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Focus Berlin Atonal 2017 : Pessimist, l’interview

today07/08/2017 160

Arrière-plan
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Premier focus sur cette nouvelle édition du festival Atonal qui, comme à l’accoutumée, risque fort de vous scotcher les cinq sens. Et dans un premier temps, on a tenu à s’entretenir avec Kristian Jabs, jeune musicien anglais pas loin de la trentaine qui, à une certaine échelle, est en train de révolutionner la techno telle que nous la connaissons. Originaire de Bristol, cet artiste plus connu sous le pseudonyme de Pessimist s’est forgé une solide réputation d’entertainer grâce à ses dj-sets racés et noirâtres, mais c’est pourtant avec ses productions qu’il séduit le plus grand nombre. Qu’il le reconnaisse ou non, sa musique emprunte au bagage historique musical de la ville dont il est issu, mêlant à la fois trip-hop, drum’n’bass et indus au gré de productions savamment sauvages et hypnotiques. La musique de Pessimist est de loin la plus représentative de la cité brumeuse du nord de l’Angleterre, passant du gris au noir de jais en une fraction de seconde et alimentant nos cauchemars d’une rythmique battant à 120 BPM. La sortie de son prochain album sur Blackest Ever Black devrait confirmer son statut d’icône et définitivement sortir ce diamant brut resté trop longtemps dans l’underground.

Hello Kristian, peux-tu nous raconter comment tu es tombé dans la musique ?
Hello Kristian, can you tell us how you got into the music?

Salut. En fait, depuis très tôt, j’ai toujours été intéressé par la musique : j’ai joué de la guitare et de la basse, puis, à l’âge de 15 ans, je me suis mis au logiciel Reason que j’utilise toujours à ce jour. Je suppose que c’était inévitable, la musique est mon principal objectif et intérêt dans la vie et je crois avoir compris cela déjà très jeune.

Hello. Well, from a young age I was always interested in music, I played guitar & bass guitar and then eventually when I was 15 I had a go on Reason, the software I still use til this day. I guess it was inevitable that I’d keep at it, music is my main focus and interest in life and I think I understood that since I was very young.

Ta musique a énormément évoluée depuis tes premiers EPs. Penses-tu qu’il t’ait fallu un certain temps pour te forger cette identité aujourd’hui reconnaissable entre toutes ?
Your music has evolved a lot since your first EPs. Do you think that it took you a while to create this identity that is today so unique ?

Je suppose. Comme mentionné précédemment, j’ai débuté très jeune en commençant à être publié sur des labels en 2010, je devais avoir 18 ans. Je pense qu’il est assez difficile d’avoir une identité très particulière à cet âge. Parfois, je réécoute certaines prods et je me dis : Jésus ! ça sonne comme de la merde. Cela dit, j’ai toujours concentré ma musique sur la percussion, cela n’a jamais changé, je me suis toujours penché vers certains processus qui ont donné à ma musique ce « son », c’est-à-dire l’utilisation intensive de reverbs et delays pour donner une sensation plus organique. Beaucoup de drum & bass manquaient de ça à ce moment-là et c’est encore souvent le cas aujourd’hui, les gens pensent que tout le monde veut entendre des sons de batteries semblant être enregistrés dans une chambre anéchoïque, sans écho. Cela m’énerve toujours.
Si tu te réfères au track The Mantra, il n’a été diffusée qu’en 2014 alors que j’avais fait ce morceau avec un de mes amis en 2011. Je pense que c’était le moment où je me suis senti vraiment moi, celui qui a marqué mon identité et a exposé le fil directeur, le son « ruffhouse » et tous les morceaux de Pessimist qui ont découlé également.

I guess so. As mentioned before I started from a young age, starting to release on labels in 2010, I must have been 18 years old. I think it’s quite hard to have a very particular identity at that age. I listen back to some of it and think, jesus, that sounds shite. That said, I’ve always focused my music on percussion, that’s never changed, I’ve also always leaned towards certain processes that’s given my music the ‘sound’ it has i.e the heavy use of reverbs and delays to give a more organic feel. A lot of drum & bass was lacking that at that time and most of it still does today, people think that everyone wants to hear drums that sound like they were recorded in an anechoic chamber. That still puzzles me.
I think if you refer back to the track
The Mantra although it was released in 2014, I actually made that track with a friend of mine back in 2011. I think that was the point where I felt I came into my own and really stamped my identity and set out the blueprint for what followed, the Ruffhouse sound and all the Pessimist tracks that followed too.

Tes mélodies oscillent entre trip-hop, drum’n’bass, musique industrielle, etc. Penses-tu que l’héritage musical de Bristol a eu une influence sur toi ?
Your melodies are a mix between trip-hop, drum’n’bass, industrial music, etc. Do you think that the musical heritage of Bristol has had an influence on you ?

Je suis Bristolien, et si vous êtes un Bristolien pas un fan de Massive Attack, Portishead, Tricky, etc. il y a quelque chose qui n’est pas tout à fait vrai. Cela dit, c’est toujours une grande influence pour moi. Je pense que le mélange des cultures et d’influences brille de façon quasi flagrante et ce qui m’a vraiment marqué là dedans a été l’obscurité omniprésente dans cette musique. J’adore la musique morose, ça colle parfaitement à Bristol. De toute évidence, Bristol a une riche histoire dans le milieu de la drum’n’bass, mais pour être complètement honnête, ce n’a pas été une si grande influence pour moi.
Je recommande à tout le monde de voir Bristol pendant qu’ils le peuvent encore parce que la gentrification la fait évoluer de jour en jour. Je me demande parfois si ces influences culturelles qui ont créé le son du trip-hop sont encore là. J’aurais préféré passer une nuit entière à The Dug Out plutôt qu’au Motion, de cette manière. Cela dit, ici l’innovation musicale est un gouffre, et je pense que cela ne changera jamais, ce n’est pas quelques promoteurs et certains lieux honteux qui vont changer ça !

I’m a Bristolian and if you’re a Bristolian and not a fan of Massive Attack, Portishead, Tricky, etc. there’s something not quite right. It’s always been a huge influence for me. I think that mixture of culture and influence shines through so blatantly and what really gripped me with the whole thing was the darkness of a lot of that music. I love music that’s moody, it just suits Bristol. Obviously Bristol has a rich heritage in drum’n’bass too but to be completely honest that wasn’t such a big influence for me.
I recommend anyone to see Bristol whilst they can because gentrification is changing it day by day. I sometimes wonder to myself whether these cultural influences that created the trip-hop sound are actually out there anymore. I’d much rather have spent a night down The Dug Out rather than Motion, put it that way. That said there’s an underbelly of innovative music here and I don’t think that will ever change, it’s just a shame promoters and venues aren’t getting behind it!

Pagans reste encore aujourd’hui l’une de tes plus belles réussites. Un condensé de noirceur mais très axé dancefloor. Y a-t-il certains disques, certains morceaux dont tu es le plus fier ? Qui ont marqué une étape dans ta carrière musicale ?
Pagans is still today one of your best achievements. A condensed darkness but very focused dancefloor. Are there some discs, some songs you’re most proud of ? Who marked a step in your musical career?

Ouais, et bien Pagans m’a permis de montrer que je ne suis pas seulement l’un de ces types qui font différentes variantes de musique à 170 BPM. C’est drôle, dans une scène comme celle de la drum’n’bass, les gens commencent à se vexer quand ils n’ont pas les quatre pistes de leur EP au rythme qu’ils aiment alors qu’ils sont eux-mêmes DJ, ils se sentent floués, c’est vraiment une façon étrange d’envisager la musique.
Je pense que, comme mentionné précédemment, The Mantra a été une étape importante pour moi. En outre, la version UVB-76/Straight 9 était une déclaration. C’était nous (Ruffhouse) cimentant notre style et c’était presque un adieu à composition ensemble. Je pense que l’écriture de mon premier album doit être le moment dont je suis le plus fier. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. J’ai toujours écouté des albums et, en tant que musicien, il était stupide que je ne le fasse pas. C’est un format où je peux vraiment m’exprimer et raconter une histoire. Je suis content de l’avoir fait quand je l’ai fait, pas trop tôt, mais aussi en le remettant pas à un moment où je ne pourrais pas revenir en arrière.

Yeah, well Pagans was me showing that I’m not just this guy who makes different variations of 170 bpm music. It’s funny, in a scene like drum’n’bass people start getting upset that they don’t have all 4 tracks of the EP at the tempo they like to DJ themselves, they feel cheated, that’s a really weird way of looking at music.
I think as mentioned earlier,
The Mantra was a milestone for me. Also the UVB-76/Straight 9’s release was a statement. That was us (Ruffhouse) really cementing our style and it was almost a farewell to us writing together. I think writing my first album has to be my most proud moment though. It’s something I always wanted to do, I’ve always listened to albums and as a musician it would be silly not to do it myself. It’s a format where I can really express myself and tell a story. I’m glad I did it when I did, not too soon but also not putting it off until some perfect moment that might never come.

Ton premier album est prévu ce mois-ci sur Blackest Ever Black. À quoi ressemblera-t-il ?  Quelle a été ta manière de l’aborder en comparaison à tes précédents travaux ?
Your first album is scheduled this month on Blackest Ever Black. What will it sound like? How did you concieve it compared to your previous works ?

Il est destiné d’être écouté du début à la fin, il n’est pas conçu pour piocher tel track comme on piocherait une cerise ou en choisissant quel morceau conviendrait à tel set. Toutes les pistes fonctionnent comme une seule unité, comme un film presque. Il est très froid, minimaliste et conduit par la rythmique.
C’est un album purement instinctif, il n’a fallu qu’un mois pour écrire des morceaux qui fonctionnent par eux-même, je voulais que mon premier album sonne de cette façon, naturel. Comme tous mes albums préférés, ils ont toujours une certaine rage, je n’aime pas quand c’est trop poli et sur-réfléchi. J’ai essayé de déverser beaucoup de mes influences tout au long de l’album et je pense que j’ai réussi à accomplir cela grâce à Kiran Sande, qui a rendu ça possible et m’a permis de me sentir à l’aise afin que cela vienne naturellement.

It’s intended to be listened to from start to finish and it’s not about cherry picking which track you like the most or which track could fit into your set. All the tracks work as a single unit, like a film almost. It’s very cold, minimalist and beat driven.
It’s a purely instinctive album, it only took a month to write the actual tracks themselves, I wanted my first album to sound that way, natural, like all my favorite albums, they always have a certain rawness, I don’t like super polished and over-thought music. I’ve tried to get across a lot of my influences throughout the album too and I think I’ve managed to accomplish that with thanks to Kiran Sande for allowing that and making me feel comfortable to do what comes naturally.

À la maison, tu écoutes quoi ?
What are you listening at home?

Des choses diverses, j’écoutais NTS récemment. Je n’écoute pas beaucoup de musique actuelle. Je travaille tellement à plein temps dans la musique pour la télé qu’il m’est parfois difficile de rentrer chez moi et d’être en mode PLUS DE MUSIQUE !

Various things, I’ve been listening to NTS a lot recently. I don’t listen to loads of current music though. I work full time in TV making music so sometimes it’s hard to get home and be like MORE MUSIC!

Tu es également reconnu pour être un DJ talentueux, qu’est-ce qui te procure le plus de plaisir  jouer en live ou en DJ set ?
You are also known as a talented DJ, what gives you the most pleasure to play live or DJ-set?

Je n’ai pas joué en live avant. Je souhaite le faire un jour mais ça ne fonctionne pas vraiment avec la manière dont je façonne ma musique en ce moment. J’aimerais bien penser que je préfère le live, quoique j’aie vu des sets live qui sont à la limite de la fraude, juste un gars qui jouait ses tracks sur Ablelton en ajoutant un filtre, c’était de la merde. Est-ce que c’est un live ou du djying ?

I haven’t played live before. I wish to do it someday but it doesn’t really work in conjunction with the way I write my music right now. I’d like to think I’d prefer live though. I have seen some ‘live’ sets that are verging on fraud though, just some guy playing his tracks on Ablelton but fiddling with a filter, it was shit. Is that live or djing?

On te retrouvera cet été au festival Atonal. À quoi ressemblera ton show ?
We will see you this summer at the Atonal festival. What will your show look like? Will you play your album?

Je suis trop pressé d’y être, je suis tellement heureux d’être choisi pour y jouer. Je vais jouer en DJ, terminer la scène scène Null. Avec le Berlin Atonal, il faut s’attendre à une variation par rapport à mon set habituel. Vous obtiendrez certainement la fureur de l’album et ce qui a contribué à l’influencer.

I can’t wait for that one, Im so happy to be picked to play there. I’m going to be DJ’ing, closing Stage Null and with it being Berlin Atonal expect some variation compared to a usual set of mine. You’ll definitely get a sneak into the album and what helped influence it.

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Écrit par: Akitrash

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