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DeViere interview & Mixtape

today17/12/2012 30

Arrière-plan
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J’ai placé le retour de la house 707 dans mon top de fin d’année (lire). Ce retour de flammes est tellement cyclique que d’une génération à l’autre, ce mouvement vers le passé fait lien. Le revival 2012 en a peut-être rajouté dans le besoin de faire évoluer formellement certaines sonorités vers des trucs toujours plus bruts, bruitistes voir carrément inaudibles. Combien de fois avez-vous lu le mot weird pour décrire un EP house en 2012 ?

La musique de DeViere s’incarne à 100% dans ce formalisme de l’étrange. Son EP 3 titres sorti sur Mathematics est plein de basses étouffées et de textures-rythmes accolées à des nappes imperceptibles qui densifient le rendu. À la relecture, ce type de descriptif fera flipper le mec moyen ne s’intéressant pas au jargon critique et à ses dégénérescences débiles. Deviere est d’ailleurs beaucoup plus modeste au moment de décrire sa musique : « c’est juste sept minutes et trente secondes dans ma tête », dit-il. Le mot undergound ne lui parle pas plus. À 36 ans passés, l’enjeu est peut-être ailleurs.

Le récit formel de son parcours musical s’arrête d’abord sur quelques figures : Francis Englhardt et Paul Nickerson d’un côté, Jamal Moss de l’autre. Keith rencontre les deux premiers, alors DJ, à la fin des années 90 lors d’une soirée à Boston (dont il est habitant), sorte de célébration posi de la house music appelée Celebrate LIFE.Vrai reconnaissant vrai, les trois gaillards se mettent à bosser sur des projets en commun. Le plus fameux sera l’ouverture du magasin Dope Jams à Brooklyn pour lequel Keith gérera le site web en échange de disques gratos.

Les marchands de disques ont souvent pour second métier l’édition musicale. C’est le cas des mecs de Dope Jams. Keith envoie donc régulièrement ses premiers travaux à Francis et Paul qui lui parlent d’une sortie éventuelle des tracks sur leur label. « Les choses prenaient trop temps, j’ai envoyé ma musique au seul label que j’imaginais intéressé par ce que je produisais, Mathematics. Les tracks ont retenu l’attention de Jamal (le patron de Mathematics, ndlr). Il m’a demandé de lui envoyer d’autres morceaux jusqu’à ce que ça constitue un EP et les prémices d’un album à venir prochainement ».L’EP en question se fond d’ailleurs complètement dans l’esthétique du label – ce truc chelou à la frontière du cryptique et du mythologique cosmique (cf. le tracklisting). Le pilotage artistique de la chose sent à plein nez l’influence du producteur potelet à dreadlocks.

Boston est également au centre des discussions. Sortez vos carnets, Keith dresse un panel complet de la danse music dans le Massachusetts. Dans cet état, pas de fête avant 21 ans révolus. Pour tenir la distance, les shows radio occupent les oreilles de la jeunesse. La sémantique hyper imagée de la danse music déploie alors ses ailes : des émissions comme Soul 4 Reel, House Of Jamnation ou Spring Affair régalent la faune mineure. Keith anime lui-même un créneau intitulé Progressive Black (si vous êtes curieux, ça s’écoute sur WZBC).

Cette profusion de programmes radio s’inscrit dans un héritage d’une trentaine d’années qui a célébré des DJ comme Rodney Marable, Doug “Nice” Pitters, Maurice « Mojavi » Wilkey, DJ Bruno, Timmy Allen, Captain Wendell Edmonds, DJ Bam Bam, Anastasie et « celui qui a popularisé la house music dans les clubs », Jide Max.

Ce dernier a eu influence décisive pour Keith : « Il était le seul DJ à jouer des tracks de dance music à la radio et en club à l’époque des premiers clubs autorisés à ouvrir afterhours dans le Massachusetts ». Le terrain de jeu était le Club M, « un lieu réduit à l’essentiel : briques apparentes, piste de danse en bois, décor minimal. Toute la faune nocturne venait au Club M. C’était impensable à l’époque mais le club n’avait pas de dresscode imposé. Devant le club, tu croisais aussi bien des nanas en talon – bas résilles que des mecs sortant de leur limo… À l’intérieur il s’agissait juste de faire la fête ». lire ces lignes, on se dit que l’histoire de la nightlife dans les 80’s s’écrit avec les mêmes mots un peu partout dans le monde.

Les 90’s semblent beaucoup moins roses, deux grosses soirées tiennent le haut de l’affiche : la Celebrate LIFE précédemment citée (avec nos deux gars de Dope Jams en résidents) et la Soul Revival, uniquement les soirs de pleine lune, lors desquels DJ Bam Bam et Anastasie régalent la chique.

De retour dans le présent, aucun nom de la scène actuelle de Boston ne m’évoque la moindre chose, Keith en parle néanmoins avec enthousiasme : « Les Bostonians sont plus curieux que jamais. Ils sont soucieux des origines de la house, creusent son histoire et jouent ses morceaux. Je suis pressé d’écouter ce que produisent des personnes comme Jeff « Soultroniclove » Dottin, DJ Savuth, Leo A., « Househead” Pete Winfrey, and Liza “Luna Del Flor” Zayas et de voir les fruits du projet MMMMaven, une école pour les DJ en herbe ».

Je ne saurais trop vous conseiller de garder un œil sur les arrivages Mathematics en distribution européenne via Rush Hour ou Clone. L’album à suivre parlera forcément aux nerds de la house lo-fi à l’instar de celui de John Heckle, qui n’a malheureusement pas dépassé la reconnaissance de cette micro-scène.

Pour vous faire patienter, Keith nous a envoyé un mélange de morceaux inédits qui en disent un peu plus sur le squelette du LP à venir, une touche crooner en plus.

Mixtape

[button style= »blue » url= »http://official.fm/tracks/GfqF »]DOWNLOAD[/button]

01. DeViere « One Kind of Man » [Unreleased]
02. Phantom Limb « The Pines » (Alt. Demo Version) [Naim Edge]
03. DeViere « Cocoa Tea » [Unreleased]
04. Rrose « Envy » [Eaux]
05. Xosar « The Calling »
06. DeViere « Symp » [Unreleased]
07. Bobby Kondors « Massai Woman » [International Deejay Gigolo Records]
08. Iyeoka « Tangled Up In Blue » [Phanai Records]
09. Aster « 123 II 204 » [Mathematics Recordings]
10. Seiji Fukuda « Cherry Rain » [Balihu Records]
11. Tears for Fears « Everybody Wants to Rule the World » (Extended Version) [Mercury]

Écrit par: Nicolas

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