qu’on aurait tendance à le croire ?

Je crois pouvoir dire qu’on représente un peu le penchant mainstream de GTC : les mecs qui n’hésiteront pas à jouer un remix hyper abusé vocal de Hercules & Love Affair. Et parallèlement  passer des disques au dessus de 115-120 bpm, ça représente pour nous une sacrée torture…
Du coup on est pour l’instant placés en warm up. Mais ce n’est absolument pas quelque chose qui nous dérange, parce qu’on adore le faire ! En terme de réactions, pour l’instant ouais j’ai l’impression qu’on fait le boulot : faire en sorte que la mayonnaise prenne en début de soirée, amener progressivement le public vers la grosse arsenal TECHNO du peak time.

Une majorité de producteurs techno contemporains enfilent le costume de DJ et tournent intensivement sur la base d’un ou plusieurs EP, voire d’un unique single et/ou sortie numérique. Ça peut paraître fou quand on vient d’une autre chapelle musicale. Comment vous situez-vous par rapport à ça ? Le DJing découle-t-il de la production ou l’inverse ?

13767_172257125941_172251470941_3425065_24667_n1Alors oui, ça fait quelques années qu’on est dans le DJing, même si au tout départ c’était davantage une approche par le hip-hop. Donc maitrise un peu technique/relou des platines via le scratch, le beat-juggling. Même si depuis on a un peu serré le frein à ce niveau-là, on reste de gros collectionneurs de disques. En fait on adore ça… Faire de la voiture le dimanche matin pour un vide-grenier dans le Maine-et-Loire dans le but de trouver cinq 45 tours pétés, ça s’apparente pas du tout à de l’angoisse pour nous. Bref pour répondre précisément à ta question, le DJing est venu avant la production. Mais c’est sans doute la combinaison la plus logique, enfin je crois…

La techno a longtemps été associée à des villes bien identifiées. Avez-vous le sentiment que la provenance d’un disque de musique électronique a encore une signification ?

J’ai l’impression que c’est de moins en moins vrai. Disons qu’avec la banalisation du haut débit dans les foyers, les frontières n’existent plus. Et puis l’accès à l’art n’est plus juste reservé aux grandes métropoles. Un petit mec talentueux habitant dans le Gers, il pourrait très bien sortir un maxi sur un gros label anglais en envoyant ses démos sur soundcloud.

Je vous disais en préambule qu’Hartzine parle le plus souvent de tout sauf de techno. Vous pourriez nous dresser un top 5 des trucs non techno que vous écoutez en ce moment ?

La question embarrassante ça aurait été de devoir te dresser un top 5 de nos disques techno du moment !

Alors cet été, on a pas mal écouté :

Cannibal Ox – Iron Galaxy (instrumental)

L’instru de El-P est dingue. Bon soyons honnête, habituellement on aurait plutôt tendance à écouter Naughty By Nature ou LL Cool J. Mais là on s’est récemment replongés dans nos poussiéreux disques de rap backpackers qu’on faisait semblant d’aimer au lycée.

C.A. Quintet – Trip Thru Hell (part 1)

Ça ne fait pas très longtemps qu’on commence à s’intéresser à quelques groupes de rock psyché 60’s. Ce track de C.A. Quintet nous a bien retournés… 9 minutes complètement trippées : un solo de batterie interminable et des chœurs vraiment super classes.

Lipps. Inc – How Long

Classique. Pas besoin d’en rajouter.

The Flying Lizards – A-Train

Transpirant, sombre et bancal. Et alors cette ligne de basse… Typiquement ce genre de morceau qui nous inspire lorsqu’on tente de produire de la techno.

Midnight Magic – Beam Me Up (Jacques Renault Remix)

Parce qu’il est tout de même question d’un top « du moment », voici LE tube ultime. Fraîchement sorti cet été sur Permanent Vacation : un label qui nous déçoit très rarement…

Il ne vous semble pas bizarre que la question précédente soit souvent posée aux artistes électro ? Comme s’il fallait souvent justifier que l’on n’écoute pas seulement de la techno, comme si celle-ci n’était pas un style propre, comme si elle n’avait pas de crédibilité… On demande rarement à un groupe de rock s’il écoute autre chose.

13767_172257150941_172251470941_3425069_944752_nMaintenant que tu nous le pointes, en effet c’est une question qu’on voit rarement posée à un groupe de rock. Mais pour être franc, c’est pas quelque chose qui va forcément nous agacer plus que ça. Rentrer dans des considérations autour d’un certain militantisme électro, ça a tendance à nous faire partir en courant.

La question fatidique concernant vos projets est arrivée. Sur quoi travaillez-vous en ce moment et quand est-ce que ça sortira ?

Le premier maxi, Knock ‘Em Down EP, sort courant septembre sur Get The Curse Music, avec deux remixes vraiment cool de Roman Flügel et Le Loup. S’en suivra fin octobre / début novembre une seconde sortie, Truckin EP, sur le label londonien Clouded Vision developpé par notre pote Matt Walsh. Et puis une poignée de remixes en préparation, entre autres pour Rafale (un groupe de rock produit par Arnaud Rebotini) qui devrait apparaître très prochainement.

Je vous laisse le mot de la fin…

Merci à toute l’équipe d’Hartzine, à Soundscriber. Et sans faire de fausses politesses, votre blog est vraiment hyper bien.

Audio

Galaxy II Orchestra – Acid Rain (Darabi Extended Dub)


Propaganda – Frozen Faces (Darabi Re-Edit)

Écrit par: Nicolas

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